Football et Mondialisation : Quelle place pour l’Afrique ?

L'équipe de la rédaction d'Africa Top Sports




FIFA2010 World Cup -  Executive Committee MeetingNous sommes à l’ère de la mondialisation. Aucune nation, aucun continent, aucune partie du monde ne peut plus évoluer en vase clos. Sepp Blatter, président de la Fifa, l’a certainement compris quand en 2010, il octroyait l’organisation de la Coupe du monde à l’Afrique du Sud. Une grande première dans l’histoire du continent.

Et après ça ?

 

L’illusion du mondial sud-africain

Pour une première fois depuis le début de l’écriture de l’histoire de la Coupe du Monde, la Fifa a décidé peut-être à la surprise générale de confier l’organisation du Mondial à une nation africaine. A priori, on peut interpréter ce geste de l’instance internationale comme une volonté de conquête de nouvelles populations. Mais à l’analyse, l’organisation du mondial en terre sud-africaine répondait beaucoup plus à un autre besoin : faire honneur à un artisan de la paix en Afrique du Sud, Nelson Mandela alors vieillissant.

De plus, on peut logiquement se demander si, au-delà du folklore, le reste  des Africains (l’Afrique noire notamment) s’est véritablement reconnu dans cette Coupe du Monde en Afrique du Sud. Dans l’imaginaire collectif des Noirs, l’Afrique du Sud n’est pas perçue comme un pays africain. Un pays des Blancs, serait-on tenté de dire.

Brésil 2014, Russie 2018, Qatar 2022 : trois pays émergentsQatar

Sepp Blatter confirme sa volonté de rompre avec cette vieille tradition qui consistait à faire de l’organisation de la Coupe du monde, la propriété privée et exclusive des pays développés. Les trois prochaines Coupes du monde seront organisées respectivement par le Brésil, la Russie et le Qatar, tous des pays émergents. Au même titre que l’Afrique du Sud. Mais là aussi, le choix de ces trois pays peut être discutable.

D’abord le Brésil, même si c’est une grande nation de football – cinq fois champion du monde -, fait aujourd’hui figure de pays presque développé, qui dépasse de loin les pays africains en terme d’infrastructures.

Ensuite, la Russie fait également partie des BRICS, donc un pays émergent. Mais peut-on la comparer à des pays africains comme le Cameroun, le Congo ou le Gabon par exemple ?

Enfin, le Qatar. Pays dit émergent, le Qatar possède aujourd’hui d’énormes réserves en pétrole, faisant de lui un pays immensément riche qui tente de conquérir le monde grâce à ses pétrodollars qui lui permettent de faire de gros investissements dans plusieurs domaines comme le sport et l’agriculture. Le choix du Qatar semble donc plutôt guidé par le pouvoir de l’argent. Pourquoi maintenir la Coupe du Monde dans un pays accusé d’esclavagisme d’ouvriers ? Alors même que Sepp Blatter qualifie le maintien du Mondial qatari d’erreur.

HayatouDe la nécessité de revenir en Afrique 

Après avoir réussi  avec la manière en 2010, l’Afrique du Sud avait souhaité postuler à l’organisation des Jeux Olympiques d’été de 2020. Mais, le gouvernement sud-africain avait vite fait de revenir sur cette décision. Soit ! Il est évident que juste après le Qatar, la Fifa n’accordera pas l’organisation du mondial à une nation africaine. C’est normal, mais peut-on envisager une Coupe du monde en Afrique noire comme concomitamment en Côte d’Ivoire (premier pays africain selon le classement Fifa 2013) et au Ghana, qui sont aujourd’hui les meilleures équipes du continent et qui dans 15 ou 20 ans pourraient se hisser aux rangs des pays émergents ? La CAF et Issa Hayatou sont donc interpellés.

Si cela arrive, alors la mondialisation ne serait plus une simple proclamation de bonnes intentions. « Aujourd’hui, c’est la mondialisation. On se mélange, arrêtons de freiner»,  disait récemment Yannick Noah dans un entretien accordé à la gazette Le 10Sport.


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