[exclu] Bonaventure Kalou: « La fédération doit s’appuyer sur nous… »

L'équipe de la rédaction d'Africa Top Sports




Passé le cap de footballeur professionnel, Bonaventure Kalou n’a guère quitté complètement la scène du ballon rond. La preuve, l’ancien Eléphants du PSG vient de boucler avec brio l’organisation de sa « Dream cup », un tournoi réservé aux centres de formation.

Une initiative qui s’impose selon « Bona », décidé à relancer le football de base et le football ivoirien tout court. Un rêve, une ambition pour lesquels l’ainé de Salomon Kalou entend se donner tous les moyens. Dans cet entretien exclusif à africatosports.com, il lève, au passage, certaines équivoques, notamment son appétit  supposé pour la présidence de la Fédération Ivoirienne de Football (FIF). Lecture.

Après la Fondation Kalou que vous cogérez avez votre cadet Salomon, vous venez d’initier la Dream cup (tournoi des centres de formation). Quelles ont été les motivations profondes de cette compétition destinée aux jeunes?

Nous avons l’ambition d’apporter un début de solution aux problèmes auxquels est confronté le football de base et créer une plateforme crédible pour qu’ils fassent des compétitions. Je ne vais pas régler tous les problèmes du football de base d’un coup de bâton magique; je n’en ai pas les moyens. Au moins, j’entreprends quelque chose.

Quel est, justement, le constat que vous avez fait au niveau de ce football de base?

Le constat est simple: le football de base est un peu laissé à l’abandon. Il faut savoir, toutefois, que ce football est fait d’initiatives privées, ce qui est normal d’ailleurs. Mais il manque cruellement de moyens. Donc, nous voulons essayer de montrer aux entreprises qui en ont les moyens que ce football draine du monde, car les Ivoiriens aiment voir les jeunes gens pratiquer du beau spectacle. C’est également une occupation saine pour eux.

A qui faites vous allusion en soutenant que le football de base est laissé à l’abandon?

Personnellement, je n’indexe personne. Je fais ma part, après s’il y a des gens sensibles à cette situation, ils me suivront. A terme, chacun saura s’il a fait ou non ce qu’il devrait faire pour le football.

Qu’en est-il de la fédération à qui on reproche à tort ou à raison de ne pas organiser des compétitions de jeunes?

Il ne revient pas forcément à la Fédération d’organiser les compétitions pour les centres. Les centres de formation sont des initiatives privées, des business. Si l’Etat, par exemple, devait mettre de l’argent à aider tous les centres de formation, il le ferait pour toutes les entreprises. On ne demande pas à l’Etat de se substituer aux responsables des centres de formation, plutôt qu’une petite aide soit apportée parce qu’il s’agit d’un problème d’utilité public. Ces jeunes n’ont que le football. Et quand ils ne sont pas en train de s’entraîner, ce sont de potentiels délinquants. Parce que,  comme vous le savez, l’oisiveté est mère de tous les vices. Voilà, on les occupe sainement. Je pense  que l’Etat devrait se pencher tant soit peu sur ce problème

Semble-t-il qu’il faille avant tout assainir le milieu!?

Absolument. Avant tout, il faut commencer par répertorier tous les centres crédibles, c’est-à-dire ceux sui sont dans les normes de la formation. Parce qu’il y en a qui n’existent que de nom, où les enfants sont laissés à l’abandon; je ne parle de ces centres-là. Il y a des centres par contre qui font beaucoup d’efforts, qui mettent de l’argent de leur poche. C’est ceux-là qui ont besoin qu’on les aide.

Quel est votre ressenti au terme de las première édition de la Dream cup?

L’engouement est allé au-delà de nos espérances. Notre souhait est que les stades soient pleins pendant les matches. Le football, c’est un spectacle. Pour que le joueur donne le meilleur de lui-même, il faut un public qui le regarde. Ca va de soi. Ce n’est pas motivant de jouer devant des gradins vides. Que les gens sachent que le football c’est un spectacle; c’est pareil qu’aller au théâtre ou au cinéma. Le concert n’est beau que quand il y a un public; le football ne peut être beau que quand il y a un public.  A ce niveau, nous sommes plus que satisfaits. Cela nous amène à comprendre que nous sommes dans le vrai. Maintenant, il faut creuser, faire davantage. Notre tutelle, la Fédération, devrait nous encourager dans cette initiative parce que la Fédération ne peut aller partout à la fois.

Autrement dit, vous n’êtes pas concurrent de la Fédération?

On n’est pas ennemis, le terrain est vaste.  On fait la même chose, on est engagés dans la même galère. D’ailleurs, la Fédération gagnerait à s’appuyer sur des personnes comme moi. Sans fausse modestie, j’ai du vécu en tant que footballeur, je peux apporter à ce football de ce jeune.  Avec la fédération, on doit travailler de concert.

Visiblement, vous ne chômez pas depuis votre retraite, vous êtes plutôt prolifique en matière de projets. Quel est votre secret?

C’est justement toute cette somme d’expériences que j’essaie de partager. Que ce soit pour la Dream cup en tant que conseiller de tous ces jeunes, que ce soit la pour Dream night où on essaie de récompenser les meilleurs footballeurs évoluant en Côte d’Ivoire où à l’extérieur.

A terme, peut-on imaginer Bonaventure Kalou à la tête de la Fédération Ivoirienne de Football ?

On y est pas encore. Moi, je fais ce que j’ai à faire. Je ne me fixe pas d’objectif à court  et/ ou moyen termes.  Je suis préoccupé et absorbé par mes projets, c’est ce qui est important.

Mais n’est-ce pas légitime qu’un footballeur prenne la tête de la fédération?

Qu’un footballeur accède à la tête de la Fédération ivoirienne de football, ce ne sera que justice, surtout pour ceux qui en ont les capacités intellectuelles. Mais on n’en est pas encore là. Le plus important, c’est de faire ses preuves, montrer qu’en dehors du football, on en a aussi dans la tête, qu’on peut réfléchir. Les gens en général ont une idée simpliste du footballeur: il doit jouer au football et fermer sa gueule. Je dis non. Moi je suis allé à l’école, j’ai des acquis , des bases et des fondamentaux. Je ne suis pas moins intelligent que certaines personnes. Mais, je le répète, pour l’instant, nous n’en sommes pas là.  Le plus important pour moi, c’est la Dream cup et la Dream night qui viennent de finir. On va dresser les bilans pour préparer les éditions à venir. Tout en espérant avoir le soutien des entreprises citoyennes.


De notre collaborateur EMGEY MARTIAL, à ABIDJAN


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