Cameroun : Les stades « olympiques » promis par la FECAFOOT toujours invisibles

L'équipe de la rédaction d'Africa Top Sports




Dès son arrivée à la tête de la Fédération camerounaise de football, Tombi à Roko Sidiki, a entrepris de concrétiser l’une de ses promesses de candidat. A savoir doter certaines villes du pays de stades de football modernes. Une convention a rapidement été signée avec 7 communes et un entrepreneur trouvé.

L’on promettait que tous les stades seraient disponibles dans des délais assez courts. C’était sans compter avec les imprévus de toute nature : problèmes de financement, non respect des engagements, etc. Le nombre des stades annoncés a été revu à la baisse. Pourtant aucun des 4 qui restent à construire immédiatement ne sont pas toujours sortis de terre 9 mois après l’expiration du premier vrai délai. Le projet est rythmé ces derniers temps par l’affrontement entre le constructeur Ben Modo et la Fédération. Retour sur ce feuilleton qui consacre le premier gros échec de la présidence Tombi. Yaoundé capitale du Cameroun, le 24 novembre 2015. Le bureau fraîchement élu (mais déjà contesté) de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT), les maires de 7 villes du pays et quatre membres du gouvernement camerounais sont réunis à l’hôtel Mont Fébé. Tous sont là pour la signature d’une convention de partenariat entre la FECAFOOT et les magistrats municipaux. Elle concerne la construction de stades dans 7 communes. Les localités bénéficiaires des ces « stades olympiques » sont Bafia, Bafang, Bangangté, Bamenda, Ngaoundéré, Ngoumou, Sangmélima. Des maquettes de leurs futurs stades sont exhibées. Ce qui est présenté comme le début de la mise en œuvre du programme quadriennal du président Tombi à Roko Sidiki devrait se matérialiser par la construction de stades de football aux terrains recouverts de gazon synthétique.

Un si beau projet…

L’objectif clairement affiché étant de mettre à la disposition du public et des footballeurs des infrastructures plus modernes. Ce qui selon le « boss » de Tsinga (c’est le nom du quartier de Yaoundé qui abrite le siège de la fédération) va améliorer la qualité du spectacle sur les terrains. La FECAFOOT doit concevoir et financer les travaux des terrains et accessoires.Pour leur part les mairies vont construire les gradins et les vestiaires. Les tâches d’entretien leur incombent également. Tombi à Roko annonce que les travaux débutent en janvier 2016 et que les premiers terrains seront livrés en juin de la même année. Ils ne démarreront vraiment qu’en avril 2016 avec les cérémonies de pose des premières pierres. Le délai de leur livraison ne change pas. Ils doivent être achevés au bout de six mois.

Les gradins du stade de Bafia

Un obstacle de taille apparaît. C’est le refus de la banque des communes le Fonds spécial d’équipement et d’intervention intercommunale (Feicom) de mettre de l’argent dans la construction du stade de Ngoumou, une des villes qui devait bénéficier de la modernisation deleur arène. Son directeur général Philippe Camille Akoa s’explique dans une lettre adressée au président du conseil d’administration du club résident, Renaissance. Il trouve la quote-part dévolue aux communes exorbitante et dit sa volonté de voir la FECAFOOT démontrer qu’elle a effectivement mobilisé la sienne.

M. Akoa dit attendre toujours de voir le business plan de la FECAFOOT « qui montrerait que le mode de gestion et les recettes générées par l‘exploitation des infrastructures à réaliser permettront le remboursement du crédit sollicité». Il termine en ajoutant qu’il n’est pas possible pour le FEICOM de financer la contrepartie exigée à la Commune de Ngoumou ni de délivrer une garantie bancaire à cette institution dans le cadre de la réalisation de ce projet.Faut-il le rappeler le contexte n’est pas très favorable à la Fédération qui ne peut accéder à tous ses comptes bancaires du fait d’une décision de justice qui empêche son dirigeant d’y retirer de l’argent. Les banques (ECOBANK et UBA), saisies par ceux qui contestent son élection, ne considèrent pas Tombi à Roko comme le président de la fédération camerounaise de football. C’est l’argent qui manque le plus Est-ce ce le refus du Feicom doublé de cette relative impécuniosité qui font traîner le projet ?Difficile de répondre mais l’on doit se rendre à l’évidence. En septembre 2016 soit à un mois de la fin du délai imparti, pas grand-chose n’est fait. La FECAFOOT, réunie en comité exécutif à Limbe sur la côte camerounaise est alarmée. Elle décide de mettre en place un« comité ad hoc de suivi et d’évaluation des travaux de construction des stades de Bamenda, Bangangté, Bafia et Sangmélima » -oui vous avez bien lu : l’on ne construira finalement que 4 stades tout de suite et plus 7-. Ledit comité comprend 3 membres conduits par le député Luc Koa. «Nous avons signé un contrat avec un opérateur. Mais nous avons constaté que le rythme des travaux n’est pas tel que nous l’espérions. C’est pour cette raison que nous avons mis un comité afin qu’il fasse un suivi, une sorte de marquage à la culotte», expliquera Tombi à Roko.

