Bayan Mahmud : De passager clandestin à futur star en Argentine, tout le monde ne passera pas par Lampedusa

L'équipe de la rédaction d'Africa Top Sports




bayan2L’immigration était au cœur d’une réunion des ministres européens de l’Intérieur, ce mardi 8 octobre à Luxembourg, après le drame de Lampedusa, au sud de la Sicile, jeudi dernier. Un drame qui a fait plus de 302 morts. Sur ce confetti de terre, plus proche de la Tunisie que de l’Italie, et mal équipé, les drames de l’immigration se suivent et pèsent lourd sur les habitants. Sur place, les secouristes continuent de chercher les corps des victimes en mer. En 2010, Bayan Mahmud, un jeune Ghanéen, s’embarque lui dans la même aventure mais se retrouve par la force des choses sur le sol argentin où il joue aujourd’hui.

L’aventure de Bayan Mahmud

A bientôt 19 ans, le Ghanéen Bayan Mahmud rêvait d’une vie meilleure en Europe, mais le destin est parfois imprévisible: le bateau qui l’a emmené en passager clandestin l’a conduit à Buenos Aires, où il joue maintenant pour l’équipe B de Boca Juniors. Arrivé à 15 ans en  Argentine, il ne pensait même pas devenir footballeur, mais, en disputant des matches dans le quartier populaire de Constitucion, il s’est forgé une réputation qui l’a conduit à la Bombonera, le stade de Boca.

A 10 ans, Bayan fuit la ville de Bukaw (Nord-Est du Ghana) après le meurtre de ses parents lors d’un conflit opposant les ethnies Kusasi, à laquelle il appartient, et Mamprusi. « J’étais sorti avec mon frère Muntala, raconte-t-il, et quand nous sommes retournés à la maison, nos parents étaient morts ». Les deux garçons trouvent refuge dans un orphelinat. Quelques années plus tard, de nouvelles tensions ethniques éclatent. Il perd de vue son frère aîné dans l’affolement, et se retrouve brusquement livré à lui-même. L’adolescent débarque le 7 octobre 2010 en Argentine, sans connaître un mot d’espagnol ni même savoir où il est.bayan

Et le cauchemar se transforme en rêve

 « Et de là, un jour, jouer en France, confie le Ghanéen. J’ai vu qu’en France, il y a beaucoup, beaucoup d’Africains », dit souvent le jeune joueur ghanéen. Très vite, des cadres du club se sont pris d’affection pour lui. C’est le cas de Hugo Perotti, ancienne gloire de Boca des années 1970 et 80, qui  l’ a pris sous son aile. « Le temps dira si son destin croise celui de l’équipe première, dit-il. Mais après ce qu’il a enduré dans sa vie, grâce à Dieu, il a trouvé le football et Boca ». La ferveur est grande dans les gradins du club le plus populaire d’Argentine. Et le rêve est beau pour le clandestin devenu footballeur professionnel.

Voilà une histoire intéressante qui devrait inspirer l’Europe à redéfinir sa politique sur l’immigration. Car, qu’on le veuille ou non, il est presque illusoire que de croire pouvoir contenir tous les flux migratoires  de ce XXIe siècle où des parties du globe sont embrasées par le feu de la famine, des guerres et où des peuples entiers ont envie d’aller quelque part où ils sont en sécurité. Cela vaudrait mieux que d’organiser des obsèques dites nationales pour plus de trois cent âmes.

 


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