CAN 2015 : Quand les Equato-guinéens se vengent sur les étrangers après l’élimination

L'équipe de la rédaction d'Africa Top Sports




Scènes de vandalisme et de xénophobie jeudi à Bata après l’élimination de la Guinée équatoriale en demi-finales de la CAN 2015 par le Ghana 0-3. Il ne faisait pas bon être étranger au coup de sifflet final.

Dès la fin du match, les autochtones ont pris d’assaut les boutiques, bars à tabac et restaurants détenus pour la plupart par des étrangers (Camerounais, Maliens, Sénégalais). Dans le quartier de Santa Cruz où nous vivons depuis le début du tournoi, on a pu apercevoir du haut du premier étage de notre habitation, les commerçants camerounais et maliens délaissés leurs marchandises pour trouver refuge. La tension était à son comble.

« voici les animaux qui viennent nous battre chez nous »

La tournure de la rencontre n’a guère plu aux Equato-guinéens. Notamment l’attitude de l’arbitre gabonais Eric Otogo-Castane qui accorda un penalty à la 25è aux Black Stars. Pour les équato-guinéens, il s’agissait d’une vengeance de ce dernier dont le pays a été sorti en poules par le Nzalang. Alors que le calme semblait être revenu dans notre rue, nous sortâmes pour trouver à manger.

Accompagnés de notre guide Fabian, chauffeur d’origine gabonaise, nos sens étaient en alerte. Première scène de tension. Une femme qui venait de se douter qu’on était étrangers nous lança en fan (dialecte du pays et parlé dans d’autres pays d’Afrique centrale) : « voici les animaux qui viennent nous battre chez nous ». Aucun geste de notre part. Au retour, les mêmes scènes d’incitation à la chasse aux étrangers se firent entendre dans certaines habitations. « Il faut chasser tous les Gabonais présents ici. Ce sont des jaloux. Ils sont jaloux parce on les a battu. Regardez cet arbitre. Il faut les chasser », entendirent-on au moment de prendre les escaliers pour monter chez nous.

La nuit allait être longue. On se disait que tout pouvait arriver. Les premières sirènes de police se firent entendre dans le quartier. Les patrouilles ont débuté. Sur la voie, des jeunes ont cassé des bouteilles et déversés les ordures (photo ci-dessus pris dans le noir avec un flash insuffisant). Aucun mort, ni de blessés à signaler ce matin à notre réveil. Ces scènes rappellent celles de la Tunisie samedi dernier après l’élimination polémique des Aigles de Carthage en quarts de finale de la CAN 2015 par la Guinée équatoriale.

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Envoyé spécial à Bata en Guinée équatoriale


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