Comment la réunion de Conakry a divisé les opposants à la FECAFOOT

L'équipe de la rédaction d'Africa Top Sports




La réunion de conciliation entre acteurs de la crise à la Fédération camerounaise de football organisée à Conakry le 11 juillet 2017 a sérieusement mis à mal l’unité des opposants à l’équipe de dirigeants conduite par Sidiki Tombi à Roko. Les membres de cette coalition pourtant forte et unie jusque-là se sont divisés à la dernière minute. Ils ne s’entendaient plus sur la nécessité de répondre à l’invitation de la Fédération internationale de football association. Evocation d’une rupture.

La coalition de clubs de football opposée à l’actuelle direction de la Fédération camerounaise de football a perdu de sa superbe. Ses membres se déchirent depuis que la Fédération internationale de football association (FIFA) a entrepris de réunir les principaux acteurs de la crise du football camerounais autour d’une table. L’union des opposants s‘est brisée au moment où il a fallu se rendre en Guinée, pays choisi par l’instance faîtière du football mondial pour abriter la réunion dite « de conciliation » entre ceux qui font office de président et secrétaire général de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT) et les représentants des clubs qui contestent avec la plus grande virulence la légitimité des actuels dirigeants du foot camerounais.

Il y a dans ce groupe ceux qui ne veulent pas d’une réunion de conciliation et refusent de se rendre dans la capitale guinéenne Conakry le 11 juillet 2017. Les autres choisissent d’honorer l’invitation de la FIFA. Les tenants du boycott que la FIFA avait conviés sont Abdouraman Hamadou, le président du Conseil d’administration du club de 3ème division Etoile filante de Garoua et Domingo Akoué Epié, président de Jeunesse Star de Yaoundé, une autre formation de division 3. Joseph Antoine Bell, dirigeant de Bandjoun football club de Douala (D3),Prosper Nkou Mvondo, patron de Ngaoundéré football club (D3) et John Balog, dirigeant d’Authentic football club de Douala (D3) sont ceux qui ont accepté de se rendre en Afrique de l’Ouest.

Bell et Abdouraman en désaccord

Les positions, d’abord émises dans le secret des états-majors des concernés, vont être dévoilées en public plus tard. Le 1er juillet, lors de l’assemblée générale extraordinaire de l’Association des clubs de football amateurs du Cameroun (Acfac), qui se tient à Yaoundé, le sujet « réunion de Conakry » est à l’ordre du jour. Les partisans d’un voyage en Guinée et ceux qui s’y opposent exposent leurs arguments. Le débat est parfois houleux. Les organisateurs décident de donner la parole aux représentants de l’Acfac dans les 10 régions du Cameroun. 7 d’entre eux pensent qu’il faut aller à la réunion de la FIFA, 2 autres sont d’accord mais posent des conditions. 1 seul s’oppose à ce que les personnes conviées prennent l’avion. Des enregistrements « clandestins » d’un journaliste permettent de savoir ce qui s’y est dit.

L’on entend par exemple Joseph Antoine Bell dire ceci : « vous voulez qu’on n’y aille pas ; je ne comprends pas si nous avons les moyens de faire plier la FIFA… On nous a dit «conciliation» personne ne nous a dit « réconciliation ». J’ai entendu Abdouraman proclamer que la FIFA est la mafia, Joseph Owona ne déclarait pas ça avant? Ça empêche la FIFA de continuer de vivre et le Cameroun d’en être membre? Ça empêche la FECAFOOT d’en être membre y compris la FECAFOOT où Abdouraman était membre ? … Je crois que nous avons un problème. Si nous ne comprenons pas que pour jouer au football, il faut être à la FIFA on va jouer au RUGBY. Si nous voulons jouer au football se sera avec la FIFA ».

