Cameroun-Christian Bassogog : « C’est Dieu qui a voulu que j’aille en Chine »

L'équipe de la rédaction d'Africa Top Sports




Les journalistes et leurs collègues cameramen s’impatientent déjà. Voilà plus d’une heure que tous attendent le kick-of de la conférence de presse prévue à 11 heures ce 15 Novembre 2017 dans la petite salle du « Lounge garden », un restaurant situé au quartier chic Bonapriso, dans la ville de Douala, une des principales villes du Cameroun. Tout le monde attend Christian Mougang Bassogog, le meilleur joueur de la Coupe d’Afrique des Nations 2017 et pièce maîtresse des Lions indomptables du Cameroun. C’est aussi le joueur qui a signé un contrat faramineux en Chine après  la dernière édition de la Coupe d’Afrique.

Ça fait longtemps que le champion et les hommes de médias attendent cette rencontre. Ils en sont à discuter pour tromper l’ennui et l’impatience lorsque leur invité est annoncé. Vêtu d’un polo à capuchon gris et accompagné de quelques membres du comité d’organisation de la conférence de presse, il va prendre place au milieu de la table disposée à l’autre bout de la salle.

Le goleador du Henan Jianye s’excuse pour le retard qu’il a accusé. C’est la faute à la forte pluie qui s’est abattue sur la ville de son enfance dès le lever du jour.  Bassogog fait observer une minute de silence. Il rend ainsi hommage à Joseph « Diallo » Siéwé, son formateur  à Fundesport (le centre de formation mis sur pied par Samuel Eto’o Fils)  décédé le 13 octobre 2017.  « Un papa qui m’a beaucoup aidé », se souvient le joueur de 22 ans.  A sa droite est assis Yves Tchamadeu, le consultant football de la télévision camerounaise Canal 2 International. En guise d’ouverture de cette rencontre avec la presse, l’expert, gagné par l’émotion, va faire un témoignage.

Il dit que son ami a dû par moments faire des choix difficiles, qu’il se sent honoré d’évoquer le parcours de ce crack du foot devant la presse nationale et internationale. L’histoire de Bassogog va être aussi racontée au public à travers une évocation illustrée d’images mobiles sur l’écran disposé au « Lounge garden ». Ce sera avant l’entame du  jeu-questions-réponses. L’exercice sera interrompu par une autre projection qui fait voir cette fois-ci les performances du joueur-vedette du Henan Jianye. Elle fait presque toujours rire l’assistance, amusée par les célébrations des buts en langue chinoise.

Au moment de clôturer la conférence de presse, Bassogog exprime sa gratitude aux journalistes en ces termes : « je vais remercier tout le monde.  J’ai été satisfait de vos questions. Je suis quelqu’un de très simple et sociable. Il est vrai que je n’aime pas les caméras mais si j’ai décidé de tenir cette conférence. J’y étais obligé puisque je n’ai pas pu le faire après la CAN.  J’espère que tout le monde va repartir dans de bonnes conditions que Dieu vous protège ».

 

Voici dans leur intégralité les propos tenus par Christian Bassogog lors de la conférence de presse du 15 novembre 2017 à Douala

 

Sur son choix de la Chine

« Je ne dirais pas que mon choix de la Chine pour poursuivre ma carrière est un mauvais choix. Je fais confiance à mes agents. Tout le monde rêve de jouer dans un grand club. J’étais aux Etats-Unis puis au Danemark. Le championnat de ce pays n’est pas tellement médiatisé. Je pense que mes agents ont vu dans le championnat de Chine une bonne solution pour moi. C’est Dieu qui a voulu que j’aille là-bas.  Actuellement je suis sous contrat avec un club chinois. Nous avons tous des fois besoin de prendre du recul, de réfléchir. J’ai déjà eu des sollicitations de certains clubs. Je ne saurais donner les noms des clubs qui l’ont fait. Je suis encore sous contrat avec le Henan Jianye FC. Je suis en vacances. Je ne sais pas s’il y a d’éventuelles propositions.  Je n’exclus pas un retour en Europe. J’ai fait un bon parcours cette saison. Si un joueur a de belles performances dans son club, à tout moment il peut rebondir là où il souhaiterait être. Je citerai le cas de Paulinho qui jouait en Chine et qui a rejoint Barcelone. Il y a aussi Ramirez qui va avoir un contrat avec l’Inter de Milan.  La saison d’avant je n’avais pas marqué autant de buts. J’ai fini avec 10 buts et 5 passes décisives. Je suis le meilleur buteur et le meilleur passeur de mon club. Je n’ai pas disputé  les matches de Coupe. J’étais à la Coupe des Confédérations quand ils se jouaient  et mon club a été éliminé à ce moment-là. En championnat mon club a fini 14ème    sur 16 équipes. Je n’ai pas disputé le dernier match parce que blessé. Mais rassurez-vous mon état de santé s’améliore.  Ça tombe bien parce que je suis en vacances et j’ai le temps de me soigner pour revenir très vite sur les terrains ».

Sur ses rapports avec deux sélectionneurs

Je suis avant tout un joueur offensif. C’est en tant que joueur offensif que je suis arrivé à Avenir et Fundesport. A Fundesport le système de jeu de feu le coach Joseph « Diallo » Siéwé m’a permis d’évoluer dans ce registre. Il pratiquait le 3-5-2 avec des joueurs offensifs. Je n’ai jamais joué arrière gauche comme certains le disent. J’ai de bons rapports avec mon ancien entraîneur à Lion Blessé de Fotouni. Il me manque juste du temps pour le rencontrer. Quant au sélectionneur des moins de 23 ans Richard Towa, j’ai un grand respect pour lui. Il m’a permis d’évoluer. J’ai appris que c’est grâce à lui que j’ai été appelé en équipe nationale. J’ai été présélectionné alors que je jouais en deuxième division sous les couleurs de Lion Blessé. C’était avant que le coach Towa me connaisse. J’ai de très bonnes relations avec Hugo Broos. Je ne considère pas qu’il m’a imposé un poste. C’est celui auquel j’évolue depuis longtemps. Lorsqu’il a déclaré que je devais changer ma façon de jouer, c’était sa manière à lui de me regonfler le moral puisque je dois combler les attentes de beaucoup de personnes. Je ne pense pas que c’était une façon de me dénigrer. Je pense qu’il a bien fait. Si vous journalistes pensez qu’un coach veut du mal à son joueur, vous vous trompez. Il veut juste que son joueur ait plus de qualité, fournisse de belles performances.     

Sur l’élimination du Cameroun de la Coupe du Monde 2018

Je ne culpabilise pas, mais je regrette que le Cameroun ne soit pas qualifié pour la Coupe du Monde 2018 alors qu’il est le champion d’Afrique en titre. Au moins on aurait compris que le Cameroun ne soit pas en Coupe du Monde s’il n’avait pas été champion d’Afrique. Tout footballeur rêve de disputer une Coupe du Monde.

Sur ses performances en baisse en sélection

Tout joueur a besoin de se remettre en question. Après le claquage dont j’ai été victime en championnat, j’aimerais  dire  au peuple camerounais que pour la saison prochaine je reviendrai plus fort. Les billets que j’ai offerts n’étaient pas une façon pour moi de me racheter par rapport aux propos d’Hugo Broos. Si j’ai promis des billets aux Camerounais c’était pour qu’ils viennent nous soutenir, nous encourager, nous aider à avoir un moral très costaud après la claque que nous avions reçue au Nigeria. Malheureusement, nous n’avons pas remporté la victoire que nous recherchions lors de ce match retour joué chez nous.    

Pierre Arnaud Ntchapda

 

 


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