Joueur africain de l’année : L’heure d’Aboubakar a-t-elle sonné ?

L'équipe de la rédaction d'Africa Top Sports




Voilà 7 ans que le Cameroun attend la distinction du football africain la plus prestigieuse chez les hommes. Depuis le 4ème sacre de la légende vivante Samuel Eto’o en 2010 aucun de ses fils ne l’a plus remportée. Cette année, l’attaquant de pointe Vincent Aboubakar charrie les espoirs. Son but décisif et stratosphérique de la dernière édition de la Coupe d’Afrique des nations senior, son début de saison en fanfare au Portugal après un exercice 2016-2017 couronné par un sacre en Turquie sont les atouts que peut brandir le numéro 10 des Lions indomptables. Suffisant pour faire rêver ou espérer nombre de ses compatriotes, mais pas assez pour d’autres, observateurs  parmi les plus avertis qui trouvent que les autres concurrents ont du coffre.  

Dans la short-list des nominés au titre de joueur africain de l’année 2017 publiée le 27 novembre 2017 par la Confédération africaine de football (CAF),  ne figure plus qu’un Camerounais, l’attaquant  Vincent Aboubakar.  Le filtre de la CAF n’a pas laissé passer ses coéquipiers de la sélection L’attaquant de poche Christian Mougang Bassogog et le gardie de but phénoménal à la CAN Joseph Fabrice Ondoa. Les derniers choix de l’instance basée au Caire en Egypte confirment quelque peu le pronostic émis quelques jours avant la sortie de la dernière liste des nominés par l’entraîneur camerounais Honoré Martin Bile Tanga.

Voici ce qu’il  nous répondait lorsque nous lui demandions d’évaluer les chances des Camerounais : « Aboubakar Vincent est celui qui a le plus de chance d’être sur le podium du ballon d’or du africain. Fabrice Ondoua ne joue pas avec son club. Bassogog, meilleur joueur de la CAN 2017, joue en Chine, un championnat qui est sous-côté. Ses dernières prestations avec les  Lions indomptables n’ont pas été très appréciées. Aboubakar Vincent lui joue en Europe et il joue la Ligue des champions dans laquelle il brille ».

CAN Gabon 2017 : Un somptueux but pour une couronne

Aboubakar récolte ainsi les fruits de sa constance tout au long de la saison 2016-2017, constance et même progression observées au cours de la saison 2017-2018 entamée voilà près de quatre mois. Prêté au Besiktas d’Istanbul (Turquie) par Porto, l’ancien de Valenciennes et de Lorient (France) aide son nouveau club à devenir champion en inscrivant 11 buts. Cette performance incite le Fc Porto à prolonger son contrat. De nouveau engagé chez les « Dragons » pour 4 ans alors que l’Olympique de Marseille le voulait, Aboubakar connaît un début de saison tonitruant. En 12 matches disputés, il a déjà marqué 12  fois (9 buts en championnat du Portugal et 3 réalisations en Ligue des champions). Sa performance de la finale de la Coupe d’Afrique des nations a dû l’aider à rafler les suffrages du jury constitué par la CAF.

Grâce à l’enfant de la localité camerounaise de Garoua, le Cameroun tout entier jubile suite à la victoire des Lions indomptables  à la Coupe d’Afrique des nations 2017 le 5 février 2017. A la 88ème minute, le score entre Egypte et Cameroun est de 1-1 l’ancienne vedette de Coton sport de Garoua contrôle de la poitrine, fait le coup du sombrero à son vis-à-vis égyptien et envoie d’une reprise le ballon dans les buts adverses.  C’est le seul but de celui qui a été relégué au banc de touche durant quasiment toute la compétition par le sélectionneur Hugo Broos. Mais un but qui en plus de sa beauté phénoménale vaut de l’or. De l’or massif.   Pour Yves Tchamadeu, le consultant football de la télévision camerounaise Canal 2 international, ce but donne au discret footballeur  « un avantage conséquent pour la distinction ». 

