Bernard Amaya, le Camerounais roi de la planète bodybuilding

L'équipe de la rédaction d'Africa Top Sports




Voici un (autre) champion du monde comme le Cameroun sait en produire dans les sports individuels. Bernard Issogola Amaya, costaud retraité de 47 ans, a sévi dans l’univers du bodybuilding mondial pendant 20 ans. Il a été sacré « Monsieur Univers », principale distinction planétaire dans le domaine,  à 3 reprises et a remporté beaucoup d’autres trophées au niveau mondial. Bien que n’étant pas connu au Cameroun, il y retourne régulièrement. Pour révéler et faire émerger de nouveaux talents à travers une compétition baptisée « Amaya Body games ». Portrait de ce champion hors normes rencontré lors de la 2ème édition de cet événement tenu vers la toute fin de l’année 2017.     

Le 16 décembre 2017, le gymnase du Lycée polyvalent de Bonabéri, dans la ville de Douala, a abrité la deuxième édition des « Amaya Body Games ». Ce tournoi destiné aux pratiquants du culturisme, de l’haltérophilie, de la gymnastique entre autres a réuni de nombreux concurrents. Et un public passionné venu en grand nombre. Les concurrents ont aussi eu à affronter des épreuves esthétiques et culturelles rythmées par des passages en tenues vestimentaires traditionnelles. Le but ici étant de valoriser leur  culture.  Parfois les vêtements ont été créés par les concurrents pour montrer leur esprit créatif.

Assez pour rendre « fier » et heureux le promoteur du concours, Bertrand Amaya Issogola. Lui, c’est un grand champion de culturisme aujourd’hui à la retraite. L’un des successeurs du légendaire Arnold Schwarzenegger sur le trône de « monsieur Univers » partage ainsi son expérience et ses connaissances avec ses compatriotes restés au Cameroun depuis 2016.  « J’organise cette compétition au Cameroun parce que j’avais juré que je partirai et je reviendrai, je ne ferai pas comme certains de mes aînés. Je ne dis pas qu’ils n’ont rien fait, mais vous voyez bien qu’on nous décourage beaucoup. On n’est pas riches là-bas. On est comme tout le monde. On travaille un tout petit peu. On a un salaire. On épargne un peu. Mais quand on est passionné et qu’on pense  aux autres, on pense au pays. On veut que les jeunes du pays évoluent aussi, qu’on ne soit pas d’une manière singulière comme ça à vagabonder, qu’on voie vraiment des jeunes en masse qui montent, je pense qu’il y aura de l’engouement pour notre sport », explique le super champion.

« Monsieur Univers », champion du monde, etc

Il a toujours voulu faire du Cameroun le berceau du concept « Amaya body games ». Mais en dehors de son pays natal, Amaya a déjà fait disputer la compétition dans son pays de résidence, la France,  à deux reprises. Pour le tournoi organisé à Douala, le culturiste s’est toujours fait accompagner par un expert européen. En 2016 il était avec une belgo-française. Pour l’édition 2017, c’est le champion de culturisme de nationalité française Didier Rossi qui est arrivé. L’homme a l’habitude d’organiser des épreuves de ce genre en France.

A travers les « Amaya Body Games », Bernard Amaya Issogola veut faire disparaître les mauvaises habitudes qui ont cours dans le milieu du bodybuilding. Il fait la promotion d’une pratique « naturelle », veut donner une autre image de l’athlète culturiste. « Voyant comment se pratiquait notre sport et vu la tendance qu’avaient les jeunes qui se dopaient et qui arrivaient à des fins vraiment tragiques pour les familles, pour nos sportifs aussi, pour tout le monde d’ailleurs, je me suis décidé à orienter la compétition culturiste différemment. Le côté athlétique  était négligé, n’était même pas vu. Parce que tous ces athlètes qu’on voit  en petit slip, qu’on voit sur la scène remplis de muscles sont quand même des athlètes. Qu’on ne pense pas que ce sont des athlètes qui boivent des protéines ou qui se piquent pour être gonflés. Il y a toute une hygiène de vie derrière, spécifique, de l’alimentation, de l’entraînement de haut niveau. Cet entraînement-là, j’ai voulu le mettre au clair. On ne voyait pas ce que faisait un culturiste d’où mon idée de créer un concept athlétique qui montre au public que l’athlète est capable de faire un squatch avant, de faire des tractions basics, d’utiliser son poids de corps », nous détaille cet expert qui sait de quoi il parle pour avoir participé aux plus importantes épreuves de la planète. C’est un de ces sportifs qui ont fait honneur au continent africain à travers des succès significatifs dans sa discipline.

Amaya Issogola est –retenez votre souffle-  champion du monde de bodybuilding naturel en 2003 en Belgique et en 2005 en France. L’affilié de la fédération internationale « musclemania », première à faire du bodybuilding professionnel, devient « Monsieur Univers » en 2006 en Allemagne. Il est de nouveau Monsieur Univers en 2010 et 2014 aux Etats-Unis. Des 9  championnats du monde auxquels il a pris part, le Camerounais n’est sorti du podium que 2 fois. Son palmarès comprend aussi des victoires dans toutes les catégories de championnats organisés au Canada et des grands prix disputés en France. C’est le couronnement d’une carrière qui commence en 1992 au Cameroun.

