Jérôme Champagne à la tête de la Fifa : Quelle valeur ajoutée pour l’Afrique ?

L'équipe de la rédaction d'Africa Top Sports




L’annonce a été faite lundi depuis Londres par l’intéressé lui-même. Jérôme Champagne, ancien collaborateur de Joseph Blatter, veut déposer sa candidature au poste de président de la Fifa, à la faveur des élections prévues mai 2015.

champagne_jeromeEn annonçant sa candidature, M. Champagne se présente comme le candidat de la refonte d’une Fifa qui n’inspire plus confiance. « Je n’ai pas décidé d’annoncer ma candidature par rapport aux autres candidats potentiels. La campagne s’annonce assez dure, mais je suis là pour défendre mes idées. Le football va devoir faire face à des défis importants : croissance des inégalités, privatisation du jeu, scepticisme vis-à-vis de ses institutions… », a-t-il déclaré.

L’Afrique : un continent lésé

Gros pourvoyeur d’Europe en termes de joueurs, l’Afrique se présente malheureusement comme le continent le plus lésé quand il s’agit des retombées du football devenu ces dernières années une véritable entreprise où les revenus se chiffrent en milliards. Le niveau des différents championnats sur le continent est l’illustration parfaite de cette inégalité. « Oui, il y a une inégalité béante entre les continents, voire entre les clubs d’un même pays, reconnait le futur probable président de la Fifa. Il y a davantage d’argent partout, en Afrique comme ailleurs. Pourtant, l’écart avec l’Europe ne cesse de se creuser. Ce continent reste voué à l’exportation, essentiellement vers l’Europe, où les joueurs sont ensuite valorisés. La matière première est en Afrique, la valeur ajoutée ailleurs. Parce que les changements indispensables n’ont pas été entrepris ».

Lésée, l’Afrique l’est davantage quand on en vient à sa représentativité dans les sphères décisionnelles du football mondial. A ce propos, Champagne ne cache pas son indignation. « Est-il normal que l’Afrique, par exemple, compte cinquante-quatre fédérations, mais seulement quatre sièges au comité exécutif ? », s’interroge le Français.

Ce que pourrait apporter Champagne

C’est un secret de polichinelle. La gestion du football est une affaire de gros sous. Que ce soit au niveau local, national, continental ou mondial. Ce qui nous renvoie en plein visage les pratiques peu orthodoxes comme le clientélisme, la corruption et toutes choses semblables. Ainsi, l’attribution des compétitions internationales comme l’organisation de la Coupe du monde par exemple, est considérée comme du business pour Blatter et son équipe. Les partisans de cette thèse puisent la pertinence de leur position dans l’attribution du Mondial 2022 au Qatar pourtant considéré comme un pays esclavagiste et en dépit de graves problèmes de calendrier.

Il faut donc inverser la tendance. Il faut que ça change ! Mais comment ? Certainement pas avec les mêmes qui sont là depuis près de deux décennies. Jérôme Champagne apparaît alors comme le sang neuf. D’ailleurs, l’homme lui-même annonce déjà la rupture.  « C’est pour cela que je souhaite une vraie réforme de la Fifa », propose-t-il. « Et, bien sûr, rééquilibrer la représentation des uns et des autres au sein du comité exécutif et dans les phases finales de la Coupe du monde, où l’Afrique, l’Asie, l’Amérique du Nord et l’Amérique centrale sont sous-représentées ».

Plus de places à l’Afrique et à l’Asie en Coupe du monde ? Blatter et Platini ont déjà émis l’idée. Mais pour Champagne, il faut dépasser le stade des incantations pour être plus pragmatique en faisant de la Fifa une institution plus puissante et démocratique avec en toile de fond une emphase sur la représentativité des fédérations nationales. « Soit on continue avec l’élitisme, soit on s’attache à préserver le football mondial. L’élection de mai 2015 devra déterminer ce que va devenir celui-ci d’ici à 2030. À un problème mondial, la solution ne peut-être que mondiale ». Pour cela, poursuit-il « l’émergence d’une Fifa à la fois plus puissante et plus régulatrice passe donc selon moi par une refonte du comité exécutif, actuellement tenu par les confédérations. Ce sont les fédérations nationales qui devraient être majoritaires. Cela donnerait au président, qu’elles élisent, une majorité pour appliquer son programme. Je souhaite aussi que les ligues, les joueurs et les clubs aient des représentants au sein du comité exécutif. »

Le soutien de Pelé

Jérôme Champagne, à beau mentir qui vient de loin ? Le vainqueur de la Coupe du monde à trois reprises (1958, 1962 et 1970) avec le Brésil et auteur de 1 281 buts en compétition officielle, Edson Arantes do Nascimento, alias Pelé, ne voit pas les choses de cette manière. Pelé soutient la candidature de Jérôme Champagne. « Je l’ai connu, explique-t-il, à l’époque [1995-1997] où j’étais ministre des Sports et lui premier secrétaire à l’ambassade de France au Brésil. Nous avons noué une amitié sincère. J’ai suivi son travail à la Fifa, il a toujours rempli sa mission avec dévouement et efficacité. Le football d’aujourd’hui remporte des succès remarquables, mais il est aussi confronté à de graves problèmes qui requièrent une Fifa forte et démocratique. Je ne peux rester en dehors d’un débat aussi important. »

Pour l’heure, on n’est qu’à l’étape des annonces. Encore faudra-t-il d’abord que Blatter et les alchimistes des contorsions juridiques n’imaginent un quelconque scénario pour invalider la candidature du Français.


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