C’est aussi l’avis d’un autre consultant foot, le célèbre Joseph Antoine Bell, qui pense toutefois qu’il aura affaire à forte partie.  « Il a des chances de l’emporter. Son but lors de la finale de la CAN y est pour beaucoup. Maintenant il se trouve que depuis la reprise du championnat il est très performant avec son club. Donc tout cela peut jouer en sa faveur. Mais il faut savoir qu’il y a des adversaires coriaces et si d’un côté ça peut être un souhait qu’un compatriote gagne,  de l’autre j’ai bien la lucidité de la neutralité  pour dire que la rivalité est rude et que en tous les cas, le vainqueur sera toujours un très très bon footballeur », certifie le champion d’Afrique des nations 1984 et 1988.

2017, l’année du réveil

Honoré Martin Bile Tanga pour sa part ne garantit à Aboubakar qu’un accessit. A cause de la grande qualité des autres concurrents.  « Il sera difficile  à Aboubakar d’être ballon d’or. Le favori reste Pierre Emerick Aubameyang, c’est le seul footballeur africain  nominé sur les 50 pour le ballon d’or européen. C’est vrai que ces dernières semaines il a été moins brillant que d’habitude. Derrière lui il y a le guinéen Naby Keita qui a été plébiscité deuxième meilleur joueur de la Bundesliga », pronostique le consultant permanent de l’antenne camerounaise spécialisée Radio sport info.

Il s’en trouve pour s’extasier devant les qualités décelées  depuis plus d’une décennie chez le footballeur de 25 ans. Yves Tchamadeu est de ceux-là. Il salue le réveil qui vaut au numéro 10 des Lions indomptables du Cameroun sa nomination au ballon d’or africain. « Ses performances  sont  allées crescendo. A  Besiktas, il s’est relancé, il allait mieux psychologiquement. Le déclic c’était en 2017 avec la CAN qu’il remporte avec ce but de la victoire en faveur du Cameroun en finale face à l’Egypte. C’est à partir de là qu’il a un déblocage psychologique et se lâche.  C’est un joueur qui a un talent intrinsèque fou. On l’a vu à l’œuvre ici au Cameroun ave Coton sport de Garoua, avec Lorient ou encore Valenciennes. On voit que jusqu’ici, il est pratiquement le meilleur buteur de Porto. D’autre part, c’est lui qui permet à Besiktas de l’emporter à Naples la saison passé alors que cela faisait 17 ans qu’un club turc ne s’était plus imposé en Italie. Le fait de jouer plus souvent l’a réellement mis en confiance. Il ne doit pas s’interdire une victoire », considère le spécialiste

L’entraîneur de football Olivier Vassilios Esseme, un des tout nouveaux responsables nommés à l’Académie nationale de football  est quasiment aux anges, lui qui croit que la sélection de l’ancien pensionnaire de la Ligue 1 constitue la preuve de la reconnaissance de son talent. « Je crois aujourd’hui que ceux qui étaient encore sceptiques sur le potentiel d’Aboubakar comprennent que voilà un bonhomme qui en une saison fait deux championnats. Racheté par Porto, prêté en Turquie, revenu à Porto. Entre les deux passages, il  a toujours été brillant même lorsqu’il est parti en Turquie. Il est bien dans sa peau  je souhaite que cela bénéficie à notre sélection, que cela perdure d’ici la CAN 2019. Car j’aime bien voir jouer Aboubakar. Je sais qu’il a un gros potentiel ».  L’on saura,  le 4 janvier 2018 à Accra au  Ghana, si c’est le crack camerounais qui succède à l’Algérien Riyad Mahrez.  L’on saura si le Cameroun retrouve enfin la couronne continentale chez les hommes après le dernier sacre de l’immense Samuel Eto’o Fils en 2010.

Pierre Arnaud Ntchapda 

 

 


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