Arts martiaux: Le FADAM a émerveillé le Cameroun 

L'équipe de la rédaction d'Africa Top Sports




La première édition du Festival africain des arts martiaux (FADAM) a vécu. Organisé au Cameroun du 2 au 8 avril 2018, il a attiré à Yaoundé, Douala, et Limbe des passionnés de ces sports d’ascendance asiatique. Bien que gênés par une organisation tatillonne, ils ont aimé le contenu des spectacles offerts. Comme à Douala le 7 avril 2018. 

C’est un samedi soir pluvieux à Douala. Les spectateurs s’agglutinent sous les tentes dressées dans la grande esplanade de la salle de cinéma Canal Olympia. Beaucoup d’entre eux sont debout derrière, ou aux alentours du podium.  Ainsi protégés, ils attendent le début de l’étape du Festival africain des arts martiaux (Fadam) prévue dans leur ville.  Elle sera la deuxième,  après la capitale camerounaise Yaoundé la veille,  à accueillir cette manifestation destinée à célébrer l’art martial.  L’attente du début est longue pour le public qui compte de nombreux Chinois souvent arrivés en famille. Même le gouverneur de la région du Littoral (dont Douala est le chef-lieu) doit patienter. Prévue à   20 heures, la soirée ne démarre qu’une heure trente plus tard.

On commence par le défilé des 16 délégations de pays et de disciplines affinitaires du kung-fu, sport que pratique le promoteur du Fadam, le Camerounais Dominique Saatenang. La parade  soulève le public qui lance des youyous et des applaudissements au passage des représentants du Cameroun. Place ensuite à l’exécution de l’hymne du Fadam. Il coïncide avec le retour de la pluie. Ceux qui s’étaient éloignés des tentes s’y engouffrent de nouveau et se collent aux autres spectateurs. Le speaker annonce Dominique Saatenang. Le champion du monde de kung-fu de l’an 2006 apparaît sur le podium, salue à la façon des moines tandis que la foule réclame un peu plus de lumière sur la scène. Le « Bruce Lee Africain » délivre son message. Il se dit honoré de la présence de ceux qui assistent à la deuxième soirée du Fadam. « Je suis fier d’être Camerounais », déclare le premier Africain formé au temple de Shaolin. Et d’expliquer qu’il a voulu que la toute première pierre du Fadam soit posée dans son pays d’origine. Il se plaint cependant de l’absence de soutien des grandes entreprises. Puis termine son discours en anglais et dans un chinois qui lui vaut des applaudissements nourris.

Pas de Jackie Chan, ni de Gérard Depardieu !

Le gouverneur du Littoral, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua est invité à grimper sur le podium pour dire un mot. Le chef de terre ne s’embarrasse pas de protocole et, parti de la tente qui le protégeait,  fonce vers l’estrade sans parapluie,  sous les gouttes. Il démarre par un hommage appuyé au fondateur du Fadam. « Il a été vu dans les écrans comme un extraterrestre. Mais nous sommes contents de toucher Maître Saatenang », dit le gouverneur qui poursuit en encourageant la jeunesse de la région du Littoral à suivre le bon exemple. Son intervention est suivie par celle  de Jackie Chan…Le grand acteur chinois annoncé en grandes pompes au Cameroun en compagnie de Gérard Depardieu parle … dans une vidéo diffusée sur l’écran de Canal Olympia. Le spécialiste des films d’arts martiaux fait savoir en anglais qu’il ne peut être au Cameroun pour des raisons professionnelles.  Le chef spirituel du temple de Shaolin  Shi Yongxin annoncé lui aussi  dans le pays transmet ses souhaits aux participants du Fadam à travers une vidéo. Il cèdera  la place au groupe d’arts martiaux Shaolin Littoral. C’est lui qui ouvre le bal des démonstrations sur un podium au bout duquel sont disposés 21 trophées.

