Blatter et la place des femmes dans le football international

L'équipe de la rédaction d'Africa Top Sports




Sepp Blatter a fait une sortie pour le moins polémique. Pour le président de la Fifa, le football est avant tout une affaire de muscles, de « macho » pour reprendre ses propres termes. En fait, une manière pour M. Baltter de dénoncer les injustices commises sur les femmes en matière de foot.

Quelle est la place des femmes dans le football international? La question a été posée à Sepp Blatter à la veille de la Coupe du monde féminine U20, qui a débuté mardi au Canada. Répondant à la question, Sepp Blatter a, il faut avoir le courage de le dire, simplement mis les pieds dans le plat. « Le football est très macho, a déclaré le dirigeant suisse dans des propos rapportés par The Guardian. C’est tellement difficile d’accepter les femmes dans le jeu. Pas sur le terrain, mais dans les instances gouvernantes (…) C’est facile en basket, en volley, en athlétisme. Il n’y a pas de problème. Mais dans le football, je ne sais pas… »

Blatter n’a pas tort 

Déjà en 2004, dans son rapport « Femmes et sport », Mme Brigitte Deydier, chargée d’émettre des propositions pour améliorer la place des femmes et renforcer leur rôle dans l’activité sportive, dressait un tableau relativement alarmant de la place des femmes aux fonctions dirigeantes sportives. S’appuyant sur l’enquête réalisée en 2003 par Caroline Chimot, elle constatait que les femmes accédaient rarement aux responsabilités politiques dans le sport puisqu’elles représentaient seulement, à cette date, 3 % des présidents de comités régionaux, départementaux et de fédérations, 13,7 % des membres de bureaux, 3,5 % des présidents de fédérations, 3 % des directeurs techniques nationaux (DTN). Seules quatre fédérations sportives étaient, par ailleurs, présidées par des femmes. 

Dix ans après, le rapport de cette enquête reste encore d’actualité car les avancées restent très relatives: seulement quelques femmes sont à la tête des fédérations de football. 

De la nécessité d’impliquer plus de femmes 

La présence des femmes dans les instances de direction et de régulation du sport n’est pas un but en soi. Toutefois, le regard différent que les femmes portent sur la pratique sportive, moins tourné vers la compétition, mais associé à la recherche du bien-être et à l’amélioration du « mieux vivre ensemble », modifie les modes de gestion des instances sportives. De ce point de vue, les femmes dirigeantes du football sont un atout essentiel pour véritables enjeux de santé publique. 

Pour ce faire, il faut alors trouver des mécanismes non pas coercitifs mais qui favorisent l’implication des femmes dans les instances de gestion du football. On pourrait ainsi penser à créer un réseau officiel de femmes et parrainer les nouvelles dirigeantes. Le Burundi qui dispose de la première femme élue au Comité exécutif de la FIF par Lydia Nsekera par et tout dernière la Sierra Léone avec Isha Johansen ont surement compris le message. Les deux fédérations sont dirigées par ces femmes.

Les fédérations, qu’elles soient nationales ou internationales, doivent prendre conscience les femmes ont un rôle essentiel à jouer dans le football et qu’il ne suffit pas d’élaborer des politiques de développement du football féminin sur le terrain mais aussi et surtout dans les sphères de décision. Clermont y croit sûrement. Cet été, le club de Ligue 2 française a nommé à sa tête l’ancienne internationale Corinne diacre. Une première en France pour une femme à la tête d’un club de foot professionnel masculin.


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