[exclu] Togo: Daré Nibombé note Le Roy et les Eperviers après la CAN 2017

L'équipe de la rédaction d'Africa Top Sports




Près d’un mois après la fin de la CAN 2017, l’heure est toujours au bilan au Togo. Pour analyser les piètres performances des Eperviers au Gabon, nous avons tendu notre micro à Daré Nibombé, l’ancien défenseur international. Interview exclusive.

Le Cameroun sur le toit de l’Afrique au Gabon. Le champion auquel vous vous attendiez ?

Sincèrement non. Les désistements de certains joueurs cadres, la situation tendue de l’entraineur par rapport à ses choix de joueurs, l’éternel chassé-croisé des problèmes ministère des sports – fédération pour ne citer qu’eux ceux là étaient des indicateurs contraires à la performance collective de l’équipe sur le terrain. Certaines concessions fortes ont été faites. Aboubacar, Nkoulou ont accepté leur nouveau statut de remplaçants pour enfin délivrer tout un peuple. Les Lions sont à féliciter voire appeler à faire goûter « leur sauce » à tout un continent (rires).

Comment expliquer les désillusions des favoris annoncés de ce tournoi ?

On attendait un peu plus des pays comme le Ghana, le Sénégal et encore mieux l’Algérie, mais le Cameroun et l’Egypte ont déjoué tous les pronostics pour se retrouver en finale. C’est la preuve aussi que la CAN a pris une autre proportion technique, tactique et voire même médiatique et qu’il ne suffit plus de paraître avec des grands noms dans les effectifs pour prétendre être des favoris. Pour mériter ce statut, il va falloir se battre, convaincre et gagner. La preuve est que le Nigéria, la Guinée, Zambie, l’Afrique du Sud sont restés à la maison.

Un joueur en particulier qui vous a marqué durant la CAN 2017…

Le capitaine des Etalons, Charles Kaboré mérite tout mon respect. De part sa disponibilité, sa discipline de jeu, son calme ; bref son efficacité sur le terrain. Il ne figure pas dans l’équipe type de la CAN par hasard.

 

Parlons de la campagne du Togo. Que retenez-vous ?

Pour une 1ère fois, les Eperviers ont mené une campagne du début de la préparation jusqu’à la fin de la compétition sans se faire distinguer. L’objectif avoué n’est pas atteint même si cette CAN est une étape intermédiaire et inespérée dans la mission confié à Claude Le Roy. Il serait donc tant de tirer les meilleurs enseignements pour mieux préparer les éliminatoires de la CAN 2019. Certains choix tactique de repositionnements de joueurs ont montré leur limite car l’effet de surprise après le match contre la Côte d’ivoire a expiré.

Alaixys Romao, notre meilleur milieu de terrain depuis 10 ans n’a joué que 10 minutes dans sa vraie position et Akakpo en un seul match a été meilleur que plus d’un en 3 rencontres jouées. Claude Le Roy n’a pas été au bout de ses idées ou encore a manqué de courage pour titulariser Maklibè à un poste qui fait tant défaut aux Eperviers. Pour revenir un peu en arrière, Victor Nukafu (ndlr : dans les 25 puis finalement écarté) devait prendre la place de Gakpé qu’il a fini par convoquer, retenu et titularisé à un poste inhabituel pour même surprendre les observateurs occidentaux sur toutes les chaines sportives du monde. Komlan Agbegniadan est monté deux fois au jeu, mais la hauteur des matchs de la CAN, n’était pas de sa taille. Un garçon comme Fessou Placca ne nous aurait pas été plus utile?

Pourtant le premier match a donné des espoirs aux supporters…

Oui, tout à fait. Dans une parfaite organisation couplée d’un bon état d’esprit, l’équipe a tenu à accrocher la Côte d’Ivoire. Si nous avons tous loué la prestation de ce match dans le fond et dans la forme, je regrette le score final pour ne pas dire qu’on n’était pas loin d’un hold up. Il y a 4 ans, la première défaite contre ce même pays à la CAN 2013 a été un indicateur de motivation pour la suite. Mais c’est tout le contraire qui s’est produit en terre gabonaise.

Il n’y pas très longtemps, vous évoquiez pour nous, dans une interview, les méthodes de Claude le Roy. Sur cette CAN, qu’en dites-vous ?

