Lions indomptables : Le règne sans fin du désordre et de l’amateurisme

L'équipe de la rédaction d'Africa Top Sports




Les Lions indomptables ont toujours mal à leur organisation administrative. Le cauchemar de la mauvaise gestion des troupes refait surface à intervalles réguliers. La preuve par le dernier scandale en date, le « Bruxelles Gate », du nom de la ville belge où les Lions indomptables ont été privés de nourriture quelques heures avant un match amical, le 28 Mars 2017.

Ce grave incident a le don d’en rappeler d’autres. Des couacs successifs qui ne semblent pas avoir décidé les autorités et les responsables de la fédération à mettre enfin de l’ordre autour de la tanière. Revisitons les plus gros scandales de l’équipe nationale de football seniors du Cameroun. André Nguidjol Nlend a été limogé. Tombi à Roko Sidiki, l’homme qui continue de diriger le football camerounais en dépit de l’invalidation de son élection par le Tribunal arbitral du sport (Tas), a mis fin aux fonctions du coordonnateur des équipes nationales de football du Cameroun le 9 mai 2017. Le fonctionnaire à la retraite est ainsi accusé d’être responsable du scandale de Bruxelles. Il est remplacé par l’un des vice-présidents de la Fédération camerounaise de football, Luc Koa.

André Nguidjol paie pour l’incident qui le 28 mars 2017 vit les Lions indomptables du Cameroun privés de repas à quelques heures de leur match amical contre la Guinée Conakry.Les responsables de l’hôtel dans lequel ils étaient hébergés essayaient par ce procédé d’obliger les responsables camerounais à s’acquitter du paiement de certaines de leurs factures. Le scandale avait été révélé par le sélectionneur Hugo Broos après la partie perdue par ses poulains 1 but contre 2.

« Bruxelles Gate », le scandale de trop

La nouvelle avait suscité l’émoi sur place au pays devenant même une affaire d’Etat. Hugo Broos dut revenir au Cameroun pour s’excuser d’avoir humilié les Camerounais en racontant la scène de cette privation de nourriture. « A Bruxelles, j’ai voulu remettre les pendules à l’heure. J’ai peut-être exagéré… humilié le peuple camerounais. Je m’en excuse, » déclarait-il le 4 avril au grand étonnement de l’opinion. Certains se demandant s’il ne s’excusait pas d’avoir dit la vérité.Le « Bruxelles Gate » n’est malheureusement pas le seul scandale qui vient perturber la tanière des Lions indomptables. Cette sélection a une longue tradition de faits cocasses. Il ne se passe quasiment pas une compétition sans que l’on signale des faits divers souvent en rapport avec l’organisation ou la gestion du groupe par les hommes de la Fédération et du ministère en charge des sports. Les cas les plus célèbres restent Nous évoquerons les cas les plus célèbres –les plus retentissantes aussi- demeurent les grèves de joueurs qui surviennent avant les Coupes du Monde Corée-Japon 2002 et Brésil 2014 et celle de Marrakech en 2011.Courant Mai 2002 alors que les Lions indomptables sont en route pour le Japon, un mouvement d’humeur éclate alors qu’ils se trouvent dans la Banlieue de Paris. Le capitaine Rigobert Song Bahanag et ses coéquipiers refuseront de monter dans le Boeing 757 de la défunte compagnie nationale aérienne Cameroon Airlines affrété spécialement pour les transporter en Asie.

