[exclu] Togo: L’arrivée de Claude Le Roy diversement appréciée à Abidjan

L'équipe de la rédaction d'Africa Top Sports




Avec Claude Le Roy, nouveau sélectionneur des Eperviers, c’est une page  du football togolais qui se tourne, notamment celle de Tom Saintfiet remercié moins d’un an  après son arrivée (mai 2015) à la tête de la sélection. Engagé pour trois ans, le technicien français allonge sa carte de visite sur le continent noir. Pour quels résultats? Voici ce qu’en pensent des observateurs depuis la Côte d’Ivoire. Les avis sont plutôt partagés.

Blaise Kouassi (Finaliste CAN 2006 et Mondialiste 2006. Ex-sociétaire de Guingamp, Troyes, Angers):

« Il n’aura pas de problème avec Adebayor »

« Claude Leroy est un très bon choix pour le Togo, vu son vécu sur le continent. Il connaît la mentalité des joueurs africains, il sait comment les gérer. C’est un monsieur de caractère et charismatique à la fois. Son rapport avec Adebayor? Ca ne devrait pas constituer un obstacle pour lui pas plus qu’il ne sera contrarié par l’égo des autres joueurs. Dans ses différents périples en Afrique, il a eu sous sa houlette des joueurs de la trempe d’Adebayor. Franchement, le Togo a frappé un gros coup en s’attachant les services de Leroy. On peut les envier, parce que la Côte d’Ivoire a besoin de ce genre d’entraîneur, quelqu’un qui dicte ses lois à un vestiaire constitué de stars, qui sait ce qu’il veut. Et qui a surtout un vécu. »

Fernand Dedeh (journaliste, ancien présentateur vedette à la télévision nationale):

« Il faut donner les moyens aux techniciens locaux »

« Claude Le Roy prendra sûrement sa retraite en Afrique! Qu’est ce qu’il a apporté fondamentalement au développement de notre football? Quels sont les techniciens qu’il a formés? Quel est son héritage? Claude Le Roy fait partie de ces techniciens français qui ne peuvent réussir en Afrique. Ces techniciens qui chantent leur amour pour l’Afrique. En réalité, l’amour de l’argent de l’Afrique. L’argent qu’ils ne peuvent avoir en Afrique! Je milite pour des entraîneurs qui construisent le football en Afrique. Pas des pigistes, jeunes ou vieux qui traversent le continent de part en part (…)L’Afrique se satisfait de bien peu. Les fédérations en Afrique pensent que leurs missions est d’organiser des championnats hypothétiques et surtout gérer les équipes nationales. A-t-il professionnalisé le foot camerounais et le foot congolais? Arrêtons un peu le sophisme footballistique. Il faut donner les moyens aux techniciens locaux de se former dans les meilleurs écoles en Europe ou en Amérique. Il faut leur donner de la considération et les payer au même prix que les pigeons voyageurs qui viennent se faire du Fric en Afrique. Je suis pour des techniciens expatriés qui viennent former les locaux et laisser un héritage ».

Antoine Mahan (journaliste au quotidien  Le Sport):

« La tâche s’annonce ardue pour lui »

« Je ne parlerais pas de grand coup. Juste que le Togo mise sur un Monsieur qui connaît bien le football africain pour espérer se qualifier pour la CAN 2017. Mais là,  je pense que la tâche s’annonce herculéenne. Car le Togo doit aller battre le Liberia à Monrovia et gagner à domicile contre Djibouti. Toute chose qui ne suffira pas la Tunisie est encore en course. Sincèrement, je ne vois pas le Togo aller à Libreville même si cela reste possible (…) Pour le long terme, je crois que le Togo a vu juste. Seulement voilà les nombreuses palabres existant dans le football togolais risquent fortement de gripper la machine »

Abdoulaye Traoré Ben Badi (champion d’Afrique 1992):

« Claude Le Roy va mettre de l’ordre »

« La nomination de Claude Le Roy est une très bonne chose car c’est un entraîneur charismatique qui pourra mettre le l’ordre dans le désordre qui règne dans la sélection togolaise. Il a un palmarès qui milite en sa faveur (…) Je pense qu’il a assez d’expérience  et le caractère nécessaire pour gérer les problèmes du vestiaire togolais »

Patrick Guitey (journaliste; sport-ivoire.ci):

 » Il a besoin d’une organisation lisible « 

« Bon choix ou non, je crois qu’on le saura aux résultats. Pour l’instant, le Togo n’a fait que nommer un habitué du foot africain à la tête de la sélection A. Je ne crois pas que le Togo ait besoin de ça actuellement. Il faut plutôt miser sur un travail de longue haleine pour relever le niveau des Eperviers à long terme. Après, Leroy peut apporter de la discipline dans ce groupe longtemps miné par l’égo d’Adebayor. L’objectif est de se qualifier pour la CAN 2017. On attend de voir(…) Est-ce qu’il peut faire franchir un cap aux Eperviers? Bah, cela demande des moyens et du temps. Est-ce que les dirigeants togolais et le peuple accepteront de patienter pour avoir des Eperviers conquérants? Telle est la problématique d’une Afrique plus préoccupée par les résultats immédiats que par la construction de solides fondements. Ce qui est certain, c’est que Claude à une grosse expérience du football africain. Il a la connaissance pour faire progresser une équipe nationale. Le Cameroun, le Congo, la RDC ont profité de cette expertise. Le Togo pourrait aussi. Mais il faut une organisation lisible qui permette au technicien français de faire le travail pour lequel il est là. »

Didier Otokoré (champion d’Afrique 1992 et ancien joueur de l’AJ Auxerre):

« Pour le long terme, le Togo a fait un bon choix »

S’il est là juste pour les qualificatifs de la CAN 2017, ce sera une mission difficile. Par contre, si sa mission consiste  à  travailler à la relance du football local sur le long terme,  le Togo a fait un bon choix. C’est un entraîneur d’expérience qui  aime l’Afrique. Pour avoir coaché le Ghana, pays voisin du Togo, il ne devrait pas avoir de problème dans sa nouvelle mission. Claude Le Roy a tous les atouts: il est respecté par les dirigeants africains, il a une certaine aura. Sa présence va apporter un brin d’organisation au football togolais. Il va s’imposer comme il l’a fait au Cameroun par le passé. »

Recueillis par notre collaborateur en Côte d’Ivoire, Emgey Martial


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