Exclu/Sandrine Thiebaud-Kangni: « J’ai mis un terme à ma carrière dans la plus grande discrétion »

L'équipe de la rédaction d'Africa Top Sports




En exclusivité pour Africa Top Sports, l’athlète togolaise Sandrine Thiebaud-Kangni a accepté nous parler de sa carrière stoppée « dans la plus grande discrétion » depuis un an. Elle apporte également son expertise sur le développement des sports olympiques au Togo. Puis elle jette un regard sur les défis du nouveau président du CNOT (Comité National Olympique togolais).

sandPeut-on avoir des nouvelles de Sandrine Thiebaud-Kangni ?
C’est vrai que ça fait longtemps que je n’ai pas donné de nouvelles. A vrai dire, cela fait 1 an jour pour jour que j’ai mis un terme à ma carrière dans la plus grande discrétion. N’étant pas qualifiée pour les Jeux olympiques de Londres  en 2012 pour des raisons qui me sont inconnues. J’ai dû clore 27 ans d’athlétisme, 10 championnats du monde et 2 Jeux Olympiques sur une note positive.
La dernière fois qu’on vous a vu à Lomé c’était lors des assises de l’Acnoa (Association des Comités nationaux Olympiques d’Afrique).

Oui la dernière fois que je suis venue a Lomé, c’était pour les 30 ans de l’ACNOA. Un voyage réussi, sous la bienveillance, déjà, d’Auguste Dogbo (en bas à droite) notre nouveau président du CNOT.
Justement, le CNOT (Comité national olympique togolais) a changé de visage il y a quelques jours. Que vous inspire ce changement de président ?

Je suis tout d’abord extrêmement ravie du changement qui va donner une nouvelle vision du sport au Togo. Je pars du principe qu’un chef d’entreprise à ce poste est la meilleure chose qui puisse nous arriver. Il faut un Patron. Auguste Dogbo en est un. Il sait ce que veut dire investissements, rentabilités et résultats dans le sport. Et ce n’est pas donné à tout le monde. Nous avons tout le vivier de sportifs togolais, des entraineurs motivés, des sports olympiques dont nous n’entendons jamais parlé comme l’escrime. Ces sports méritent d’être valorisés, écoutés et soutenus dans un projet qui pourrait emmener une plus grosse délégation de Togolais aux Jeux olympiques. De plus, tout ce petit monde là est très performant mais n’a pas la possibilité de s’exprimer en dehors du pays voire de la sous-région.
Pensez-vous que M. Dogbo puisse être à la hauteur de la tâche ?dogbo

Comme je le disais plutôt, je pense qu’Auguste Dogbo est l’homme de la situation. Il a été vice-président plus d’une décennie, il sait ce qui ne fonctionne pas, et a une vision à très long terme et ne se contente pas de rester les deux pieds dans le même soulier. Je pense qu’il a toutes les qualités pour sortir notre pays et nos sports de ses problèmes récurrents. Ce n’est pas qu’une question de moyens mais aussi de volonté. Dans les plus grandes institutions internationales, on est prêt à nous aider de bien des manières si seulement nous en faisons la demande. On ne va pas toujours pleurer, il faut se retrousser les manches et faire  des alliances et de la diplomatie à l’international. Nous ne pouvons pas toujours nous en remettre à l’Etat. C’est simple, je connais très peu de personnalités dans notre pays mais je connais deux « Auguste » Auguste  Sagbo (Ndlr: ex-président d’Agaza, club de foot du Togo) et Auguste Dogbo. Les seuls qui m’ont montré les possibilités et la richesse du Togo. Pour ça, je suis reconnaissante.
Selon vous, où est ce que Nabede Poutoyi a-t-il échoué ?

Pour faire court sur ce sujet, je pense que l’ancien Président n’a pas pris en compte l’intérêt général et a souvent délaissé « la performance » au profit de choix incompréhensible.
Vous faites partie de ces athlètes togolais nés et formés en France avant de défendre les couleurs du Togo. Quand on voit les conditions dans lesquelles vous avez souvent compéti pour cette terre, est-ce un regret ?

J’ai pris le parti de courir pour le Togo, ce n’était pas un choix stratégique mais de cœur. Je n’avais pas vraiment de raisons de concourir sous les couleurs du Togo. J’ai grandi dans l’Hexagone, j’ai gravi tous les échelons sportifs, de l’école d’athlétisme au sport scolaire vers l’équipe de France. J’ai eu une plus d’une trentaine de titres de championne de France, j’ai encore en ma possession 2 records de France dans la catégorie junior ( 400m et 4x400m) qui ne sont pas prêts d’être battus. J’ai eu une carrière exceptionnellement longue et j’ai fait des choses extraordinaires que ce soit  pour le pays où je suis née ou celui qui m’a poussé vers les jeux olympiques. Le Togo a été une chance pour tout dire.  J’ai atteint mes meilleurs performances chez les seniors sous le drapeau togolais. Malgré de nombreux couacs, je veux dire le manque de moyens pour la préparation de compétitions de haut niveau, j’ai pu résister grâce à mes parents, mes entraineurs et partenaires qui ont investit sur moi. Une carrière c’est un entourage, il y a bien sûr les parents : Roger (Kangni) qui m’a apporté le don, ma mère Monique, la passion. Et puis il y a mes entraineurs qui ont été là tous les jours sous la pluie, dans le vent, dans la neige. Ce n’est pas parce qu’on habite en Europe qu’on a la vie facile, je dirai même bien au contraire. Tout a un prix. Je peux dire que j’ai démarré une très belle aventure avec le Togo, qui j’espère ne s’arrêtera pas là.
sannJusque-là que retenez-vous de votre carrière ? 

La chance n’existe pas dans le sport. On provoque les choses par sa persévérance, son assiduité, son ouverture vers le monde et ça finit par payer. Voilà comment je peux résumer ma carrière. J’ai aimé chaque moment même s’ils sont été durs parfois. Je suis une passionnée inconditionnelle du sport, tous les sports.
Des projets à venir ???

Je suis productrice de documentaires,  photographe et consultante  sportive. J’ai un énorme projet en cours et je serai la voix française qui commentera les prochains championnats du monde d’athlétisme. Vous pouvez suivre d’ailleurs suivre mon portefolio photos sur www.krop.com/sandrine-thiebaud et me suivre sur Twitter sur gazellesandy1. Mais mon plus grand défi sera d’accompagner les initiatives du sport togolais, j’espère que j’aurai la possibilité de revenir très prochainement et accompagner la nouvelle génération d’athlètes togolais par mon expérience du haut niveau et des institutions internationales.


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