[exclu] Interview avec Emmanuel Maradas, chargé de campagne du Sheikh Salman pour la FIFA

L'équipe de la rédaction d'Africa Top Sports




Africa Top Sports n’a pas raté l’occasion d’interroger Emmanuel Maradas de passage à Lomé dans la cadre des élections à la présidence de la FIFA. Chargé de campagne du Sheikh Salman bin Ibrahim, le Tchadien nous dévoile le programme de son candidat et pourquoi l’Afrique devrait le soutenir.

Quel est l’objectif de votre visite à Lomé ?

Je suis de passage dans le cadre de la campagne pour les élections à la présidence de la FIFA. Je bats campagne pour Sheikh Salman Bin Ibrahim Khalifa qui est président de l’AFC (Confédération asiatique de football). Lui-même était il y a un peu plus d’une semaine à Kigali où la CAF a décidé à l’unanimité de le soutenir. Il est le candidat de l’Afrique. C’est dans ce cadre que nous le poussons pour qu’il puisse prendre la succession du président Blatter qui connait quelques déboires, avec la suspension pénible que le Comité d’Ethique lui a infligé. Voilà le but de mon passage et c’est vrai que depuis 2009 que je ne suis pas venu à Lomé (nldr: il était le manager du tour du monde du trophée de la Coupe du monde). C’est un plaisir de revoir certains visages que je connais.

Vous avez suivi les élections à la FTF (Fédération togolaise de football) samedi. Comment trouvez-vous le nouvel homme fort du football togolais ?

J’ai rencontré et discuté avec M. Akpovy une quinzaine de minutes (image en bas) et je trouve que c’est une personne intelligente avec de l’expérience et du savoir-faire. Curieusement au Togo, ce sont les militaires qui réussissent le plus. Le Général Séyi Mémène vous avait qualifié pour la CAN, le Gal Gnofame aussi et le Colonel Rock Gnassingbé vous a qualifié pour la Coupe du monde. Il se fait que les militaires ont une certaine discipline qui manque aux civils. Je crois que le nouveau président pourra faire en sorte que la quiétude, le travail, la ponctualité puissent revenir dans la famille du football togolais et que demain augure de bonnes choses. Il faut que le Togo retrouve le gotha du football mondial.

Pourquoi l’Afrique devrait soutenir le Sheikh Salman ?

C’est une question de programme. Le programme que présente le Sheikh Salman est le programme des pays en développement. Il est président de l’AFC, un continent qui a les mêmes problèmes que l’Afrique. Il a été dans les sérails du monde du ballon rond. Ancien footballeur, dirigeant, directeur technique. Il a une grande expérience. Donc je crois que l’Afrique en général et le Togo en particulier peuvent voir en lui quelqu’un qui peut apporter le changement à la FIFA.

Salman envisage d’apporter beaucoup d’argent dans le football des pays en développement. Il a réussi en Asie en augmentant la manne financière de ses associations membres. Figurez vous qu’en plus des 250.000 dollars que la FIFA donne à chaque association (ndlr: dans le cadre du PAF -programme d’Assistance Financière), l’AFC a également apporté quelque chose de semblable aux pays asiatiques. Et il va augmenter cette aide s’il est élu. Il va également injecter des fonds pour améliorer la bonne gouvernance dans nos fédérations, relancer le football féminin et encourager les jeunes filles à taper dans le ballon. C’est un package que Salman a présenté à la CAF et au sortir de ça, ils ont décidé de le soutenir. Donc je pense que les pays africains et le Togo particulièrement doivent lui apporter également ce soutien.

12714449_1114628315216730_1333507426_n

En face de Salman, quatre candidats et pas des moindres. Quelles sont ses réelles chances finlement ?

Elles sont réelles. Déjà, il est président de l’AFC qui lui apporte son soutien. Malgré qu’il y a un autre candidat asiatique en la personne du Prince Ali Hussein. Donc M. Salman part avec au moins 42 voix pour commencer et avec l’Afrique, il y a quelque chose à faire. Après, nous savons que toute l’Afrique ne va pas voter pour lui mais une bonne majorité va le faire. Donc il faut aller chercher d’autres voix. C’est d’ailleurs pourquoi il est actuellement dans les pays de la CONCACAF (ndlr: interview réalisée samedi 13 février). Après, il y a l’Océanie qui  les mêmes problèmes que l’Asie et l’Afrique qui pourrait se retrouver à travers son programme.

Le minimum c’est de passer les 105 voix sur les 209 associations que compte la FIFA. Il y a de quoi aller au second tour et après il faudra compter sur les pays en développement. Il a de réelles chances par rapport au Prince Ali, à Champagne et à Infantino. Maintenant, Tokyo Sexwale ne fait pas partie de la famille du football notamment africain et donc les Africains ne se reconnaissent pas à travers lui. C’est son handicap. On a d’ailleurs rencontré Tokyo pour essayer de trouver une formule pour qu’il se retire mais ça n’a pas abouti. Donc il reste en course. Mais il part avec les défaveurs des pronostics.

Quel regard portez-vous sur la crise actuelle à la FIFA ?

Une institution qui s’est battue pour arriver au top niveau connait toujours des soubresauts. C’est le cas de la FIFA actuellement mais ce n’est pas un problème interne mais très externe. C’est-à-dire qu’il y a des gens élus par leurs confédérations et qui font des bêtises une fois arrivés à la FIFA, on les confond. Sinon la FIFA est une institution  qui a des gens très dévoués et très compétents. Ils vivent de très loin les problèmes de la FIFA. Et puis il y a une forme de jalousie. Lorsque vous devenez trop respecté dans le monde, les gens jettent la pierre sur la FIFA. Mais c’est une institution solide qui va repartir. On avait connu des secousses en 2003 mais la FIFA est repartie.

Je pense que la FIFA pourra repartir sous Salman et se redresser complètement. C’est juste une partie du monde un peu jalouse de la réussite de la FIFA et qui veut à tout prix prendre la direction de la FIFA. C’est comme en politique. Lorsque vous êtes à la tête d’un pays pendant longtemps malgré les bonnes choses que vous faites, les gens veulent vous voir partir, etc.

Enfin, quel est votre souhait pour le football togolais ?

C’est un souhait de réussite. Le Togo est à la traine depuis plusieurs années, vous avez connu pas mal de Comité de normalisation. Le ministre Freitas (ndlr: président du dernier comité de Normalisation) est arrivé il y a 3 mois et a réussi le pari d’organiser des élections transparentes. Mais il faut être patient car dans la vie, rien ne se fait dans la précipitation. Aujourd’hui, il y a des gens qui ont été élus, il faut leur faire confiance. Mais en Afrique, on jette aussi rapidement la pierre aux gens, on ne voit pas la difficulté de leur tâche. Mais je crois que la presse togolaise a aussi un grand rôle à jouer. Il va falloir transmettre les bonnes nouvelles aux fans du football qui sont exigeants mais véhiculer le message fidèlement. En somme, c’est un travail de tous. Médias, autorités, l’homme de la rue. Lorsqu’on est unis on peut déplacer des montagnes. Donc je vous souhaite beaucoup de réussite, reprendre la place parmi l’élite et que demain, la jeunesse puisse se glorifier peut-être d’une nouvelle qualification à la Coupe du monde en 2022.


Articles récents