[Interview exclu] Kolo Touré: « Il ne faudra pas revenir du Brésil avec des regrets »

L'équipe de la rédaction d'Africa Top Sports




En vacances à Abidjan pour quelques jours avant d’entamer la préparation de la Coupe du monde avec les Eléphants, Kolo Touré a répondu aux questions de notre collaborateur Emgey Martial. Le défenseur de Liverpool revient sur sa saison, celle de son frère et évoque les chances de la Côte d’Ivoire au Brésil.

kolooLiverpool a perdu de justesse le titre de champion d’Angleterre. Mais le fait que votre cadet Yaya Touré et Manchester City aient triomphé atténue-t-il votre frustration?

J’aurai voulu que ce soit Liverpool qui ait gagné ce trophée. Après, ça fait partie du football. Et, par la force des choses, c’est mon petit frère (Yaya Touré) qui gagne. C’est la famille. Je le prends comme cela. Mais, dans ma tête, j’aurais aimé gagné pour la troisième fois ce prestigieux trophée. J’espère que la prochaine fois sera la bonne. Et bonne chance à Yaya.

Avez-vous échangé avec lui après le sacre de City? Qu’est-ce que vous vous êtes dit?

Oui, on a échangé un peu. C’est le petit frère; il a gagné, le grand frère est un peu fâché. Mais, bon c’est comme ça, on s’adapte. Et puis le plus important, c’est Papa qui est content, de même que les frères. Moi-même, je suis content aussi. C’est mieux que ce soient Yaya et Manchester les vainqueurs plutôt qu’une autre équipe comme Chelsea. En gros, c’est la famille Touré qui gagne. Et c’est bien.

Yaya Touré, votre frère, réalise l’une des meilleures saisons de sa carrière. Pensez-vous qu’il est au sommet de son art ou bien a-t-il encore une marge progression?

Ce qu’il fait cette année est énorme. Je suis fier de voir ce qu’il fait pour son club et de le voir tous les matches. C’est exceptionnel. Mais, je ne suis pas surpris. J’étais l’un des premiers à dire que Yaya est un très grand joueur. Néanmoins, c’est quelqu’un qui monte en puissance. Si vous remarquez bien, il a commencé sa carrière tout doucement. Au fur et à mesure, il progresse. J’espère que ce n’est pas la fin. Je souhaite qu’il fasse encore mieux. Il y a le Mondial qui arrive. Je pense qu’avec tout ce qu’il a apporté à son club, il va tirer cette équipe de la Côte d’Ivoire avec bien sûr Didier Drogba, Didier Zokora et autres Copa Barry qui sont des joueurs d’expérience.

A titre personnel, êtes-vous prêt pour le Mondial?yayakoloo

Je suis venu passer deux ou trois jours en Côte d’Ivoire, pour pouvoir me ressourcer et prendre des douahou (bénédictions, ndlr) comme on dit, et surtout me reposer, voir la famille, parler un aux parents avant de repartir. C’est vrai, ça va être une compétition difficile. Le Mondial, c’est le gratin du football. C’est la rencontre de toutes les meilleures nations et de tous les meilleurs footballeurs du monde. Il est donc difficile de se prononcer sur le déroulement de la compétition. Toujours est-il qu’on va donner le maximum, mouiller le maillot pour notre nation.

La poule des Eléphants, qui comprend la Colombie, le Japon et la Grèce, est-elle jouable selon vous?

La poule est très jouable, c’est sûr. Ce sont trois nations qui ont pratiquement le même niveau que nous. On a notre mot à dire dans ce groupe. Mais, il va falloir être très vigilants et surtout très humbles. Comme je l’ai dit, ce sont les meilleurs joueurs qui se rencontrent au Mondial, donc il nous faudra être très concentrés, donner le meilleur à chaque match et être animés de la rage de vaincre.

Au dire de Sabri Lamouchi (le sélectionneur ivoirien ndlr), une élimination de la Côte d’Ivoire au premier tour sera un gros échec, êtes-vous de cet avis?

Je pense honnêtement que cette poule est très équilibrée. Les précédents Mondiaux ont été des moments très difficiles. Nous avons eu à jouer, entre autres, le Brésil, le Portugal, l’Argentine. Cette fois-ci, c’est beaucoup plus équilibré. Nous avons notre mot à dire. Il ne faudra pas revenir avec des regrets. Ca passe par la préparation. Nous allons bien préparer la compétition et faire en sorte d’être bien concentrés à chaque match.

kolowariorrAujourd’hui (vendredi, 16 mai) vous vous trouvez pour la énième fois dans les locaux de l’AFI, cette association dont vous avez contribué à la création. Quel est votre ressenti devant son fulgurant essor?

Je suis très heureux d’abord d’être de ceux qui ont initié cette association. C’est vrai qu’on n’est pas toujours là, mais il y a des grands frères, comme Cyrille Domoraud, Dago Charles… qui gèrent l’association au quotidien. C’est une grande chance. Dès qu’on aura un peu plus de temps, on viendra pour apporter notre pierre à l’édifice. C’est ce qui justifie ma présence au siège aujourd’hui. Il faut que les uns et les autres sachent que nous sommes derrière cette association. Chaque fois que mon temps me le permettra, je viendrai toujours au siège. Pareil pour Aruna Dindane (qui se soigne actuellement en Europe, ndlr) et mon cadet Yaya Touré. Cette association existe partout dans le monde entier. Il faut que tout le monde se mobilise, parce que ce n’est pas facile d’initier quelque chose de nouveau sous nos tropiques.

Avez-vous un message à l’endroit de tous ces footballeurs professionnels locaux à qui s’adressent principalement cette association?

Je demande aux joueurs de croire en nous. Ce que nous faisons se fait dans le monde entier. Je suis membre de l’union des footballeurs en Angleterre. Et je sais ce qu’ils m’ont apporté quand j’ai eu des problèmes… de doping. Ils m’ont défendu. Il faut que les jeunes joueurs ivoiriens sachent qu’une association comme l’AFI existe dans leur intérêt. L’AFI a pour vocation de les aider face à tous les problèmes qui surviennent dans la pratique de leur métier. Nous avons l’expérience pour les épauler, leur prodiguer des conseils. C’est une association exceptionnelle. En un mot, l’existence de l’AFI est essentielle… Ah oui! Dans tous les pays où se pratique le football, il existe une telle association. Aujourd’hui, tous les jeunes footballeurs ivoiriens doivent se dire qu’ils ont une maison à laquelle se confier, une maison où ils peuvent bénéficier des conseils de personnes qualifiées et professionnelles surtout. Parce que nous avons côtoyé le haut niveau, donc nous sommes plus ou moins outillés pour. Nous n’avons pas l’intention de les gruger ou de leur prodiguer de mauvais conseils. Qu’ils nous fassent confiance.


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