[exclu] Jumaa Saeed (Al-Koweit Club): « Bientôt, j’attaque l’Europe »

L'équipe de la rédaction d'Africa Top Sports




Installé dans le Golfe depuis 2009, Jumaa Saeed vole de succès en succès, de club en club. Adoubé à Al-Salmiya, il vient de s’engager avec Al-Koweit Club, le club phare du Koweit, alors que  des clubs européens étaient sur les rangs. A 23, l’Ivoirien s’accorde une dernière pige avant le grand saut. Ce longiligne attaquant aux allures de Lewandowski et jovial s’est confié à Africa Top Sports, sans faux-fuyants. Lecture.

Vous vous faites appeler Chinanman 45 avec beaucoup de fierté d’ailleurs. Quelle histoire cache ce sobriquet?

 C’est un nom de Dieu. Un matin au réveil, je me suis donné ce surnom. Il n’y a pas de signification particulière. Néanmoins, je dirais que Chinanman, c’est la renaissance, la résurrection.

Doit-on dire que vous êtes passé du  désespoir à la gloire?

Je ne parlerais pas de désespoir, toujours est-il que c’est à partir de ce surnom que  j’ai émergé. Cela remonte à 2013, lors de ma seconde saison à Oman.

Justement, cette saison-là aura été particulièrement glorieuse pour vous. Vous vous en souvenez?

Oui, cette saison-là, j’avais été meilleur buteur et joueur du championnat omanais. Nous avions également raflé le titre de champion et terminé en finale de la Coupe du trône et en  demi-finale de la Coupe du Golfe. Ce fut une saison exceptionnelle.


« En tant que joueur, il ne faut pas trop s’éparpiller »


Prêté dans la foulée, à Al-Salmiya (au Koweit), ce club avait décidé de bâtir son projet sportif autour de vous. A l’époque, vous n’aviez que 22 ans. Comment avez-vous accueilli une telle responsabilité?

Je m’y attendais, vu mes performances à Oman. A deux journées de la fin de la saison, le Cheick de Al-Salmiya m’avait déjà contacté, depuis Paris, pour m’exprimer  son intérêt de m’avoir au club. S’appuyant sur mes vidéos, il avait décidé de bâtir l’équipe autour de moi et essayer de jouer les premiers rôles dans le championnat. Je n’ai pas eu une pression particulière, c’est le travail avant tout.  Quand le travail est bien fait, ça porte ses fruits partout où l’on se trouve.

Pensez-vous avoir été à la hauteur des attentes du club en deux saisons?

En deux ans, nous avons disputé deux finales, une demi-finale de Coupe; nous avons fini 4e ex aequo et ensuite 2e du championnat. Toute modestie mise à part, je suis satisfait de mon apport. A mon arrivée, le club n’était pas assez médiatisé. Ma venue a quelque peu changé les données. Au bout de ma première saison, il y avait d’autres propositions, mais vu que j’étais bien à Al-Salmiya, j’ai opté pour la stabilité. Je connaissais le club, les coéquipiers. En tant que joueur, il ne faut pas trop s’éparpiller. Je me suis dit que ma deuxième saison serait celle de la confirmation. Et comme j’étais en prêt, ils ont décidé de racheter mon contrat.

Pourtant, contrairement à la première saison, vous avez été moins en réussite offensivement. Vous avez inscrit 09 buts contre 14. Pourquoi cette baisse de régime?

La première année, on joue contre les gros et on les bat. Par exemple on étrille Qadsia (6-0) sur ses installations; ce qui ne leur était jamais arrivé. Ce jour-là, je réalise un doublé et délivre trois passes. Derrière, on est intenable et j’inscris 17 buts sur la saison. Comme je l’ai dit tantôt, la deuxième année était celle de la confirmation, autrement dit continuer ce que j’avais commencé. Collectivement, je pense que le bilan est satisfaisant. Nous avons terminé 2e en championnat et remporté la Coupe du trône. Après, personnellement, j’ai connu quelques difficultés avec les dirigeants. Du coup je n’étais pas trop concentré sur le terrain. J’ai contracté aussi des blessures. En tout, j’ai disputé 15 matches. Le ratio but est bon à prendre, mais je peux faire mieux. Si j’avais fait une bonne préparation, le club aurait pu finir champion. Je n’étais pas à 100%.

Il y avait beaucoup de propositions notamment en France, en Allemagne, en Espagne, pourquoi avoir choisi de signer en faveur d’Al-Koweit Club? Est-ce un choix sportif ou financier?

(Rire) C’est un choix à la fois sportif et financier. Le football est un métier, un gagne-pain. Quand tu joues, le club qui reconnaît ta valeur te fait des propositions en conséquence. Je pense que Al-Koweit Club m’a respecté sur le coup, donc j’ai accepté de signer là-bas.

A cette allure, vous êtes parti pour écrire une légende au Koweit, n’est-ce pas?

