Cameroun: Rencontre avec le promoteur du Festival national des supporters

L'équipe de la rédaction d'Africa Top Sports




Revoici le Festival national des supporters (Fesnas). Après l’édition-test de décembre 2017, le promoteur qui n’est autre que le journaliste sportif camerounais Hervé K remet ça. Le nouveau festin des supporters camerounais a lieu le 30 mars 2018 au lieu dit « Stade Cicam », à Douala la capitale économique et berceau du football camerounais. Il sera question de jauger l’esprit créatif des fans de foot,  mais aussi de réitérer leur importance dans les sphères sportives. Entre autres articulations du programme de l’événement de vendredi. Hervé K nous en dit plus.  

 

Qu’’est-ce qu’il y aura au programme du Festival national des supporters qui se tient le 30 mars 2018 ? 

Beaucoup de choses. Je vais commencer par la minute de silence que nous prévoyons d’observer en mémoire des supporters  décédés. Nous aurons un moment de prière pour ceux des supporters qui n’ont plus les moyens physiques de se rendre dans les stades car ils sont très nombreux ceux qui sont malades. La bannière du fair-play sera déployée et on va interpréter les 10 principes du fair-play. Des animations sont aussi prévues. Des matches sont prévus entre supporters et arbitres et supporters et journalistes.  Des récompenses sont prévues pour les meilleurs des participants aux concours. Nous attendons de voir  des supporters créatifs. Nous voulons voir ce qu’ils déploient comme trésors d’imagination pour accompagner leurs équipes respectives. Cela va permettre de voir si les supporters ont compris pourquoi ils sont là, pourquoi ils passent leur temps derrière une équipe pourquoi ils l’accompagnent. Nous voulons les voir innover, trouver d’autres outils, d’autres accessoires pour soutenir les équipes.

Lors de l’édition zéro on n’a vu que les supporters du foot. Verra-t-on cette fois-ceux d’autres sports ?

Pour l’instant on se limite aux supporters du football, mais la porte n’est pas fermée aux autres sports.  Je ne trahis pas un secret si je vous dis que j’ai fait appel à la Fédération camerounaise de basket-ball, à la Fédération camerounaise de volley-ball pour ce qui est des fédérations actives. Les matches de volley-ball et de basket-ball attirent du monde. Les équipes de ces disciplines pourront pour les prochaines éditions du Festival national des supporters préparer  leurs supporters.  C’est une belle occasion pour ces formations de venir valoriser leurs couleurs.

Comment appréciez-vous le déroulement de l’édition inaugurale du FESNAS tenue en décembre dernier toujours ici à Douala ?    

L’édition pilote était un moment phare. On vivait les balbutiements de ce concept. Certains supporters qui sont arrivés en retard du fait de leurs occupations voulaient rattraper le temps. Malheureusement, on ne pouvait plus faire marche arrière. Cela nous ab= donné beaucoup de frissons parce que les supporters ont accueilli ce concept favorablement. Ils étaient tout surpris de voir qu’à un moment on peut penser à ce monde, à ce monde, à ceux-là   qui souvent sont dans les gradins méprisés par les acteurs ou qui galèrent quand leurs clubs ne parviennent pas à avoir le moindre point, le petit titre à la fin de la saison sportive ou toute autre récompense.  Pour eux, c’était le sommet, la reconnaissance qui à point nommé pour saluer toutes leurs initiatives, leur engagement. On a vu des hommes et femmes qui  se sont lâchés, qui ont compris qu’à un moment, on pouvait respecter leur rôle dans la sphère du football. C’est surtout ce côté émotionnel qui nous a fait  plaisir, qui nous a poussé à continuer dans cette action.

« Nous avons été facilement mangés par l’Occident.  Vous avez des supporters du Paris Saint-Germain, de l’Olympique de Marseille qui à partir du Cameroun commandent en ligne les  produits dérivés de ces clubs européens qui coûtent  2 500 000 Francs CFA.  Pourquoi ne pas faire ce sacrifice pour Dynamo, Caïman, Léopard, Oryx « Jemea », Tonnerre ? »

Hervé K 2

Quel est le but ultime de votre initiative ?   

