FECAFOOT : Abdouraman Hamadou et des clubs amateurs relancent les hostilités

L'équipe de la rédaction d'Africa Top Sports




La fédération camerounaise de football retrouve une ambiance peu sereine. La prorogation de mandat dont a bénéficié son comité de normalisation est mal vue par certains acteurs. Une grande partie des clubs amateurs du Cameroun ayant à leur tête l’irréductible Abdouraman Hamadou Babba a décidé de contester l’acte pris par la Fifa le 27 février 2018 devant le Tribunal arbitral du sport de Lausanne. Il soutient qu’au départ la rallonge du mandat des « normalisateurs » n’était pas prévue au départ. Et aussi que les raisons qui la motivent sont fallacieuses.     

Les prochains jours pourraient être agités pour le comité de normalisation de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot). Le président Me Dieudonné Happi et ses quatre collaborateurs voient leur second mandat prorogé le 27 février 2018 par la Fifa (Fédération internationale de football Association) remis en question. C’est le fait d’une importante frange des clubs amateurs du Cameroun emmenés par l’opposant de toujours Abdouraman Hamadou Babba. Le président du conseil d’administration d’Etoile filante de Garoua a ouvert le feu en premier le 1er mars 20118 avant d’être rejoint par l’Association des clubs de football amateurs du Cameroun (Acfac) association dont Etoile filante est membre, 9 jours plus tard.

« On va contester la prorogation. On ne veut pas des élections. On veut du sérieux. On ne veut pas qu’on se f…de la gueule du monde. On veut être respectés. Si la Fifa ne nous respecte pas elle n’a rien à faire. Nous allons toujours réclamer le respect de l’ordre statutaire, le retour à l’exécutif de 2009. Monsieur Monsengo dit que c’est la Fifa qui décide. On va lui montrer que ce n’est pas la Fifa qui décide », avait lancé comme un défi  Abdouraman Hamadou sur une télévision camerounaise.  L’Acfac, regroupement de  clubs amateurs le plus important du Cameroun lui emboîte le pas lors de la réunion de son bureau exécutif.  « L’Acfac décide de  contester devant le Tribunal arbitral du sport (Tas) à Lausanne  la décision de la Fifa de proroger le mandat du comité de normalisation de la Fecafoot  jusqu’au 31 aout 2018 », pouvait-on lire dans le communiqué final.

La Fifa accusée de « tromperie sur la marchandise »

L’Acfac déplorait en outre le fait que les clubs ne soient pas associés au processus de modification de la loi N° 2011/18 du 15 juillet 2011 relative à  l’organisation et à la promotion des activités physique et sportives. Elle n’appréciait pas non plus le fait que l’avant-projet de loi en circulation contienne des dispositions contraires à la Charte olympique. Ce qui a amené le bureau exécutif à demander à son président de saisir le président du Comité international olympique.

Sur ce point Abdouraman déclare que les modifications prévues par le Ministre des sports et de l’éducation physique sont de nature à permettre la fraude, faire en sorte que les candidats que la Fifa et le ministère soutiennent gagnent les élections de façon frauduleuse. Il  accuse en outre la Fifa de vouloir garder le contrôle de la Fédération camerounaise de football. Abdouraman qui se dit « pas surpris » de la prorogation du bail du comité de normalisation considère les membres du comité comme des marionnettes actionnées par la Fifa. Il accuse l’instance faîtière du football mondial de « tromperie sur la marchandise ». Il en veut pour preuve l’audit des comptes qui à son sens ne faisait  pas partie des conditions pour qu’il y ait des élections. Il en conclut que la Fifa  n’a pas envie d’organiser les élections à la Fécafoot.

Les membres de l'Acfac

Il faut dire qu’Abdouraman et ceux qui sont remontés au front avec lui n’ont jamais voulu de l’actuel   comité de normalisation pour remplacer le bureau illégal qui gérait la fédération depuis la fin septembre 2015. Ils ont toujours milité pour le retour de l’exécutif fédéral qui avait été élu en l’an 2009. C’est pour cette raison qu’ils ont refusé d’aller rencontrer les émissaires de la Fifa en juillet 2017 à Conakry « Dans le respect des sentences de la Chambre de conciliation et d’arbitrage (Cca) du Comité national olympique et du Tribunal arbitral du sport (Tas), la Fifa ne devrait plus mettre en place un Comité de normalisation. Il devrait avoir purement et simplement le retour à l’ordre statutaire, à savoir la reprise en main de la Fécafoot par l’exécutif de 2009 (non suspendu) pour accomplir les missions définies pour le nouveau Comité de normalisation  », réagissait Abdouraman Hamadou.

Le comité de normalisation de plus en plus suspecté

Le comité de normalisation installé en août ils ont dû abandonner leur revendication pour, expliquaient-ils laisser une chance au comité. Lequel comité comblera quelques-unes  de leurs attentes. A commencer par m’installation des exécutifs élus en 2009 dans les régions. Puis en annulant après un long moment d’hésitation, les championnats organisés à ce niveau. Aujourd’hui, Abdouraman et Cie en demandent plus. Ils exigent que les annulations commencent à partir de 2015. Et que soient aussi renvoyées la soixantaine (le chiffre est d’Abdouraman Hamadou) de personnes recrutées par l’équipe de Tombi à Roko Sidiki, le chef du bureau contesté.

On est donc parti pour un nouveau bras de fer.  Il devrait ressembler aux précédents, à ceux qui ont conduit à la mise en place d’un nouveau comité de normalisation. Pour mémoire, Abdouraman Hamadou et d’autres dirigeants de clubs de football avaient  contesté devant  la Chambre de conciliation et d‘arbitrage du comité national olympique et sportif du Cameroun, la validité du processus électoral qui avaient porté l’ancien secrétaire général de la Fécafoot  Tombi à Roko Sidiki à la tête du football camerounais. Ils avaient  obtenu gain de cause mais le ministre des sports et de l’éducation physique décida d’ignorer le verdict au moyen d’un banal communiqué. Tenace et déterminé, les contestataires s’en étaient remis au tribunal arbitral du sport de Lausanne. La plus haute juridiction sportive mondiale confirmait le verdict de l’instance camerounaise. Ce qui contraignit la Fifa jusque-là grand soutien du bureau illégitime en place à la fédération à  envisager sa déchéance. Ce qui fut fait à la fin du mois d’août 2017.

Les coups des membres de  L’Acfac ne sont pas les seuls que le comité de normalisation version Dieudonné Happi reçoit. S’autres griefs sont portés contre lui. A côté de ceux qui lui reprochent de n’avoir pas pu boucler sa mission dans le premier délai qui lui était imparti, il y a ceux qui l’accusent de faiblesse, de tribalisme. Cette dernière accusation vise particulièrement le président Happi qui soutiendrait ou ménagerait plus que de raison les agents ou élus Fécafoot originaires comme lui de la région de l’Ouest. Son indépendance et aussi remise en question. Un confrère d’une télévision locale soupçonnait une main invisible d’avoir forcé le brillant avocat à convoquer en sélection certains des joueurs appelés pour disputer le match amical Cameroun-Koweit. Comme on le voit, la confiance et l’espoir placés dans le comité de normalisation de la Fecafoot au départ de sa mission ont cédé six mois après la place au doute et à la suspicion.

Pierre Arnaud Ntchapda                      

 


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