[exclu] Tom Saintfiet: « depuis 19 mois, Le Roy n’a gagné que Djibouti »

L'équipe de la rédaction d'Africa Top Sports




Passé par la Namibie, l’Ethiopie, le Malawi, le Togo, Zimbabwe, l’Afrique du Sud, la Tanzanie en Afrique, Bangladesh, Trinité et Tobago, Tom Saintfiet est de ces entraineurs comme appelle affectueusement « globe-trotter ». Même si l’intéressé n’aime pas le terme.

Avant d’affronter l’Estonie en match amical avec sa nouvelle équipe de Malte, le Belge s’est posé pour répondre à nos questions. Il évoque notamment sa carrière, son successeur chez les Eperviers, Claude Le Roy et son amour pour le continent noir. Lecture.

Comment le prenez-vous quand on vous appelle globe-trotter ?

Je ne suis pas un globe-trotter. Je suis un coach international et parce que je parle beaucoup de langues, j’ai des offres de travail partout dans le monde. Je déteste en réalité ce terme. Philippe Troussier, Claude Le Roy, et d’autres entraineurs ont aussi travaillé dans plusieurs endroits dans le monde.

Pourquoi avez-vous du mal à rester sur le long terme avec vos équipes ?

Ceux qui en parlent ne savent pas exactement pourquoi. J’ai toujours eu des contrats de courte durée. En Ethiopie, j’ai signé pour 5 mois, au Malawi, 3 mois et au Bangladesh aussi 3 mois. J’ai toujours été au bout de mes contrats et après les fédérations n’avaient plus de budget pour recruter un entraineur étranger. On m’a toujours demandé de rester mais sans moyens, on ne pouvait pas faire de matchs.

En Namibie, j’ai quitté après 2 ans et demi parce que le Zimbabwe qui me voulait avait racheté le reste de mon contrat. A Trinité et Tobago, je suis parti parce que je n’avais pas le soutien de la fédération. Je n’avais jamais les joueurs que je sélectionnais et je ne pouvais pas constituer mon staff.

Au Togo, j’y ai travaillé 14 mois. J’ai connu 3 présidents de fédération et 2 ministres des Sports. J’ai compris à la fin que c’était un choix politique pour Le Roy. J’ai eu 6 points sur 6 avant la Tunisie, Libéria et Djibouti (éliminatoires CAN 2017). J’ai gagné toutes mes rencontres et Le Roy était déjà dans le stade en Tunisie pour prendre ma place. On m’a expliqué qu’une entreprise française installée au Togo le voulait comme entraineur, pas parce que je faisais du mauvais travail. J’aurais pu qualifier le Togo pour la CAN 2017. J’ai gagné contre le Libéria et Djibouti, Le Roy a fait match nul contre le Libéria et a seulement battu Djibouti alors je pense avoir eu de meilleurs résultats que lui. Les 19 derniers mois le montrent clairement.

Vous êtes désormais entraineur de Malte. C’est quoi l’objectif ?

Je suis très heureux d’être ici. Et surtout content de pouvoir signer un contrat de longue durée jusqu’en novembre 2019. Malte est 181è au classement FIFA et a obtenu seulement un point lors des qualifications. Mon objectif est d’offrir un football attractif, essayé d’obtenir des points et développer le football local.  Je vais assister la direction technique et aider dans la formation des coachs et le développement du football à la base. Je suis ici pour apporter une nouvelle vision au football maltais sur le long terme.

Vous avez beaucoup travaillé en Afrique, et votre dernier job était au Togo. Quel souvenir gardez-vous ?

J’aime l’Afrique et j’ai adoré le Togo. Je suis resté 14 mois entraineur des Eperviers et j’ai travaillé avec de grands joueurs, un bon staff et un super public. C’est un peuple passionné. Le seul souci que j’avais là-bas c’est qu’il n’y a pas eu de championnat le temps que j’y ai passé. Je suis allé voir des matchs de quartiers pour découvrir des joueurs locaux. Et à part en mai 2015 (un amical contre le Ghana), je n’ai pas eu de matchs amicaux. Pas de championnat, pas de matchs amicaux, c’est compliqué pour un entraineur de travailler comme ça et de préparer de bons résultats. Mais quand le nouveau bureau de la fédération avec M. Akpovy est arrivé, les choses ont commencé par aller mieux mais moi je devais déjà partir. Mais le Togo gardera une place spéciale dans mon cœur. Moi et ma famille, on adore le Togo.

On imagine que vous gardez un oeil sur les Eperviers, quelle appréciation faites-vous de votre successeur Claude Le Roy ?

Comme j’ai dit plus tôt, depuis que j’ai quitté, le Togo a gagné un match officiel contre Djibouti. Et ça avec un championnat et beaucoup de matchs amicaux. Que dire de plus ?

Avez-vous le sentiment d’un travail inachevé avec le Togo ?

Je suis déçu de n’avoir pu été au bout de mon contrat. Je répète encore que j’aurais qualifié le Togo pour la CAN. Je voulais conduire le Togo vers le succès. Mais c’était difficile. J’espère y retourner un jour pour diriger les Eperviers vers les succès que cette équipe mérite. On ne sait jamais.

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De tous vos pays en Afrique, lequel vous a le plus marqué ?

J’ai aimé partout où je suis passé. J’ai travaillé et connu de belles expériences. Si je dois peut-être en choisir un, je dirai la Namibie, mon premier poste à la tête d’une sélection nationale, très beau pays qui a été spécial.

Un retour sur le continent est-il envisageable dans l’avenir ?

L’Afrique restera mon Afrique. Je suis moitié africain et j’adore ce continent. Les populations et leur football. Je suis sûr que j’y retournerai dans le futur pour entrainer. Mais actuellement, je suis fier de diriger une équipe européenne. Ce n’est pas facile mais c’est un honneur.

Je suis désormais concentré sur ma mission à Malte. Je veux aider le pays à développer son football et progresser. Bien sûr il y aura des hauts et des bas parce que c’est une petite nation de football. Mais je suis certain qu’on réussira plus tard. Après je pourrai réfléchir à retourner en Afrique et prouver encore. Je veux disputer une CAN et mon principal objectif, emmener une équipe africaine en Coupe du monde.

Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?

Après de petits contrats, j’ai la possibilité d’avoir de la stabilité. Beaucoup connaissent mes qualités d’entraineur mais mes précédents passages n’étaient pas bon pour mon CV. Aujourd’hui, je veux m’établir dans un pays, travailler sur le long terme. C’est l’objectif, mon souhait. La santé et le bonheur avec ma famille puis envisager plus tard un retour en Afrique, mon Afrique.


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