Corée-Japon 2002 : le favori désillusionné

Ils exigent le paiement de leur prime de qualification fixée à 30 millions de francs CFA par joueur. Les footballeurs camerounais ne rallieront finalement l’Extrême-Orient qu’après une semaine meublée par le débrayage et une suite de préparation au rabais. Conséquences immédiates, un niveau de jeu pas digne du champion d’Afrique couronné pour la deuxième fois consécutive 5 mois plus tôt et une élimination au premier tour alors que le Cameroun était favori pour une victoire finale…

Comme si les leçons d’il y a 12 ans n’avaient pas été retenues, le Cameroun replonge en 2014.Une fois de plus les autorités sportives n’ont pas su organiser, anticiper. Mauvaise foi ou simple amateurisme ? Toujours est-il que le 8 juin 2014, les joueurs regroupés dans la capitale Yaoundé refusent de prendre place à bord de l’avion qui doit les emmener au Brésil, pays hôte de la Coupe du Monde cette année-là. Portés par le capitaine Samuel Eto’o Fils, ils exigent du Comité de normalisation qui gère alors la Fédération camerounaise de football le paiement en espèces de leurs primes de participation. Soit la rondelette somme de 45 millions de francs CFA pour chacun des 23 joueurs. Les grévistes auront leur argent, prendront l’avion mais ramèneront la plus mauvaise performance du pays de Roger Milla en Coupe du Monde. Eliminés au premier tour, ils terminent derniers de leur poule, derniers du tournoi. Leurs autres statistiques affichent aucun point enregistré,dix buts encaissés, un seul marqué au cours des trois matches livrés. Pas très loin du bilan d’Afrique du sud 2010.

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2011 : Le « Marrakechgate » annule le choc Algérie-Cameroun

Même lors de compétitions non officielles –comme ce fut le cas avec le « Bruxelles Gate »-les éclats de voix se font toujours entendre dans la tanière. La LG Cup disputée au Maroc à la fin de l’année 2011 et remportée par le Cameroun ne le sera pas dans la sérénité. Loin de là.Une fois encore l’équipe refuse de s’installer dans un avion pour des histoires d’argent. Pas question pour le capitaine Samuel Eto’o Fils et ses coéquipiers d’aller livrer un match amical en Algérie si leurs primes de participation à la LG Cup, soit 22 millions de Francs CFA, nesont pas payées.

Ils veulent aussi savoir combien ils toucheront des retombées du match amical contre les Fennecs. Le secrétaire général de la Fédération d’alors, Tombi à Roko Sidiki, fera savoir qu’aucune prime en rapport avec cette rencontre n’était prévue pour eux. Naturellement, les joueurs grévistes ne peuvent pas croire que ce match ne rapporte pas. Pour avoir conduit la révolte des Lions indomptables, Samuel Eto’o sera suspendu quinze mois par la Fédération camerounaise de football. Sa peine sera plus tard ramenée à 8 mois.

« World CUP USA 94 » : L’argent du « coup de cœur » « entre Paris et New-York »

Les Lions indomptables ont vécu d’autres situations tendues ou regrettables lors d’autres compétitions. Les Coupes du Monde de 1990 en Italie et de 1994 sont aussi de celles qui ont fait couler encre et salive. Les revendications pécuniaires ici aussi étaient au centre de la querelle. En 1990, le gardien de buts Joseph Antoine Bell qui se battait aussi pour faire payer les primes du groupe va en être exclu. Il est accusé d’antipatriotisme. Quelques jours avant le match d’ouverture face à l’Argentine l’ancien capitaine de l’Olympique de Marseille confiait à la presse qu’au vu de la préparation qu’il jugeait mauvaise, son équipe prendrait une raclée.

En 1994, pour la Coupe du Monde qu’accueillent les Etats-Unis d’Amérique, les conditions de préparation ne se sont pas toujours améliorées, les problèmes de primes continuent d’empoisonner l’atmosphère. Le milliard de Francs CFA que le Cameroun tout entier a rassemblé pour les Lions indomptables dans le cadre de l’ « Opération coup de cœur ».L’argent, remis à une délégation ministérielle ne parviendra jamais aux joueurs. Le ministre Augustin Kontchou Kouomegni qui était un des porteurs de la valise pleine de chèques de voyages en dollars dira au cours d’une conférence de presse que cet argent « est entre Paris et New-York ». De quoi renforcer l’idée d’un détournement surtout que 23 ans après l’énigme de la mallette du « Coup de cœur » n’est pas élucidée.

Pierre Arnaud Ntchapda


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