Roger Milla : Il dresse un bilan noir de la gestion de la CAF par Hayatou

L'équipe de la rédaction d'Africa Top Sports




Dans un entretien accordé au quotidien français Le Monde, la légende camerounaise accable sans ambages le bilan d’Issa Hayatou à la tête de la CAF (Confédération africaine de football). Roger n’est pas du tout tendre avec son compatriote, réélu dimanche pour un 7ème mandat. Extraits.

« Issa Hayatou peut rester quarante ou cinquante ans. Ce qui m’importe, c’est que le football africain soit géré et c’est le rôle de la CAF. Et ce n’est pas le cas actuellement. La CAF ne le fait pas, c’est dommage. On ne peut pas organiser une Coupe d’Afrique des nations (CAN) et ne pas avoir un regard sur les fédérations, ce n’est pas logique. Certaines falsifient les licences, d’autres naturalisent un footballeur et le font jouer au bout de deux mois alors qu’il doit vivre cinq ans dans son nouveau pays avant d’être sélectionnable. C’est ce qui s’est passé avec la Guinée-Equatoriale, lors de la CAN 2012… Ce n’est pas normal ! Le Brésilien Santos a attendu cinq ans avant de pouvoir jouer avec la Tunisie. On a voulu le faire jouer avant, mais on a dit non. On doit le faire aussi pour les autres : nul n’est au-dessus des lois, et quand cette loi est écrite, il faut respecter son écriture ».

Que fait Issa Hayatou pour changer les choses ?

« Je ne veux pas en parler, je ne veux pas entrer dans ces polémiques (…) Je ne veux pas parler de lui, de la CAF, ça ne m’intéresse pas du tout. J’ai un sentiment amer, de désolation, parce que si la CAF existe, c’est grâce aux footballeurs. Mais avez-vous déjà vu une Coupe d’Afrique des nations où des anciens footballeurs ont été invités ?… »

En septembre dernier, la CAF a voté un amendement qui vise à restreindre l’accès à la présidence de l’institution. Pour être candidat, il faut être – ou avoir été – membre du comité exécutif de la CAF. Que pensez-vous de cette situation ? N’y a-t-il pas un risque de verrouiller le système de l’intérieur ?

« Est-ce que c’est normal ça ? C’est du jamais vu ! Abedi Pelé a voulu se présenter, on l’a chassé. Avant lui, il y a eu Rachid Mekhloufi, on l’a chassé ; Salif Keïta, on l’a chassé. Il n’y a que des « bras cassés » à la CAF, je suis désolé de le dire. Tous les grands joueurs, qui incarnent le véritable football, sont tous en dehors, on ne veut pas les voir ».

Comment faire alors pour qu’ils soient visibles ?

« Je lance un appel aux Etats africains afin qu’ils annulent ce genre de vote que l’on peut voir à la CAF. Eux seuls sont capable de le faire, c’est eux qui font la CAF. Si demain ils disent à leur équipe nationale de ne plus jouer, la CAF n’existe plus, il n’y aura plus de compétition. Ils doivent apporter de la clairvoyance, de l’honnêteté dans le foot africain. Les pays sortent beaucoup d’argent pour le foot : ils ne peuvent pas laisser quelques individus l’accaparer alors qu’il appartient aux Etats et aux joueurs. Les joueurs actuels doivent aussi comprendre que c’est leur lutte : ils doivent prendre leur responsabilité pour gagner le respect. Car, demain, quand ils vont arrêter leur carrière, ils n’auront plus la possibilité d’aider le football de leur pays ».

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