L’entrepreneur indexé est Ben Modo, le directeur général de l’entreprise Prime Potomac. L’Américain d’origine camerounaise rejette la responsabilité du retard sur son partenaire. «Il n’a jamais été question d’un quelconque paiement par la FECAFOOT avant l’exécution des travaux. Nous n’avons pas exigé le moindre franc. Il se trouve que nous avons demandé une caution bancaire devant garantir le règlement de notre facture au terme des travaux, ce que la FECAFOOT n’a pas pu faire ». La caution bancaire exigée s’élève à 1 milliards 600 millions de francs Cfa. Or la Fédération n’avait jusque-là versé que 782 millions de Francs.Ben Modo va même solliciter une prorogation de délai. Il souhaite que l’on lui laisse jusqu’à décembre 2016 pour tout boucler. Mais au moment M toujours aucun stade sorti de terre. Nouveau rendez-vous manqué.

fecaffot

Prime Potomac et Ben Modo contre FECAFOOT

On ne parlera plus des stades jusqu’au mois de mai 2017 lorsque Ben Modo se fait entendre.Sur l’antenne de la capitale camerounaise Royal Fm, le directeur général de Prime Potomac se plaint de ce que Tombi à Roko a décidé de confier à son frère cadet des parts du marché de la construction des 4 stades modernes attendus. Il estime qu’il lui a remis 320 millions de francs Cfa de façon frauduleuse. C’est un proche du « président » de la FECAFOOT propriétaire d’un journal et d’un site Internet qui va lui répondre à travers ses publications. Léopold Yamdjeu Tchatchouang –c’est son nom- accable Modo le 29 mai 2017 sur le journal en ligne www.lasymbiose-news.com. Il l’accuse de n’avoir pas apporté la quote-part de sa structure.L’on apprend qu’il a sollicité en vain auprès d’Afriland first bank la somme de 600 millions de francs Cfa.

Selon le journaliste, l’entrepreneur a vu ses honoraires payés à au moins 80 millions de Francs Cfa. Notre confrère ne s’arrête pas là et enfonce le clou. « Dans sa volonté de vider les caisses de la FECAFOOT, il a demandé des remboursements de : billets d’avions lorsqu’il venait au Cameroun négocier le marché, le remboursement de l’ingénierie et il a facturé à 10 millions le coût des études (plans). Nulle part, cela ne se fait », écrit l’ami de Tombi à Roko Sidiki avant de conclure que l’ancien pasteur doit s’estimer heureux. « Car sous d’autres cieux, il pouvait être poursuivi. Mais c’est lui qui fait chanter la Fécafoot », se désole le rédacteur du brûlot. Il fait peut-être allusion à cette plainte que le partenaire de la FECAFOOT a déposée contre elle auprès de la Conac (Commission nationale anti-corruption). La Fédération de son côté s’active à sauver les meubles. Elle a engagé une entreprise turque. En mai passé celle-ci a entrepris de monter les gradins du premier des 4 stades à construire, le stade municipal de Bafia.

Les mauvaises langues disent que l’on commence par celui-là parce que c’est une localité du département d’origine de Tombi. Ce n’est pas la seule polémique que ces travaux charrient.Certains trouvent inapproprié le choix des gradins en métal soutenus par de la ferraille. A la vue des images de ces gradins un détracteur des actuels dirigeants de la Fédération va s’écrier un brin moqueur : « comment est-ce que Ngando Pickett (le grand supporter du football) va faire pour se mouvoir là-bas ? ». Ainsi se poursuit le feuilleton des stades FECAFOOT. Lancé avec faste voilà bientôt deux ans, le projet est devenu un serpent de mer. « Jusqu’ici, on ne peut pas dire que les choses se sont faites comme prévu… Nous avons eu trop de retard pour des histoires qui laissent vraiment songeur… En 13 mois de projet, on a véritablement eu 3 ou 4 mois de travail effectif. Le reste du temps, il fallait attendre soit que les paiements soient faits, soit alors il fallait négocier sur des questions pourtant claires dans les contrats »,résume Ben Modo, le patron de l’entreprise Prime Potomac. Et dire que Tombi à Roko Sidiki comptait légitimer son pouvoir contesté avec ces grands chantiers…

Pierre Arnaud Ntchapda


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