Bernard Amaya Issogola3

Un homme tenace et déterminé

Alors qu’il vient d’abandonner le séminaire où il se formait pour devenir prêtre, il se déboîte un bras au cours d’un match de football. Puis de passage dans les locaux de l’Institut national de la jeunesse et des sports à la capitale Yaoundé, il est approché par un entraîneur d’haltérophilie. Celui-ci  lui fait faire des mouvements avec son bras malade. Un  an après, Amaya  devient haltérophilie. Il partira du Cameroun après avoir été sacré champion national dans toutes les catégories du bodybuilding. C’est au  Gabon, pays mieux fourni en salles d’entraînements qu’il s’installe pour pouvoir s’isoler et mieux préparer les compétitions internationales.

Pendant ses débuts, le futur champion du monde a souffert, mais ne s’est jamais découragé. Il a refusé des offres de travail juste pour ne pas abandonner son objectif qui était de devenir culturiste de haut niveau. Ainsi, même en situation précaire, il a pu évoluer. C’est l’attitude qu’il recommande à ceux qui participent à ses tournois. Il croit qu’ils peuvent faire mieux que lui mais n’y arriveront que s’ils parviennent à se « construire un mental ».  Grand patriote, Bernard Amaya a refusé jusqu’aux sollicitations des pays qui souhaitaient le naturaliser.  « On m’a proposé d’autres nationalités. Je ne vais pas vous cacher que depuis longtemps, j’aurais dû concourir pour beaucoup de pays comme font beaucoup de mes compatriotes qu’on ne connaît pas ici », révèle-t-il. Mais les autorités sportives de son pays lui montrent-elles respect et reconnaissance ?  Pas vraiment si l’on s’en tient au témoignage de celui qui à 47 ans est devenu un éducateur sportif qui encadre et forme les plus jeunes. « Si on ne parle pas beaucoup de champions du monde comme moi au pays c’est la faute à nos dirigeants  fédéraux et aux athlètes comme moi qui n’osent pas se mettre en avant question de caractère ».

Pour tout dire, Bernard Amaya a le vague à l’âme quand il parle du traitement que son pays lui réserve. Il déclare qu’il s’est « contenté de brandir le drapeau » camerounais à l’étranger. Que le soutien de ses compatriotes lui manque et qu’il a été « ignoré » lorsqu’il a voulu s’imposer chez lui.  Ce qui ne lui enlève pas l’envie de soutenir la pépinière. Il espère le soutien de sponsors pour faire grandir son rendez-vous annuel. Il veut faire décoller ce concept, concrétiser de grandes ambitions comme ces échanges entre pays. « Nous voulons faire du tourisme-sport. J’aimerais qu’il y ait des échanges. Que des athlètes de là-bas viennent se frotter à nos athlètes ici et que ceux d’ici aient aussi l’occasion d’aller se frotter à eux chez eux pour que ça fasse effet boule de neige, pour que d’autres pays se greffent. Si les gens viennent de plus loin encore je pense qu’il y aura une visibilité plus importante ». L’habitant de Treuil près de Paris a lis un terme à sa carrière depuis 2014 mais n’exclut pas de reprendre la compétition.

Pierre Arnaud Ntchapda

Bernard Amaya Issogola5

Le palmarès de Bernard Issogola Amaya
2014-Vainqueur Catégorie pro taille moyenne de Univers Musclemania à Miami(USA),

2011-4ème à Las Vegas .

2010-vainqueur de Univers Musclemania à Miami (USA)

2009-Vainqueur toutes catégories à L’eastern Canada Classic Montréal

2009-3ème pro à L’eastern Canada Univers.

2007- Vainqueur du Weider Trophy I.F.B.B en France

2006- Second du Weider Trophy I.F.B.B .

2006- Vainqueur Mister Univers à la Nac International en Allemagne

2006-Vice champion en Italie

2005-Vainqueur championnats du Monde à l’Union International de Body Building Naturel (U.I.B.B.N) en France ,

2003-Vainqueur championnats du Monde à l’Union International de Body Building Naturel (U.I.B.B.N) en Belgique

2000- 3ème place en Hollande,

1999-3ème place en France qui était son tout 1er championnat du Monde.

1994-Vainqueur du championnat National toutes catégories au Cameroun

 

Qualifications et distinctions

– Attestation de reconnaissance du ministère de jeunesse et sport Gabonais pour ses compétences (il y a enseigné durant 5 ans)

-Diplôme de citoyen d’honneur délivré par la ville de Corcy (France) en reconnaissance des services rendu à la jeunesse.

-Éducateur sportif diplômé d’état, passionné du sport sain, il écrit, propose des stages, organise des rencontre sportives pour orienter la jeunesse vers l’excellence.

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