Ukraine : Le football peut-il contribuer à unifier cette nation?

L'équipe de la rédaction d'Africa Top Sports




L’Ukraine est divisée. D’un côté les révolutionnaires pro-européens hostiles à toute invasion russe, de l’autre les pro-russes déterminés à sauver l’Ukraine des mains des « néo fascistes ». Quelle formule politique pour colmater les brèches ? En attendant les dirigeants sportifs veulent se servir du football pour unifier cette nation divisée.

ukraine_ecookLe ministre ukrainien des Sports croit au rôle fédérateur du football. « Notre société a un besoin vital de championnat national de football. Le football est un sport qui intéresse des millions de personnes, il unit l’Ukraine. Unissons l’Ukraine!», a déclaré Dmytro Boulatov qui se dit prêt à tout mettre en œuvre pour la reprise du championnat national en dépit de la situation politique qui prévaut dans le pays.  « En tant que ministre et citoyen ukrainien, je suis prêt à faire de mon mieux pour que la première ligue reprenne dès que possible« , a-t-il promis.

Le championnat de football en Ukraine doit reprendre le 15 mars malgré les violences et la grave crise politique que traverse l’ancienne république soviétique. La Fédération de football et le ministère des Sports ont décidé qu’après la traditionnelle trêve hivernale, les matches reprendraient deux semaines plus tard que prévu, en raison des violences qui ont fait plusieurs dizaines de morts fin février, après trois mois d’un mouvement de contestation qui a entraîné la destitution du président pro-russe Viktor Ianoukovitch.

Un pays fissuré en deux

Le mouvement de contestation, qui a porté au pouvoir les nouvelles autorités pro-occidentales, a exacerbé les divisions entre l’est du pays russophone et l’ouest tourné vers l’Europe, en particulier depuis que les forces russes ont pris le contrôle de la péninsule de Crimée. Certains footballeurs étrangers évoluant dans les clubs ukrainiens, à l’instar de l’Ivoirien Franck Dja Djedje, ont d’ailleurs décidé de retourner dans leurs pays en attendant la normalisation de la situation.

«Quand je regarde les informations, ça ne me rassure pas. A Odessa, il y a beaucoup de sympathisants pro-russes, des manifestations avec parfois des néonazis. Ça commence à prendre une autre tournure…», a déclaré l’Ivoirien qui s’entraîne désormais avec Nice. « Très franchement, j’ai un peu peur« , a déclaré à des journalistes le Suédois Gustav Svensson, qui joue au Tavria Simféropol, en Crimée. « Actuellement, l’Ukraine n’est pas un endroit sûr. J’ai décidé de quitter l’Ukraine et d’attendre de voir ce qui va se passer« , a-t-il ajouté.

Quand la crise politique menace le football

En raison des troubles fin février, le club de la capitale Dynamo Kiev a été contraint de disputer à Nicosie (Chypre) le match de League Europa prévu à domicile contre les Espagnols de Valence, en huitièmes de finale, et s’est incliné 2 à 0. Le stade du Dynamo Kiev est situé dans la rue Grouchevski, qui fut l’un des épicentres des affrontements entre manifestants et policiers. Le match amical entre l’Ukraine et les Etats-Unis a également été disputé à Chypre le 5 mars et remporté 2 à 0 par les Ukrainiens.

Par ailleurs, certains oligarques ukrainiens pro-Ianoukovitch, qui sont propriétaires de clubs principalement dans l’est russophone, sont soumis à de fortes pressions des nouvelles autorités pro-occidentales sur des soupçons de corruption, un mal qui gangrène le pays.

Serguiï Kourtchenko, propriétaire du club Metalist Kharkiv, deuxième en championnat derrière le Shakhtar Donetsk, a lui été visé par les mesures de gel d’avoirs prises par l’Union européenne contre des membres de l’entourage de M. Ianoukovitch et plus d’une dizaine d’anciens responsables au pouvoir. Cette situation a contraint l’homme d’affaires à abandonner le club et trouver refuge apparemment en Russie. « Je suis un homme d’affaires ukrainien, qui a toujours investi en Ukraine, où sont concentrées presque toutes mes installations commerciales« , a déclaré M. Kourtchenko. « Ni moi ni aucune de mes sociétés n’ont jamais fait l’objet Ukraine Footd’aucune enquête pénale« , a-t-il affirmé.

En revanche, le propriétaire de Shakhtar Donetsk et homme le plus riche du pays, Rinat Akhmetov, semble vouloir entretenir de bonnes relations avec les nouvelles autorités, après avoir soutenu pendant des années M. Ianoukovitch. M. Akhmetov s’est prononcé contre une partition du pays et a appelé la Russie à respecter son voisin ukrainien: « l’est de l’Ukraine, c’est aussi l’Ukraine« , a-t-il dit.

Sur le plan purement sportif, les entraîneurs, joueurs et dirigeants sont tous d’accord pour que les matches reprennent, en espérant que le football permettra de contribuer à apaiser les tensions. « Je suis totalement confiant dans le fait que le football peut nous aider tous à sortir de la crise« , a déclaré Mircea Lucescu, l’entraîneur roumain du Shakhtar Donetsk. « En reprenant la saison de football, l’Ukraine va montrer au monde que le pays vit normalement et reste un pays stable, ce dont tellement de gens ressentent le besoin maintenant« , a-t-il ajouté.

Le premier match samedi entre le Tavria Simféropol, principale équipe de Crimée, qui devait accueillir le Dynamo Kiev, sera disputé à Kiev pour des raisons de sécurité.


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