Qu’on ne s’y trompe pas. La Côte est bel et bien qualifiée pour la prochaine Coupe du monde 2014. Mais l’euphorie de la qualification (logique selon les Ivoiriens) est rapidement tombée et un autre sujet alimente les débats dans la perspective de la participation de l’équipe au Brésil.
Sabri Lamouchi peut célébrer. pour un coup d’essai, c’est un coup de maître. Arrivé sur la pointe des pieds en côte d’Ivoire il y a un après le limogeage de François malgré une finale de Coupe d’Afrique des nations (2012), le technicien vient de réaliser un exploit retentissant. Lui qui est à ses débuts dans le début qualifie dès la première fois une formation pour une Coupe du monde. Surtout après une CAN 2013 ratée et des critiques à n’en point finir. Raison de plus pour se lâcher mais le Franco-tunisien reste lucide.
Il n’a presque jamais été aimé !
« Sur l’ensemble des deux matches, je pense que c’est mérité. Très sincèrement, malgré les souffrances pendant 18 mois, je suis très fier. Les joueurs ont fait des efforts, on a essayé tant bien que mal de construire quelque chose. On doit continuer dans cette voie-là. Que la Côte d’Ivoire soit représentée pour la 3è fois consécutive, qui plus est au pays du football, le Brésil… Je pense que le peuple ivoirien, qui a souffert comme nous ce soir, doit être fier de ses Éléphants« , confiait-il à la fin de la partie. Oui, fiers les Ivoiriens le sont. Mais de la souffrance, ils n’en veulent pas à chaque rencontre.
Comme Lamouchi le reconnait si bien, les Eléphants ont souffert samedi dernier, presque méconnaissables sur la pelouse du Mohammed VI. Peut-être la pression, peut-être les nombreuses absences. Le public fait la part des choses. « Nous sommes fiers de notre équipe mais c’est lui le problème (l’entraîneur). Je veux pas que nos soldats du ballon rond partent au Mondial sans un bon système de jeu d’ensemble tactique et technique. Nous le remercions de nous avoir qualifiés mais que sa mission s’arrête là pour le bonheur de tous »; « Sabri Lamouchi, je suis en colère contre toi, de quelle Fierté tu parles? Goumain et Crise cardiaque chaque match? même contre le Sénégal ??? »; « Un entraineur comme ça il fout la merde et quand les journalistes le critiquent ils se fâchent en conférence de presse vraiment pitié pour la CI ».
Soutien total de la fédération !
Ces commentaires issus d’une célèbre page Facebook de supporteurs des Eléphants illustrent à perfection le malaise envers le coach. Et ils sont nombreux à vouloir un changement à la tête de l’équipe. Mais pas sûr que la FIF (Fédération ivoirienne de football) soit du même avis. Un employeur qui a été en tout temps derrière son sélectionneur. Et pourtant, Lamouchi n’a jamais véritablement fait l’unanimité. Lors de son recrutement, le public s’interrogeait sur ses capacités. Lui qui n’avait jamais dirigé une équipe, même pas un club et qui se voit propulser à la tête de la meilleure formation africaine. « Je comprends parfaitement le mécontentement de certains Ivoiriens. Ils ont certainement des raisons de douter de moi. Mais, dans la vie, il y a toujours un départ. J’espère que cette première fois sera la bonne. Je suis serein. Pour moi, tout se passe sur le terrain », confiait-il dans Jeune Afrique, avant son premier match contre la Tanzanie le 2 juin 2012.
La presse lui a tiré dessus, la population a boycotté son premier match et ses apparitions sont sifflées. Il a même fallu l’intervention de Didier Drogba, icône nationale, lors d’une conférence de presse d’avant-match: « Ce sont mes derniers matches à Abidjan avec l’équipe nationale. La CAN 2013 et le Mondial 2014 seront mes dernières. Je trouve dommage qu’on boycotte le match de samedi [contre la Tanzanie, NDLR] et qu’on s’attaque au coach ».
Sidy Diallo (président de la FIF) a lui dû demander « pardon au peuple ivoirien »: « Je vous demande pardon. Ne vous fâchez pas. Aidez nous. Mettons la balle à terre ». Aujourd’hui, il doit faire un pied de nez à ses détracteurs. Avec la qualification, il ne verrait pas l’opportunité à 6 mois du Mondial de changer de staff au risque de bouleverser le travail effectué jusque-là. Mais il faudra que Lamouchi puisse convaincre les fans des Eléphants dans les prochaines semaines sur son système de jeu et le choix de ses hommes. On se rappelle même qu’au match aller, Alain Lobognon, ministre ivoirien des Sports, n’avait pas hésité à tacler le sélectionneur: « J’ai vu une équipe du Ghana qui a joué sa qualification ce soir. Pas d’ « essayage » de joueurs ».