CAN 2015 : L’Avocate Monlouis « Les gains paraissent bien faibles »

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Démarrée le 17 janvier dernier, la Coupe d’Afrique des Nations prendra fin le 8 février avec la finale, prévue au stade de Malabo.

Après le premier tour de la compétition, l’on apprécie déjà le bilan à mi-parcours de l’événement. Nous avons posé la question à l’avocate Joëlle Monlouis – avocat au Barreau de Paris-, spécialiste des droits du sport et des affaires en France, sur la mobilisation du public, les dépenses effectuées autour de l’événement et aussi la cagnotte du vainqueur de la compétition.

Comment avez-vous trouvé l’influence du public autour de la CAN ?

Il est, tout d’abord, important de rappeler que, lors de la CAN 2012 déjà co-organisée (par le Gabon et) la Guinée Équatoriale, il avait été reproché à cette dernière l’absence criante de public lors des rencontres.

Force est de constater que cette année non seulement le public est présent en nombre mais qu’il porte de surcroît les joueurs.

On peut également noter que chaque équipe a pu bénéficier de ses supporters en nombre.

Croyez-vous qu’avec cette mobilisation, la Guinée Équatoriale peut combler les dépenses effectuées avant l’événement?

La Guinée Équatoriale a été présente, au pied levé, après la défection du Maroc pour organiser la CAN 2015 en moins de deux mois.

Le souci de la Guinée Équatoriale était surtout de s’assurer que cette fête du Continent ait effectivement lieu, ce qui est tout à son honneur, et qu’ensuite elle se déroule dans les meilleures conditions possibles compte tenu des conditions spécifiques de sa tenue indiquées plus haut.

Si l’on devait regarder ce qui peut être généré par la billetterie, on se rend vite compte que la capacité des stades limite d’elle-même ce montant (par exemple pour les 2 plus grands stades que sont Bata et Malabo, on compte respectivement 40.000 et 15.000 places, les 2 autres Mogomo et Ebebiyin comptant respectivement 4.000 et 5.000 places).

Ces chiffres sont à mettre en parallèle avec celui, par exemple, des stades de l’Afrique du Sud pour la CAN 2013 qui offraient, pour le plus important, une capacité d’accueil de 90.000 places qui a eu pourtant beaucoup de mal à rentrer dans ses frais.

Espérons que les droits de télévision et de radiodiffusion, qui appartiennent à la CAF mais dont 20 % reviennent au pays organisateur, pourront permettre à la Guinée Équatoriale d’amortir la plus grande partie de ses frais.

Le vainqueur touchera 1 500 000 dollars, selon la CAF. Votre réaction sur le montant mis dans la cagnotte.

On notera l’effort de la CAF qui a augmenté de 16 % sa dotation pour le vainqueur, passant de 1.124 millions d’euros pour le vainqueur de la CAN 2013 à 1.3 millions d’euros pour cette 30ème édition de la CAN.

Cependant, on reste très en deçà de ce à quoi devrait prétendre le vainqueur d’une compétition internationale telle que la CAN qui n’est autre que « la 3e compétition mondiale de football en termes d’audience cumulée en télévision derrière la Coupe du Monde de la FIFA et le Championnat d’Europe des nations (Euro) » – Source Site Internet de la CAF.

En effet, comparé à ce que perçoivent le vainqueur de la Coupe du Monde (environ 20,5 millions d’euros en 2010 et 25,6 millions d’euros – 35 millions de dollars – en 2014 pour la Fédération du pays qui remportera la Coupe) ou encore le vainqueur de l’Euro 2012 (environ 7,5 millions d’euros indépendamment des autres primes empochés pour matchs de poule gagnés), les gains de la CAN paraissent bien faibles.

En comparaison, le vainqueur de la Copa America qui doit se tenir prochainement au Chili (du 11 juin au 4 juillet 2015) empochera, selon les déclarations du Président de la CONMEBOL, 4 millions de dollars soit environ 3,5 million d’euros.

On ne peut que souhaiter, compte tenu de la qualité des joueurs qui évoluent pour la grande majorité en Europe et des sponsors qui sont de plus en plus nombreux, que ces montants puissent s’aligner, ou à tout le moins se rapprocher, de ce qui se pratique dans les meilleures compétitions mondiales dont la CAN fait partie intégrante.

N’oublions pas, compte tenu du prestige de cette compétition, que les motivations des joueurs sont bien au-delà des contingences financières…


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