Chronique/Rallye Boeny : Somewhere beyond the sea

OumarouATS




C’est le titre d’une chanson de Georges Benson, une adaptation – la préférée de l’auteur- parmi les milliers d’autres du titre planétaire : La Mer de Charles Trenet.

MathieuLa légende dit que le « Chanteur fou » a composé ce titre en 7 minutes, c’est plus de temps pour les top pilotes du 7è rallye Boeny, 3è manche du Championnat de Madagascar, pour parcourir la spéciale de Belinta dans sa version course (7 km), il leur faut à peine un peu plus du double pour boucler la version longue (23 km).

Le Rallye du Boeny est une manche à part du rallye malgache. C’est la seule qui se déroule dans un décor, avec comme toile de fond … la mer. Un paradoxe pour une île. Les équipes doivent tenir compte des changements par rapport aux rallyes des hauts plateaux de la capitale : l’altitude  beaucoup plus basse, le climat beaucoup plus chaud, et la texture de la piste plus sablonneuse. Mais surtout éviter le piège de penser que c’est rallye vacance.  Car le Boeny est tout sauf une vacance. Tahina Razafinjoelina (Subaru), Tiana, Guiguibone, Alcazaria Raharinosy (Peugeot 205) en savent quelques choses, obligé à un moment ou à un autre de rendre leur carnet de bord pour profiter avant l’heure du soleil de la cité balnéaire de l’Ouest de Madagascar.

La poisse pour Germain Bonnefis

Cette édition de 2013 du Rallye du Boeny a été également marquée par la participation de Germain Bonnefis, Champion de France des Rallyes « Terre » 2012. Une apparition furtive en somme car il   a abandonné avant même l’arrivée de la spéciale. Mais si Bonnefis a peu goûté aux délices des pistes de rallye malgache, il a par contre beaucoup apprécié pleinement  l’ambiance avant et autour du rallye et on dit même qu’il a promis de revenir cette fois avec une caisse plus performante (comme la Clio R3 de chez Chazel  qu’il a déjà pilotée ou tout simplement une Mégane R4). Et pourquoi pas avec d’autres pilotes français pour le RIM ?

Gérard Louvel, l’initiateur de cette participation du champion de France était au départ  de ce rallye Boeny– Louvel a déjà participé au Bandama soit dit en passant. Il a encore montré que l’association Louvel, Teddy Rahamefy (l’un des meilleurs sinon le meilleur copilote malgache) et la Mitsubishi Evo6 est un cocktail détonant pour ne pas dire explosif. Il fallait voir la trajectoire précise et incisive de ce multiple Champion de Madagascar de Karting aux environs d’Ankazomenavony et dans la plantation de la société Must. Il a été pointé à la 4è place du général à l’issue de la 3è journée avant son abandon –par précaution- sur un problème d’autobloquant, juste derrière le trio de tête.germain

Le trio de tête justement, « les trois mousquetaires » comme dirait Laza Randriamifidimanana, le Champion 2011. Il s’agit d’Olivier Ramiandrisoa, Champion en  titre, Mathieu Andrianjafy, Champion 2007 et Boom Patrick Solofoniririna, vainqueur du Rallye International en 2012. Ils ont livré une bataille qui  a tenu le public en haleine. C’est Olivier qui a dégainé le premier lors de la spéciale de 23 km de la première de 4 journées. Mais un problème de bras arrière a vite refroidi l’ardeur du pilote de la Subaru « bory vody » (litt. A court postérieur, allusion à la forme à deux volume de la N16).

Un classement serré !

Au terme de la deuxième journée, Boom (Mitsubishi EvoX)  héritait du leadership avec une avance de 5 secondes sur Mathieu (Mitsubishi Evo9). Boom entretenait l’espoir d’une seconde victoire consécutive en terminant la première spéciale de la troisième journée avec 4 secondes de mieux que Mathieu. Mais ce dernier plus zazamaditra (enfant terrible) que jamais a pris le commandement de la course à la fin de la 4è spéciale de la journée pour le garder jusqu’à la fin de quatrième et dernière journée de course avec une avance de 17 secondes. Il en oublierait presque qu’un concurrent a failli ruiner sa course quand celui-ci, attardé par un souci technique, lui a refusé le passage tout au long de la première spéciale. Il devient le seul à inscrire son nom par deux fois sur la tablette du rallye Boeny

Juste derrière Mathieu, Boom et Olivier on retrouve Tovonen Rakotojohary sur sa Renault Clio (1er des 2 roues motrices) . Un petit clin d’œil à l’histoire car lors du premier rallye Boeny au début de ce siècle, cette voiture alors Championne de Madagascar a connu l’une de ses grandes raclées quand aux mains du multiple Champion de Madagascar des Rallyes, Jean Yves Ranarivelo, elle peinait à suivre le rythme des premiers Subaru jamais engagés sur un rallye, pilotées par des Belges, à Madagascar qui tractent mieux sur le sable. Tovonen et sa Clio sont les intrus dans le classement final au milieu des voitures à 4 roues motrices. Mais les autres 2 roues motrices –  Dani Rabetafika (Vw Golf), Dom (Vw Golf) Patrick « P’ti Chinois » Raymond ou sten Rahrinosy (Peugeot 106) – ont autant de mérite

Au terme  de cette 3è manche, le Championnat est plus que jamais serré. Mais la course au titre est vite oubliée au détour et autour d’une grillade de « Mosakiky » (brochette de zébu) bien arrosée sur la plus célèbre promenade de bord de mer de Madagascar. « Somewhere beyond the sea ».


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