Handball / Luc Abalo : «Les footballeurs ont plus de pression»

L'équipe de la rédaction d'Africa Top Sports




De retour des Jeux olympiques de Londres avec une seconde médaille d’or au cou, l’ailier français d’origine togolaise des experts, Luc Abalo, s’est livré à nos confrères de So Foot. Il ne joue pas uniquement qu’au hand, il connait un tas de trucs sur le football.

Luc AbaloTu viens de passer tes deux dernières semaines à Londres. Comment se sont-elles passées ?

Niveau pression, c’était super intense. On a dû beaucoup se remettre en question sachant que nous sortions d’une mauvaise compétition en janvier dernier (onzième du dernier Euro, ndlr). Pendant la compétition, on est complètement coupé du monde. Tu as beau être avec d’autres athlètes, tu passes la majorité de ton temps soit dans ta chambre, soit à t’entraîner, soit à manger. Notre compétition, elle commence le premier jour pour finir le dernier jour. Alors, tu n’as pas trop de temps pour visiter la ville ou aller sur d’autres sites pour profiter des Jeux. Au final, je pense que ça ne s’est pas trop mal passé pour nous.

 

Justement, elle a quelle saveur cette deuxième olympiade après celle de 2008 ?

J’ai vraiment l’impression qu’elle était plus dure à aller chercher. Après avoir tout raflé depuis Pékin (deux Mondiaux et un Euro, excusez du peu, ndlr), on faisait figure de super-favori. Surtout, tu te dis qu’à un moment, il va obligatoirement y avoir un faux-pas. Mais on a finalement réussi à se reconcentrer.

 

Dans ces Jeux, tu as rencontré quelques footeux ?

On a croisé les joueuses françaises parce que pendant un temps elles étaient au village olympique. Je dois avouer qu’avant la compet’ je ne les connaissais pas trop même si je savais qu’il y avait une bonne équipe de France. Malheureusement, elles n’ont pas réussi à aller au bout, c’est dommage. J’ai eu l’occasion de parler avec deux, trois d’entre elles, et elles sont vraiment sympa.

 

Désormais, c’est à la mode de comparer l’équipe de France du foot à la France du hand qui gagne et qui renvoie une image plaisante. Tu penses que la comparaison a lieu d’être ?

À vrai dire, je ne me suis pas trop posé la question. Déjà, par rapport aux problèmes du Mondial en Afrique du Sud, on ne peut pas comparer puisque nous n’avons jamais connu ces problèmes-là. C’est sûr que quand tu es athlète de haut niveau, il faut faire attention à tout ce que tu fais puisqu’inconsciemment, les gens peuvent reproduire l’image que tu donnes. Après tout le monde peut s’énerver sur un terrain, être vulgaire, déconner… Dans notre sport, on essaye de nous inculquer depuis tout petit à être très fair-play. Surtout que dans notre sport, il y a beaucoup plus de contacts alors tu es obligé d’apprendre à te contrôler. Sinon, tu pètes vite un câble. Pour en revenir à cette comparaison, ça me gêne toujours que l’on parle en mal d’un sportif en général.

 

La pression médiatique n’est pas la même…

Les footballeurs ont beaucoup plus de pression que nous, ce n’est pas comparable du tout !

 

Par rapport au semblant de polémique autour de Claude Onesta, de Nikola Karabatic et du plateau de L’Équipe TV, quelle est ton opinion ?

Je vais rester solidaire de mon équipe. Je pense vraiment qu’il n’y avait rien de méchant. Après, si ça n’a pas plu aux médias, je peux le comprendre aussi. Le plus simple serait de régler ça directement avec notre Fédération.

 

À part ça, tu chantes La Marseillaise ?

Je la chante et je ne la chante pas. Quand j’apprécie le moment où j’entends les autres la chanter, je me tais. Ce n’est pas parce que tu ne la chantes pas que tu ne savoures pas. D’autre part, je comprends très bien que certaines personnes ne chantent pas la Marseillaise. Ce n’est pas que les gens qui ne l’entonnent pas ne se sentent pas français, c’est juste que pour eux, elle n’a pas trop de signification. Personnellement, je me suis renseigné sur les origines de cet hymne, et ce qui me gêne, c’est que ce soit un chant de guerre. Je suis quelqu’un de très pacifiste, donc à la base, ça ne me va pas. Et ce n’est pas pour autant que tu n’aimes pas la France, mais simplement que tu ne te sens pas représenté à travers la Marseillaise. Après, notre pays est très conservateur, et je pense qu’on ne changera jamais cet hymne.

 

Plus légèrement, tu viens de quitter l’Atlético Madrid pour Paris. Qu’est-ce que ça fait de pratiquer ton sport dans une ville et un pays dévolus au football ?

L’an passé, la section football de l’Atlético Madrid nous a invités deux fois au Vicente Calderon. On a pu montrer au public les titres que nous avions remportés dans la saison (Coupe et Supercoupe d’Espagne, ndlr). C’est un environnement ultra-professionnel et c’est assez spécial pour nous, handballeurs. C’est une tout autre ampleur, tu sens que le club est beaucoup plus important.

Tu viens de signer au PSG Handball pour quatre ans alors que tu étais dans l’un des plus gros clubs européens. Pour quelles raisons ?

Je suis né à Ivry, donc à la base, je voulais rentrer pour voir ma famille qui me manque depuis Madrid. Il y a eu cette opportunité de rentrer en région parisienne et en plus, dans un gros club donc je l’ai prise.

 

Avec l’arrivée des Qataris dans le handball français, cela peut permettre de développer encore plus ton sport…

C’est ce qu’on va s’atteler à faire surtout que l’année prochaine, il va y avoir de belles oppositions face à Montpellier, Chambéry, Dunkerque ou encore Nantes. Grâce à eux, j’ai un super contrat pour jouer dans une super équipe (Samuel Honrubia et Didier Dinart, champions olympiques également, y ont signé, ndlr). Il y a toutes les conditions pour être bon et tout donner.

Il est facile de faire le parallèle entre la section foot et handball du PSG puisque les deux font figures d’immenses favoris. Contrairement au football, on a exactement la même puissance financière que le club de handball de Montpellier. Du coup, on a pour principal objectif de décrocher une place pour la prochaine Ligue des Champions. Alors que pour le foot, je ne pense pas trop…

 

Tu vas avoir des réductions pour aller au Parc des Princes ?

Des réductions ? Je ne sais pas trop. On n’a pas parlé de ça. Mais j’espère que ce sera plus que des réductions ! Je pense qu’on est chez nous, non ? On fait tous partie d’un même club !

 

Vous venez de battre les Suédois en finale des Jeux. Pas trop peur des représailles de Zlatan ?

Tu vois, je n’y avais même pas pensé !

 

Avec So Foot


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