Ecrire une légende, c’est trop dire. Mais en deux ans, étant joueur de  Al-Salmiya, je me suis fait quand même un nom, je me suis fait une place. Pour la postérité, les gens retiendront que Jumaa Saeed a contribué à écrire l’histoire du club.

La Coupe du trône remportée cette saison a été donc un beau cadeau d’adieu!

Absolument. Cela faisait 15 ans que le club n’avait plus goûté à Dame Coupe. Imaginez 15 ans après, tu fais partie de la génération qui ramène le trophée au club! C’est une fierté. Pour longtemps, les gens parleront de toi. Ca fait plaisir.

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« Pour le moment, je me sens bien dans le Golfe »

Que vous rappelle la date du 27 octobre 2010.

 Ca me rappelle mon premier but avec Al-Aïn (Emirats arabes unis). J’étais en jeunes et en septembre on m’a fait un contrat pro.  Ensuite, je me suis blessé. De retour de blessure, j’étais dans le groupe pour le match contre Al-Wasl. J’étais entré en cours de jeu et j’ai marqué. Nous avions fait 2-2 à l’extérieur. C’est là que tout a commencé. C’était la première fois que je jouais en pros, devant les cameras avec des joueurs de renom tels que Valdivia, Emerson.

Vous faites partie des ces joueurs nés en Côte d’Ivoire  qui ont fait leur trou à l’extérieur sans avoir joué le championnat national…

A l’école, je disais toujours à mes amis, que si j’abandonnais  les études pour le football, c’est pour aller  jouer à l’extérieur, en Europe ou en Asie.  Pour moi, le football, c’est là-bas. Après, c’est la grâce de Dieu. Mais, toujours est-il que j’étais convaincu de pouvoir monnayer valablement mon talent dans ces championnats.  Je savais ce que je voulais. Je disais à mon père (paix à son âme) que mes deux jambes seraient sa source de survie.

En signant à nouveau au Koweit, n’avez vous pas le sentiment de réduire les chances d’atterrir en Europe?

Le football, c’est avant tout le travail, on peut être toujours performant quel que soit l’âge. Chacun à sa manière de travailler, chacun a son hygiène de vie. Pour moi, l’Europe, ce n’est pas pressé; j’ai tout le temps. Pour l’instant, je me sens bien dans le Golfe. Je joue dans les meilleurs clubs, je remporte les trophées. Quand le moment viendra d’aller en Europe, je m’en irai sans problème.

Vous sachant jovial et bon vivant, on se demande comment vous avez réussi à vous imposer dans les pays du Golfe avec toutes ces restrictions en vigueur?

Ceux qui se posent cette question ne me connaissent pas suffisamment. En réalité, j’ai deux faces, autrement dit deux modes de vie. J’ai une vie de vacances et une vie de travail. Ce sont deux choses totalement différentes. Je fais la part des choses. Il faut me connaître mieux pour savoir qui je suis. Je ne plaisante pas avec le travail; c’est ma raison d’être. Si le travail n’est pas bien fait, on ne pourra pas m’acclamer, alors je ne pourrai pas m’amuser non plus. Je sais d’où je viens. Pour ne pas retourner dans la merde, je dois travailler.

« Faire mon bilan avant d’attaquer l’Europe »

Malgré vos exploits dans le Golfe, vous restez jusqu’ici en marge de la sélection ivoirienne. Comment réagissez-vous à cette situation?

J’ai l’habitude de dire que les hommes portent la montre, mais seul Dieu a le temps. Si l’on estime que les joueurs évoluant au Golfe n’ont pas le niveau pour être appelés en équipe nationale, c’est au sélectionneur et au président de la Fédération de voir. Sinon, ils y a des joueurs qui quittent le Golfe pour aller s’imposer en Europe pendant que d’autres ont du mal à faire le chemin inverse. Pour vous dire que le football est le même partout. Il suffit de travailler pour atteindre ses objectifs.

Courtisé par plusieurs pays du Golfe, notamment le Qatar, le Koweit, seriez-vous disposé à opter pour une sélection autre que celle de la Côte d’Ivoire?

Le plus important pour moi, c’est d’abord ma carrière professionnelle. La carrière internationale vient après. Cela dit, si la Côte d’Ivoire m’appelle, je viendrai immédiatement. Mais s’il s’agit d’        un autre pays, je réfléchirai longtemps avant de prendre une décision.

Quel objectif vous vous fixez pour votre nouvelle aventure à Al-Koweit Club?

J’arrive à Al-Koweit club pour gagner des trophées. Aussi bien en championnat qu’en Ligue des champions d’Asie. C’est pour cela qu’ils m’ont fait venir. Je n’ai aucune pression à ce niveau. Par ailleurs, à Al-Koweit Club, c’est le moment pour moi de faire un bilan. C’est pourquoi j’ai décidé de signer un an alors qu’ils avaient proposé un contrat de deux ans. A 24 ans, je vais voir un peu plus clair dans ma carrière, dresser un bilan global, avant d’attaquer l’Europe.

EMGEY MARTIAL à ABIDJAN,


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