C’est d’abord valoriser ces supporters. J’en suis moi-même un. Je sais comment il s’investit pour  l’équipe qu’il supporte. Adolescent, j’achetais les maillots de mon club de cœur. Au lycée les vendredis, nous faisions des paris pour nos clubs préférés, notre groupe de supporters du lycée, une véritable légion spéciale,  préparait l’argent qui devait servir  à payer notre déplacement.  Aujourd’hui, certains supporters ont passé un cap. Ils sont non seulement supporters, mais supporters-dirigeants,  supporters-parents de joueurs.  Mais à la fin ils n’ont rien. Même pas le petit remerciement  du club, la moindre reconnaissance du joueur ou de l’acteur. Face à ce constat nous avons dot : « pourquoi pas par moments offrir un moment de réjouissances à ces supporter si nous avons les possibilités ». Offrir des trophées, des médailles. Une médaille pour un acteur du sport ou un sportif, c’est la première récompense, son meilleur souvenir qui a plus de valeur et de signification que les  primes et autres enveloppes. Nous voulons amener les supporters à croire en ce qu’ils font pour les clubs.  Car le supporter est un maillon important pour le football. Parce que sans supporters  il n’y a pas de spectacle.  Le supporter ne crée pas le spectacle mais l’accompagne.  S’il n’est pas là pour donner de la voix, l’acteur qu’est le footballeur ou le sportif est complètement diminué et ne peut pas trouver l’énergie nécessaire pour aller jusqu’au bout de sa bataille. Nous voulons également permettre  à chacun de renouer avec cet attachement. L’attachement pour ses couleurs. De plus en plus on a tué ce côté-là et aussi le côté festif. L’on doit pouvoir être fier d’être supporter d’Union de Douala, du Racing de Bafoussam, du Canon de Yaoundé par exemple. Jusqu’à une époque les supporters de l’Union ne se disaient  pas « bonjour ». Les uns disaient : « Nassara ! » et les autres  répondaient « GamakaÏ ! ». Du coup ils se reconnaissaient.  Idem pour ceux du Canon qui disent : « Kpa-Kum ». Nous voulons revenir à cette tradition. Nous avons été facilement mangés par l’Occident.  Vous avez des supporters du Paris Saint-Germain, de l’Olympique de Marseille qui à partir du Cameroun commandent en ligne les  produits dérivés de ces clubs européens qui coûtent  2 500 000 Francs CFA.  Pourquoi ne pas faire ce sacrifice pour Dynamo, Caïman, Léopard, Oryx « Jemea », Tonnerre ? C’est le travail costaud  que nous devons faire pour retrouver  l’amour du maillot que même les joueurs n’ont plus. Nous sommes à la veille de la CAN 2019 ce qui oblige à préparer davantage les supporters afin qu’ils soient de vrais supporters. Pas des spectateurs commentateurs des performances des joueurs.

Comment financez-vous une opération comme celle-ci qui requiert tout de même des moyens importants ?

Il y a dans l’organisation des mécènes qui ont compris et qui ont également le souci de voir une réelle organisation des supporters un peu comme cela se fait ailleurs. Ces mécènes jusqu’ici nous accompagnent ainsi que des partenaires comme les Brasseries du Cameroun présentes à travers leur marque « 33 Export ». Jusqu’ici sur le plan financier les uns et les autres vont à pas de tortue. Cela parce que chacun voudrait voir un événement vivant. La 3ème, la 4ème, la 5ème édition par exemple, comme cela se fait pour les journaux avant de se lancer dans l’aventure. Mais ces partenaires sont là. Ils font du branding dans la mesure des disponibilités. Ils vint offrir quelques lots aux supporters.

Si je vous dis : « la tribune des supporters » vous répondez quoi ?

C’est une émission de Radio Equinoxe que j’ai animé pendant longtemps. C’est une émission qui a redonné cette ferveur aux supporters, qui a reboosté la présence de certains dans les gradins des stades qui devenaient désespérément vides.  Je me souviendrai toujours de ces coups de gueules, de ces chambrées entre supporters, les appels des dirigeants. Tout ceci a donné une autre coloration aux matches de football. On peut saluer davantage cette initiative de la direction de Radio Equinoxe. C’était un moment important du football camerounais.  Même au sommet de la Fédération, les dirigeants avaient reconnu  que cette émission avait boosté la participation des supporters dans les matches de football. Cela aura été pour moi une bonne expérience. Cette chaleur, l’échange, la convivialité avec les supporters.  Et surtout les supporters qui ont vite compris quel était le concept, le principe d’une telle émission. Tous ont adhéré comme s’ils étaient  dans les secrets de la préparation de cette émission.  Ce qui fait qu’aujourd’hui c’est devenu une grande famille de supporters qui s’étend au-delà de la ville de Douala.

Propos recueillis par Pierre Arnaud Ntchapda

  

 


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