Les choses n’ont toujours pas évolué dans le bon sens. Sinon il aurait pu se rendre compte qu’avant de chambouler le placement de ses joueurs, il devait se fier à certaines références de base par rapport à la performance de l’équipe avant son arrivée. Claude veut être le seul maitre, tout organiser et même faire profiter son réseau sans tenir compte des observations de son propre encadrement. Les joueurs murmurent  de n’avoir pas pris plaisir de jouer pendant cette CAN et la vague de retraites prématurées qui se profile à l’horizon ne feront que confirmer ce que je dis ici haut. On constatera.

Emmanuel Adebayor a impressionné tout son monde durant cette CAN. Vous aussi ?

Oui. J’ai été très charmé par sa performance. Il avait fait des efforts considérables qui lui ont donné raison, et il a montré qu’il avait encore le potentiel pour se produire à un haut niveau. C’est un joueur transformé qu’on a vu pendant cette CAN, dans son attitude, la mentalité, et les dirigeants de Basaksehir ont été attentifs et séduits pour lui offrir un contrat. Pour moi, le joueur est encore capable de belles performances pour aider ses employeurs et son équipe à atteindre leur objectif, mais l’homme doit soigner sa communication pour maintenir et reconquérir l’opinion sportive. Que tout aille bien pour lui, je le lui souhaite.

L’épisode Kossi Agassa avec les débordements de pseudo-supporters après son match contre le Maroc. Comment l’expliquez-vous ?

Agassa a rendu énormément de service à son pays pour mériter une telle fin avec les Eperviers. S’attaquer à ses biens et à l’intégrité physique de ses parents sont des comportements qui sont contraires à la valeur du sport et les auteurs de ses actes méritent d’être sanctionnés. Si à chaque fois que le Togo perd dans une compétition, on doit chercher à désigner le coupable, préparez vous à décourager encore plus d’un qui hésite à venir défendre les couleurs nationales. Le message que ces pseudo supporters ont fait passer ne reflète pas l’image sportive de notre pays.

Nous connaissions tous sa situation sportive avant cette CAN et c’est se mentir de dire qu’il est responsable à part entière de notre défaite contre le Maroc. Pourquoi ne parlons pas des erreurs qui ont précédé les buts? Somme toute, il sera presque impossible de le voir revenir dans le nid et aussi difficile de lui trouver un successeur quand on sait que depuis bientôt 10 ans Tchagouni et Cédric Mensah prestent sans convaincre et ne sont pas des gages de sécurité défensive.

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La CAN 2017 est terminée. Objectif 2019, comme le répète Le Roy. Sur quoi doit-on s’appuyer pour l’avenir ?

Reconstruire l’équipe autour des joueurs cadres disponibles, opérationnels et concernés par le projet et la vision du coach. Il faut souligner qu’on attend beaucoup de cette CAN 2019 pour offrir au public sportif, la meilleure de toutes les participations du Togo. Avant ça, les Eperviers doivent survoler l’Algérie, le Bénin et la Gambie. Les binationaux qui prétendent jouer pour leur pays doivent être animé d’une volonté propre et déterminés à venir défendre les couleurs nationales avec une plus value en matière de performance. Je pense qu’il serait aussi utile de donner une deuxième chance à Dove Wome et Fessou Placca sans oublier Kalen Damessi.

A long terme, les équipes nationales d’âges doivent voir le jour, se maintenir, participer à des compétitions pour assurer la relève. Créer des centres nationales de football supervisés et subventionnés par l’Etat sur toute l’étendue du territoire.

La vision 2019 du coach c’est demain. Faisons en sorte d’éviter la surprise.

Vous voyez ou vous espérez des changements dans ce groupe ?

Tous les secteurs du jeu seront retouchés. Agassa sort sur la pointe des pieds avec l’ingratitude de certains supporters, Gafar Mamah a fini son cycle, Segbéfia n’a séduit aucun coach en plus de 25 sélections pour en faire un titulaire pourtant le garçon est talentueux. Il va falloir détecter des joueurs pour étoffer le nid des Eperviers avant les 2 matchs du mois de mars afin d’être prêt en juin, car on n’a plus le temps, ni droit à l’erreur.


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