Le public en connaisseur reconnaît les figures représentées dans les films de kung-fu. Ce qui n’empêche par Dominique Saatenang de jouer les guides tout au long de la soirée. Il informe, indique, rappelle. Comme pour cet art martial créé par Bruce Lee qu’il nomme « jet kundo » lors du passage de Shaolin Littoral. On voit ses membres manier le nunchaku, cette arme de combat faite de bois et d’un morceau de chaîne.  A leur tour les sportifs croates font la promotion de la self-defense. Sur fond de musique, ils exécutent d’abord leurs gestes en mode  ralenti, puis deviennent plus rapides. Ce qui déclenche les cris de la foule, visiblement conquise. La fin de leur  démonstration est couverte d’ovations. « Bissez, bissez », entend-t-on de la bouche de ces spectateurs qui en redemandent. Les kick boxers aussi ont les faveurs du public. Séduit par leur prestation, Dominique Saatenang réclame des ovations. Il monte sur le podium pour conduire la troupe baptisée « Shaolin ». Lui-même, le grand maître, fait les présentations. Il y a par exemple son fils, Dominique Saatenang Junior, sacré champion du monde de kung-fu à l’âge de 16 ans. Ou encore un Camerounais sorti comme Saatenang du temple de Shaolin. Le public qui n’a pas oublié les films donne un nom à chaque figure. L’on entend par exemple « attaque de serpent ». Les démonstrations continuent.

Des moines du temple de Shaolin, magistraux ! 

Pour montrer la capacité de résistance qu’il a, Dominique Saatenang brise un morceau de bois sur le dos de son fils. Avant de se rompre lui-même une barre de fer sur le crâne sans gémir ni être blessé. Cela sous les regards ébahis et incrédules des spectateurs. Le tai chi et ses 24 mouvements est exécuté et expliqué. L’intérêt du spectacle va croissant. Les démonstrations de krav maga effectuées par les soldats du Bataillon d’intervention rapide (Bir), une unité d’élite des forces armées camerounaises, vont en ajouter à l’émerveillement des passionnés d’arts martiaux venus vivre le Fadam. Un homme seul se défait de plusieurs assaillants. Le public est subjugué. Debout, il scande : « Le Bir, le Bir ». Nul besoin d’indiquer que ces combattants d’un genre particulier quittent  la scène sous les acclamations. Remplacés aussitôt par les Belges. L’on voit un homme de race blanche, prénommé François, assis dans un fauteuil roulant. Il fait un kata avec ses mains. « Tu vas taper qui avec ça ? » lance quelqu’un dans la foule.  L’objectif est de montrer que même en étant invalide, l’on peut assurer soi même sa défense, se surpasser lorsque l’on est dans cette situation.

Il est déjà 23 heures 58 lorsque les moines venus directement du mythique temple de Shaolin entrent en scène. Les lumières sont alors éteintes. Le public entrevoit les 9 hommes sous l’éclairage désormais tamisé. Ils se concentrent sur un fond de musique chinoise, et la mine grave, se déploient, en parfaits acrobates. « Voilà les vrais Shaolin », s’écrie une dame, assise près de nous. Les artistes font des pompes avec deux doigts. Saatenang rappelle que seuls les initiés peuvent faire ce genre de choses. C’est pourquoi il explique qu’il vaut mieux ne pas essayer.  « Ne le répétez pas », conseille-t-il aux spectateurs. Micro en main il explique et nomme chacun des exercices proposés. La fin de la soirée se fait en musique. Accompagné d’une de ses compatriotes, Dominique Saatenang pousse la chansonnette. Il chante beaucoup en chinois. Ce qui plaît au public asiatique présent. C’est encore l’infatigable champion de kung-fu qui va chercher le gouverneur à sa place et l’aide à remettre les trophées aux athlètes. Tout s’achève par une photo de famille.  Après plus de trois heures de spectacle,  rendez-vous est pris pour l’acte 3 du 1er Festival africain des arts martiaux. Il se joue dans la ville côtière de Limbe, le lendemain 8 avril 2018.

 

Pierre Arnaud Ntchapda    


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