Fraudes sur l’âge: le football continental pourra t-il s’en sortir ?

L'équipe de la rédaction d'Africa Top Sports




Quatorze footballeurs camerounais ont été suspendus par leur Fédération, qui les soupçonne d’avoir révisé leur âge à la baisse pour tenter de participer à la Coupe d’Afrique des nations (CAN) des moins de 17 ans. C’est l’information rapportée le week-end écoulé par la radio d’Etat du pays et qui fait de nouveau les choux gras de la presse continentale et internationale.

C’était  le 30 juin dernier. La Fecafoot (Fédération camerounaise de football) annonçait des examens pour une quarantaine de joueurs en vue de démarrer les préparatifs pour le prochain tour des éliminatoires de la CAN U17, Madagascar 2017. Au finish, 14 d’entre eux seront recalés.

 


Au delà de la polémique, le phénomène de fraudes sur l’âge de sportifs africains en particulier des footballeurs devient inquiétant. Comment en est-on arrivé là ? Quelle est l’ampleur de la situation ? Quelles solutions y trouver ?

« Le problème de l’Afrique ici c’est un manque d’organisation du football des jeunes. Les enfants ne sont pas pris en charge assez tôt. Et quand ils entrent dans le système, ils ont déjà pris de l’âge. C’est pour cela qu’ils sont obligés de réduire leur âge », analyse Alfred Epacka, journaliste sportif camerounais.

Hughes Rhodes, agent FIFA au Togo renchérit : « deux raisons principales: le manque de structures de pré-formation et de compétitions de jeunes qui entraînent les écarts de niveau tactiques et techniques lors des compétitions internationales et enfin le fait que tous les grands clubs sont à la recherche des futurs Pele, Messi, Ronaldo parmi les mineurs du monde entier »

Au Cameroun comme dans de nombreux pays africains, les cas de jeunes sportifs mentant sur leur âge pour booster leur carrière professionnelle sont fréquents.

Si la jeune génération est indexée, de nombreux soupçons ont de par le passé pesé sur les plus grandes vedettes du continent. Le Sénégalais El-Hadji Diouf, le Camerounais Samuel Eto’o – on se souvient encore de la mauvaise blague de José Mourinho- les ex-stars nigérianes Jay-Jay Okocha, Nwankwo Kanu ou encore Taribo West ont dû s’expliquer sur la question.

« La solution est toute simple. Il faut seulement que les fédérations nationales organisent les choses de manière à ce que les enfants entrent dans des centres de formation dès le plus bas âge. Il faut tout au moins soutenir les centres de formation puisqu’en définitive, les enfants qui sont ainsi formés vont servir pour les sélections nationales dans toutes les catégories », préconise Alfred Epacka.

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D’autres disciplines non épargnées !

Pour prévenir ces cas de fraude sur l’âge, la FIFA également cherche des solutions. Le test IRM a été adopté depuis quelques années. Il permet de déterminer avec précision l’âge d’un adolescent de moins de 17 ans. « Dans toutes ses compétitions, la FIFA a deux priorités en ce qui concerne la Commission Médicale. Premièrement, il s’agit de préserver la santé des joueurs. C’est ce qu’il y a de plus important pour nous. Deuxièmement, il faut garantir l’équité et l’égalité des chances. Pour les compétitions de jeunes, on peut penser que des gens seraient tentés de tricher sur l’âge et de présenter des joueurs un peu plus âgés pour pouvoir gagner des compétitions« , confiait le Docteur Yacine Zerguini, membre de la Commission Médicale de la FIFA.

« La solution pour prévenir ou éradiquer ce phénomène passe par les structures de formation : pupilles, minimes, cadets dans toutes les fédérations et l’instauration des championnats avec informatisation des licences. La faute n’incombe pas aux jeunes qui veulent faire de leur passion un métier mais du manque d’accompagnement à la base », ajoute M. Rhodes.

De tout temps, le football est la discipline la plus incriminée dans ces affaires mais d’autres disciplines ont déjà été éclaboussées par ces fraudes. Le cas du basket ball sénégalais sanctionné par la FIBA en 2013.

Sans oublier que dans le monde du ballon rond, l’Afrique n’est pas le seul continent du côté duquel on devrait regarder. «J’ai joué dans plusieurs pays en Europe et je peux vous assurer que ce phénomène est pire en Asie du Sud, en Europe de l’est même en Amérique latine qu’en Afrique », nous a lâché un ancien international togolais sous le sceau de l’anonymat.


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