[exclu] rencontre avec Ramo Badohoun, coach togolais de foot féminin aux USA

L'équipe de la rédaction d'Africa Top Sports




Au pays de l’Oncle Sam où il vit depuis plus de 10 ans, Ramo Badohoun assouvit sa passion du football en encadrant des équipes notamment féminines. Son rêve: apporter sa contribution à la discipline dans son pays, le Togo. Interview.

Présentez-vous à nos lecteurs…

Je suis Ramo Badohoun, Directeur Technique de Rush Afrique et de So Cal Rush. Je suis aussi entraineur de football de profession ici aux Etats-Unis dans le Sud de la Californie. Je suis né au Togo et a passé beaucoup de temps dans le quartier de Tokoin Solidarité. J’ai notamment développé l’amour du ballon rond avec le club ASAD. J’ai par la suite quitté le Togo pour rejoindre mon père en France, autre pays du football où j’ai encore appris beaucoup. Je me suis rapproché encore plus du foot. Depuis 2003, j’ai rejoint les USA pour apporter mon amour du ballon rond au pays de l’Oncle Sam où je réside depuis 13 ans maintenant.

Comment avez-vous atterri aux Etats-Unis pour embrasser une carrière d’entraineur ?

La réalité c’est que j’ai toujours été passionné par le pays de l’oncle Sam depuis mon enfance. Alors quand je poursuivais mes rêves de footballeur professionnel en Europe, j’avais toujours ce désir dans ma pensée. Donc une fois, une blessure est venue couper mon enthousiasme dans ce rêve nourri par tant d’entre nous depuis notre enfance en Afrique. J’ai alors décidé de poursuivre mon rêve d’enfance de venir aux USA et d’apporter ma connaissance et passion du football aux jeunes joueurs américains.

Ce ne fut pas facile de partir comme ça au pays de l’oncle Sam mais avec courage, détermination et beaucoup de bénédiction aujourd’hui je fais exactement ce que je suis venu faire: partager ma passion du football aux jeunes et les influencer d’une façon positive en utilisant comme outils ma passion et connaissance du foot. Et je peux dire que cela fait 13 ans que ça marche à merveille et je m’en réjouis.

Aux Etats-Unis, le foot féminin est quasiment plus populaire que celui des hommes. Comment l’expliquez-vous ?

Les Etats-Unis sont l’un des premiers pays les plus démocratiques au monde. Avec cette démocratie, cela donne beaucoup de liberté et comme vous le savez très bien la liberté humaine peut avoir ses avantages comme désavantages cela va de soi.

Ceci a permis à la gente féminine d’essayer et de toucher à tout dans ce pays y compris le football. Je peux spéculer comme la population masculine est beaucoup trop attirée par les sports rois d’Amérique comme le basketball, le football américain (ndlr: rugby en Europe et dans d’autres parties du monde) et baseball, alors les filles eux se permettent de jouer à notre football qu’on appelé ici « soccer ». Voilà pourquoi le football féminin a une telle avance sur le football masculin qui commence à planter son décors dans le Nord de l’Amérique surtout par les intérêts de gens mais aussi des investisseurs qui y trouvent un bon moyen de faire des profits sur la scène internationale étant donné le nombre de passionnés et amoureux du foot dans le monde.

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Comment le foot féminin en Afrique peut-il mieux se développer ?

L’Afrique a pris beaucoup de retard dans beaucoup de choses, mais elle se rattrape petit à petit. Ce que l’Afrique doit faire c’est changer la mentalité. Il me semble que nous avons une mentalité qui semble nous dire que si je partage ma connaissance avec une personne j’en aurai moins, mais au contraire cela élargirait les possibilités de cette connaissance qui peut être limitée si je suis la seule personne à la posséder. Par contre en partageant ma connaissance avec d’autres, ils peuvent découvrir des faces cachées et avec leur intelligence propre à eux améliorer les choses.

Il faut donner de liberté aux gens et élargir les possibilités de ce que les femmes peuvent faire. Il est vrai qu’à l’époque où nous étions enfants, les filles ne faisaient presque rien à part aller à l’école pour celles qui sont chanceuses mais pour beaucoup elles sont plutôt des sources de revenus pour des familles pauvres donc elles doivent aller au marcher et aider dans la maison afin d’augmenter le revenu familial.  Donc elles n’avaient pas le temps d’expérimenter quoique ce soit et comme cette habitude s’est transmise ainsi de générations en générations. Aujourd’hui, le monde occidental par le biais de la technologie nous ouvre les yeux sur les myriades de possibilités qui se présentent aux filles. Donc nous devons continuer sur cette lancée en éduquant les mentalités et commencer aussi à permettre et faciliter aux jeunes filles qui le désirent d’intégrer une bonne structure pour pratiquer le football mais surtout les protéger des potentiels prédateurs qui peuvent y trouver un moyen d’abus. Il ne faut pas prétendre que cela n’existe pas. Nous devons nous assurer qu’il y a vraiment des codes de conduite où les jeunes filles sont très bien protégées mais aussi leur permettre de pratiquer les sports dès leur bas âge sans aucun harcèlement sexuel qui peuvent entériner la complète liberté d’expression.

Une fois que l’Etat s’est assurée de mettre une structure qui va contrôler la pratique du foot féminin, il faudra peut-être mettre cela dans les écoles pour faciliter l’organisation et l’intégrer au système éducatif. Organiser de petits championnats et mettre tout en place pour les filles comme les garçons. Mais je le répète avec des règles très strictes en ce qui concernent les filles car les rapports femme et homme ne changeront jamais.

Je pense qu’une fois que ceci est fait, les choses iront bien. Même dans un pays comme les USA, ces choses existent mais il y a une loi qui punit tout abus donc c’est très rare même si beaucoup prennent quand même les risques pour consciemment ou inconsciemment payer les conséquences qui en découlent. Attention je suis sûr beaucoup de pays en Afrique font des progrès énormes dans ce domaine mais compte tenu du manque de qualité des équipes féminines africaines cela me fait dire que ce fléau est récent et cela demande encore beaucoup de travail et d’organisation dans beaucoup de pays et tant mieux pour les pays qui sont sur la bonne voie.

Vous êtes originaires du Togo. Avez-vous des projets en Afrique ou encore pour votre pays en particulier ?

Oui je suis Togolais et mon cœur a toujours battu pour mon peuple africain et togolais et j’ai toujours eu ce désir de voir mon peuple fier de sa progéniture et j’ ai toujours eu cette envie de rendre aussi mon peuple heureux et en vouloir toujours apporter mon soutiens dans ce que j’aime pour qu’on partage ensemble cette passion dans la réussite comme dans l’échec.

Malheureusement moi je ne sais que faire cela à travers le football. Il n’y a qu’à travers ce sport que je sais rendre les gens heureux. Etant donné que j’ai eu l’avance et l’opportunité sur beaucoup de gens d’être au contact du football féminin dans un pays où le foot féminin est roi, je pense que je peux avec aucune hésitation apporter ma contribution et adapter ce que j’ai appris ici à mon pays. Mieux ayant vécu dans les deux mondes et connaissant très bien la réalité des deux, je pense un mixage des qualités et valeurs culturelles de chacun conjuguées avec les principes du football peuvent nous aider à progresser au Togo tout en restant quand même fidèles à notre façon de faire. Les critères seront les mêmes mais les détails contenus dans la méthodologie seront adaptés à notre culture. Si ma profession me le permet j’aimerais contribuer au développement du foot féminin au Togo sauf si la fédération souhaite me libérer de mes obligations ici pour aider d’une façon régulière. Je serai aussi ravi dans ce sens.


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