fecaffot

Abdouraman Hamadou Babba raconte le long combat qu’il a mené contre les actuels patrons de la FECAFOOT. La FIFA nous renvoie vers la convention de 1958. a veut dire que le CAMEROUN a notifié en 1958 l’Assemblée Nationale et le Président de la République. Ca veut dire que c’est le problème de l’Etat du CAMEROUN pour aller sortir les TOMBI. La FIFA estime que si elle nous appelle c’est pour un arrangement entre nous et elle nous a indiqué qu’elle considère Monsieur TOMBI comme Président et Monsieur BLAISE MOUSSA, Secrétaire Général, ce qui n’est pas vrai. Depuis quand est-ce que c’est quand on veut finir un procès après avoir passé deux ans, dépensé des dizaines de millions risqué nos vies, quand les autres ont perdu c’est à ce moment qu’on nous appelle pour un arrangement. L’arbitre qui nous appelle n’est pas un arbitre, il a le même maillot que notre adversaire, ils sont dans la même équipe. Vous voulez allez dans ces conditions ? J’ai dit non au premier Ministre du Cameroun. On m’a envoyé tout le monde, des Ministres. On m’a convoqué là-bas au siège du RDPC, j’avais en face de moi trois ministres, le PM lui-même m’a appelé en tête à tête je ne peux pas vous dire ce qu’il m’a promis ce qu’on me dit ».

Le temps de la division

Les invités désireux de voyager vont considérer cette espèce de référendum comme un quitus de l’Association. Jusqu’à ce qu’une lettre de son président datée du 8 juillet 2015 vienne ébranler leurs certitudes. «Comme vous le savez, conformément à la résolution de l’Assemblée générale de l’Acfac réunie en session extraordinaire le 1er juillet 2017, j’ai saisi la FIFA par lettre du 3 juillet 2017 pour solliciter des informations complémentaires relatives au contenu de l’ordre du jour de la réunion de l’ordre du jour de Conakry et des qualités respectives de M. Tombi à Roko Sidiki et de M. Moussa Blaise, compte tenu de la confirmation de l’annulation de l’élection de M. Tombi à Roko Sidiki par le Tribunal arbitral du sport (TAS). Face au silence de la FIFA sur ces deux réserves formulées par l’Assemblée générale, je vous demande par la présente de ne pas prendre part à la réunion convoquée parla FIFA à Conakry en Guinée », écrit Henri Claude Balla Ongolo.

Il ne sera pas écouté car Bell, Nkou Mvondo et Balog vont prendre part à la réunion de conciliation de Conakry. Ce qui amène des membres de l’ACFAC et certains de leurs amis à leur coller l’étiquette de « traîtres ». Après la fameuse assise les mêmes jurent que les voyageurs n’y sont allés que pour négocier des postes dans le cadre du comité de normalisation qui croient-ils, sera mis en place. Pas la solution à la crise pour ces irréductibles qui ne jurent que par l’application de la sentence du Tribunal arbitral du sport qui a invalidé le plébiscite de Tombi à Roko Sidiki depuis en 2015. En mais dernier pourtant le groupe des 5(Bell, Abdouraman, Akoué, Balog et Nkou Mvondo) avait pourtant été unanime lorsqu’il s’était agi de conditionner sa participation à la réunion de la FIFA par la non reconnaissance de Tombi à Roko comme président de la FECAFOOT.

L’éclatement de cette coalition sonne le glas de deux années de combat et même un peu plus côte à côte. Mené par Abdouraman Hamadou Babba qui s’est d’abord attaqué aux incohérences du Comité de normalisation, le front pour le respect de la légalité s’est renforcé après l’élection de Tombi à Roko. L’attelage a résisté aux divergences de vue sur la succession du bureau illégitime à la tête de la FECAFOOT. En effet alors qu’Abdouraman et quelques autres soutenaient que ce serait le bureau issu de l’élection de 2009 qui devait revenir aux affaires et organiser de nouvelles élections. Bell pensait et pense toujours qu’il faut juste mettre en place un nouveau comité de normalisation. S’il arrive finalement (des informations persistantes disent que c’est la principale résolution de la réunion de Conakry) il remettra donc au goût du jour la querelle au sein d’un groupe désormais profondément divisé.

Pierre Arnaud Ntchapda


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