Plus de places à l’Afrique et à l’Asie en Coupe du monde: que cachent ces déclarations de Blatter et Platini ?

L'équipe de la rédaction d'Africa Top Sports




BlatterLe weekend dernier, Sepp Blatter, l’actuel président de la Fifa, a laissé entendre qu’il veut plus de places pour l’Afrique et l’Asie en coupe du monde. A son tour, Michel Platini, président de l’Uefa, est revenu sur le sujet  en suggérant que le nombre d’équipes passe désormais de 32 à 40. Simple volonté de réparation de ce qu’on peut considérer comme une injustice commise jusqu’ici à l’endroit de ces continents ? Ou est-ce un début de  campagne pour les élections à la Fifa en 2015 ?

Le coup de gueule de Blatter

La semaine dernière, Sepp Blatter, le président de la Fifa,  jette le pavé dans la mare. Dans les colonnes de Fifa Weekly, le nouveau magazine de l’institution, il déclare : « La Confédération Africaine de Football rassemble en tout 54 associations membres. Elle ne compte pourtant que cinq représentants en Coupe du Monde, ce qui me semble très peu. Tant que la situation n’évoluera pas, les sélections africaines ne remporteront peut-être jamais un titre intercontinental. Il faut se contenter de progrès sportifs ici ou là. Nous devons mettre un terme à cette situation, car l’égalité des chances doit être la priorité de tous les acteurs du sport de haut niveau».

Des propos qui sonnent à la fois comme une repentance et surtout une volonté de réparer une injustice. De quoi ravir tout un continent. Monsieur Fifa va même plus loin en considérant qu’il est « injuste » de continuer à prioriser l’Europe et l’Amérique du Sud en Coupe du monde. Pour lui, l’Afrique et l’Asie sont plus représentatives et méritent donc plus de places. « J’espère que nous tiendrons compte de la mondialisation et que les fédérations africaines et asiatiques occuperont la place qu’elles méritent en Coupe du Monde. Il est impossible que l’Amérique du Sud et l’Europe continuent à se tailler la part du lion dans l’épreuve reine comme à l’heure actuelle (avec 18 ou 19 équipes), alors que ces deux confédérations représentent moins d’associations membres (63) que l’Afrique et l’Asie (100)», avait ajouté M. Blatter.

Un amour désintéressé ?

Alors qu’il avait annoncé son départ après sa réélection en 2011,  Sepp Blatter a clairement dévoilé ses réelles intentions à la tête de la Fifa, même si certains estiment qu’il a été plutôt flou dans ses déclarations. Vendredi dernier, il a indiqué lors du congrès de la Confédération asiatique qu’il pourrait se représenter lors des prochaines élections à la tête de la FIFA prévues en 2015. Pour faire avaler la pilule, Blatter a joué sur les mots. « Ce sera le dernier mandat, pas le dernier mandat en poste mais le dernier mandat de la réforme », a-t-il déclaré.

En clair, Blatter compte bien succéder à Blatter . Il faut donc commencer à chercher des voix. Celles de l’Afrique et de l’Asie sont très déterminantes.

Blatter-Hayatou : un partenariat gagnant-gagnant

Le football étant devenu une affaire de gros sous, sa gestion rime avec business, marchandage, clientélisme, corruption et favoritisme. C’est un partenariat gagnant-gagnant.Hayatou

En Afrique, Sepp Blatter peut compter sur les services de son ami Issa Hayatou (un président de plus en plus contesté sur le continent) qui en retour a aussi besoin du Suisse pour espérer garder les câbles de la CAF qu’il dirige depuis bientôt 30 ans et qu’il n’est prêt à lâcher. Pour cela, le discours de Blatter doit changer, le langage doit être tendre envers l’Afrique. Parce que si Blatter passe, Hayatou est sûr de l’emporter aussi à la Caf. Donc, le Suisse doit trouver des formules adoucissantes pour séduire l’électorat du continent.

Blatter face au spectre Mohamed Bin Hammam en Asie

HammamL’Asie n’est pas non plus un candidat négligeable pour la réélection de Blatter à la tête de la Fifa. La voix de l’Asie compte. Mais il y a un hic : le spectre Mohamed Bin Hammam du nom de l’ancien président de la Confédération Asiatique de Football suspendu à vie par Sepp Blatter et son institution. Accusé de corruption, Bin Hammam a été banni à vie en 2011 de toute activité liée au sport. Bin Hammam, un richissime homme d’affaires qatari, a été donc écarté de la course à la présidence de la Fifa en 2011 au grand bonheur de son ex-ami suisse en poste depuis 1998.

Blatter réussira-t-il à conjurer le syndrome Hammam avant 2015 ? L’attribution de l’organisation de la Coupe du monde 2022 au Qatar ainsi que les derniers discours de Blatter en faveur d’une meilleure représentativité de l’Asie en Coupe du monde constituent des pièces à conviction que le Suisse prépare déjà les élections de 2015.

Michel Platini, l’autre séducteur

Le principal challenger de Sepp Blatter, si ce dernier se présente aux élections de 2015, sera sans nul doute Michel Platini. En témoignent ces piques indirectement lancées au patron du foot européen par l’actuel président de l’Uefa : « Sur 32 équipes, vous en avez 13 qui viennent d’un seul continent. Nous devons étudier ça et faire en sorte qu’il y ait un meilleur équilibre. » Une façon de se faire bien voir auprès du président de l’AFC (Confédération Asiatique de Football),  Cheick Salman, qui a déclaré qu’il serait reconnaissant et lui rendrait la monnaie de sa pièce le moment venu, « s’il se déclare, bien sûr ».

Sepp Blatter et Michel Platini veulent rectifier une injustice que l’Afrique et l’Asie ont longtemps subie en matière de compétitions mondiales en l’occurrence la Coupe du monde de football considérée à tort comme une affaire exclusive des grandes nations de football européennes et sud-américaines. Les fils et filles des deux continents les en remercient infiniment. Seulement, que cette volonté de rétablir la justice intervienne à quelques mois des élections à la Fifa convoitée par les deux hommes, cela donne à réfléchir.

La Fontaine avait-il tort lorsqu’il disait que « tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute. »?

 

 

 


Articles récents