Suède : Des migrants somaliens devenus hockeyeurs bientôt au Mondial en Sibérie

L'équipe de la rédaction d'Africa Top Sports




C’est l’histoire de quelques jeunes Africains venus se chercher sur le continent européen. Des Somaliens à la recherche d’une vie meilleure en Suède, et qui se voient par la force des choses contraints de jouer au hockey sur glace.  Et comme dans un rêve, cette première sélection africaine participera aux Championnats du monde.

hockey-somalieL’idée vient de Patrick Andersson, un entrepreneur suédois : former une équipe de hockey composée de migrants somaliens pour lutter contre les problèmes d’intégration. Alors que la plupart d’entre ces jeunes migrants n’avaient jamais mis les pieds sur la glace il y a encore quelques mois, ils participeront à partir du 26 janvier prochain aux Championnats du monde de hockey bandy, organisés à Irkoutsk, en Sibérie.

Une capacité d’adaptation terrible

A Borlänge, ville industrielle de plus de 2 000 réfugiés sur 50 000 habitants, située à environ 200 km au nord-ouest de Stockholm, pas de répit pour les néo-hockeyeurs. Depuis plusieurs semaines, ils ne manquent aucun de leurs quatre entraînements hebdomadaires pour réussir à maîtriser ce sport. « C’est très difficile, mais c’est aussi très amusant. Avant, la glace pour moi, c’était juste ce qu’on mettait dans un Coca-Cola« , raconte avec humour à FRANCE 24 Ahmed Hussein, un jeune joueur de 19 ans né à Mogadiscio. « Le plus dur, c’est d’apprendre à réussir à patiner en arrière, mais j’y arrive maintenant. »

Une histoire qui commence dans un bar et qui va rapprocher les communautés

Tout commence au début de l’année 2013, autour d’un verre avec les amis. Cette équipe peu banale a été imaginée un peu par hasard par Patrick Andersson, un entrepreneur local. « Nous étions en train de parler des défis que rencontraient notre région depuis quelques années. Il y a beaucoup de réfugiés qui sont arrivés dans notre petit pays en peu de temps et nous ne nous sommes pas occupés de leur intégration« , explique Patrick Andersson.  L’idée étant de HOCKEY FACEBOOKrapprocher les différentes communautés en formant une équipe de hockey composée de migrants africains : « Il y avait déjà une équipe de football créée par des Somaliens. Je les ai contactés et je leur ai parlé de mon projet. J’ai été vraiment impressionné par leur engouement et par la façon dont ils se sont battus pour y arriver« .

Séduite par cette aventure, l’une des stars du bandy, un sport très populaire en Suède, Per Fosshaug, quintuple champion du monde dans les années 1990 et 2000, n’a pas hésité à prendre en main cette équipe très atypique. C’est donc lui qui a réussi à persuader la fédération internationale d’autoriser la participation de l’équipe au Mondial. ”J’ai tout gagné en bandy« , raconte cette légende nationale devenue coach. Mais, je n’avais jamais entraîné des joueurs qui n’avaient jamais patiné de leur vie. C’était un vrai challenge!”.

Et ces jeunes initiés, n’ont-ils pas peur des habitués? 

Avec une défaite (15 à 0) face aux joueurs locaux de la discipline, lors de leur première vraie sortie, il faut reconnaître que  les débuts se sont révélés difficiles pour ces hockeyeurs en herbe. Et ce n’est que le début. Le parcours s’annonce encore long avant d’atteindre un niveau convenable, mais les membres de l’équipe sont déjà très heureux d’avoir relevé ce défi. Pour Ahmed Hussein, qui a fui la Somalie il y a cinq ans, après avoir été le témoin de l’assassinat de son meilleur ami, abattu sur un terrain de football, sa nouvelle famille lui permet d’oublier de douloureux souvenirs: ”Je me suis fait de nombreux amis, et j’ai pu regagner confiance en m’exprimant devant les médias. J’ai aussi réussi à avoir un travail cet été grâce à l’un des sponsors.”

Alors que le début des Championnats du monde approche, les hockeyeurs africains ne sont pas particulièrement stressés. Face aux grandes nations du bandy comme la Suède et la Russie et même à des plus petites comme le Japon ou l’Allemagne, ils savent qu’ils n’ont que peu de chance. ”L’important, c’est de participer, le résultat ne compte pas vraiment”, insiste Ahmed Hussein. Pour l’entraîneur Per Fosshaud, l’équipe a de toute façon déjà obtenu une première victoire. Les habitants de Borlänge se rassemblent autour de ces ”somalia rockets”. ”Je pense que nous aurons au moins 500 spectateurs lors de notre prochaine rencontre amicale. Tout le monde dans la ville ne parle que de ce projet !”.

Source: France 24

 


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