Exclu: Jean-Pierre Siutat, Président Fédération Française de BasketBall, « Aspirer les talents non. Aider à se développer oui ! »

L'équipe de la rédaction d'Africa Top Sports




Rentré en France dans la nuit de dimanche à lundi, Jean-Pierre Siutat, chef de file du basket français, tout juste auréolé d’un titre de champion d’Europe masculin, vient d’effectuer sa première visite sur le continent africain, au Sénégal. Trois jours pour une rencontre de travail qui ne pouvait s’effectuer ailleurs pour des raisons évidentes d’amitié franco-sénégalaise.

siutat-625Jean-Pierre, pourquoi cette visite au Sénégal ?

Je réponds tout d’abord à une invitation de la part des dirigeants. Ensuite, la France à une longue histoire avec l’Afrique et le Sénégal en particulier, ces relations d’amitiés font que je suis ici aujourd’hui. Je n’oublie pas aussi que lors de mon arrivée à la tête de la FFBB, une histoire de bi-nationaux avait légèrement terni nos rapports* et j’avais promis à l’époque que je viendrais faire un tour ici pour mettre en oeuvre quelque chose.

C’est donc une visite de travail ?

Oui, nous sommes dans une idée de venir ici pour aider la fédération sénégalaise. Nous ne sommes pas dans une démarche de faire des structures parallèles pour lever des jeunes joueurs, mais nous sommes ici pour partager et transmettre un savoir faire. Demain, nous sommes capables de leur proposer des formations de formateurs. L’autre challenge, c’est l’équipe nationale où nous pouvons aussi donner un coup de main qui reste à déterminer.

« On peut libérer des joueurs qui n’ont pas vocation à jouer pour la France. »

Comment cela va-t-il s’organiser ?

Concrètement, et je suis très clair là-dessus, nous n’avons pas d’argent à distribuer. Ensuite, pour les équipements, je suis là aussi très clair, ce n’est pas de notre ressort, c’est une problématique de pouvoir public au niveau local. Par contre, dans les ressources humaines, là nous pouvons aider. Comment ? Nous avons des compétences en France dans la formation, il faut en faire profiter. Ensuite, nous avons également des bi-nationaux, ce qui fait que nous pouvons libérer des joueurs ou des joueuses dans l’intérêt commun des deux fédérations. Il est évident que nous n’allons pas libérer Boris Diaw, mais nous pourrions libérer des joueurs ou des joueuses qui n’ont pas vocation à intégrer l’équipe de France. siutat

Au Sénégal, pays francophone, les seules structures de basket existantes sont la SEEDS ACADEMY, créée par Amadou Gallo Fall, financée par des donations américaines, et la CASA Espana, qui comme son nom l’indique est financée par la FEB. Votre présence vient-elle rattraper un retard dans un pays où la FFBB aurait du prendre position plus tôt ?

La réponse est oui. Ici, il y a beaucoup de pierre brute, des talents, c’est certain, mais notre objectif est pour l’instant autre. Nous ne nous voulons pas être des aspirateurs à talents mais nous souhaitons que la fédération joue son rôle pour que le basket sénégalais se mette en ordre de marche derrière celle-ci. Qu’elle devienne la structure incontournable. Nous n’allons donc pas faire de maison du basket français, mais aider la FFSB à monter par ses propres moyens.

« C’est très compliqué d’envisager de venir jouer ici »

Les interventions des joueurs franco-sénégalais au Sénégal, camp de basket ou autre, se font généralement sur initiative privée, sans soutien de la part de la FFBB, cela pourrait-il changer ?

C’est le but, c’est un de nos objectifs. Boris Diaw sait que je suis ici par exemple et attend surement de voir comme ça se passe. On voudrait signer un partenariat de solidarité pour faire vivre nos relations au travers de ces joueurs.

Quand allez-vous signer ce partenariat ?

Je suis incapable de le dire, c’est aux pouvoirs publics sénégalais, aux équipes dirigeantes de vouloir faire la différence. Nous ne voulons pas faire de l’effet immédiat, on est au-dessus de ça, nous voulons faire du très long terme et si la première étape est franchie, une deuxième étape de collaboration est déjà dans ma tête.

Les amateurs de basket, le continent africain, rêves souvent d’accueillir les grandes équipes européennes et mondiales. À quand la « vraie » équipe de France de basket sur Dakar ?

C’est très compliqué. Chaque minute, chaque heure compte avec nos joueurs. Pour Tony Parker, son emploi du temps est dantesque. Alors, je ne dis pas oui, je ne dis pas non, mais cela me paraît très compliqué. Un jour si l’Afrique obtient l’organisation d’un mondial, alors là cela me paraitrait plus simple.

Propos recueillis par Thomas Félix

* En 2011, le président Baba Tandian avait vilipendé la FFBB qui, selon lui, mettait tout en œuvre pour interdire aux bi-nationaux de jouer sous les couleurs sénégalaises.


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