Jean-Michel Aulas (OL) : « Il faut que les clubs professionnels qui ont une section féminine fassent l’effort »

L'équipe de la rédaction d'Africa Top Sports




Jean-michel Aulas, le président de l’Olympique Lyonnais, s’est montré satisfait de la qualification de son club pour la finale de Coupe de France le 31 mai face au Paris SG. Au sortir de la belle victoire 4-0 face à Montpellier lundi, Aulas en a profité pour évoquer les progrès remarquable du football français ces dernières années mais aussi les progrès qu’il reste à faire. 

 

Journaliste : Président, c’est une belle victoire, une septième finale de Coupe de France consécutive pour l’Olympique Lyonnais !

Oui c’était non seulement une très belle victoire mais aussi un très beau match, d’une grande intensité. Je crois que le football féminin a progressé ces dernières années de manière fantastique sur le plan tactique, technique, mais aussi sur le plan physique. On a vu un match d’une intensité remarquable, rarement vue sauf quand on joue contre Montpellier qui joue avec beaucoup de dynamisme.

Et puis on a vu une équipe de Lyon qui a retrouvé sa fraîcheur après les quarts-de-finale et les demi-finales de la Champions League. Donc vraiment une belle soirée pour le football féminin et surtout pour l’Olympique Lyonnais qui va aller pour la septième fois consécutive en finale de la Coupe de France.

CDF

Journaliste : L’OL joue la passe de trois !

Oui, on aura une première « finale » dès la semaine prochaine contre Marseille (le 13 mai, ndlr) qui devrait nous permettre de gagner un douzième titre de champion de France consécutif. Ca paraît quelques fois facile, mais je dois véritablement dire que c’est de plus en plus difficile de gagner des séries de ce type-là (…) ça lassait un peu un certain nombre de gens et suscitait parfois un petit peu d’envie, un petit peu de jalousie. Là les filles font un parcours extraordinaire. Douzième titre donc cette année, si on arrive à battre Marseille, et on va le faire.

Et on pourra se projeter sur Kiev, avec une finale de la Coupe d’Europe contre une équipe qui est aussi forte que l’Olympique Lyonnais (en l’occurrence le Vfl Wolfsburg le 24 mai, ndlr), je l’espère pas plus forte mais au moins aussi forte que l’OL. Ce sera une finale de très haut niveau aussi. Wolfsburg est cette année à un niveau encore supérieur à l’année dernière (victoire de l’OL en quarts-de-finale 2-0, 0-1, ndlr). Elles nous avaient posé beaucoup de problèmes. Le manager général du club (Ralf Kellermann) était là et il a aussi apprécié. Donc deuxième finale européenne consécutive pour l’Olympique Lyonnais, et surtout ce serait une cinquième victoire en Champions League dont trois finales consécutives, ce qui est aussi unique.

On va donc préparer cette confrontation de la meilleure des manières, et puis il y aura le rendez-vous annuel contre Paris en Coupe de France (la finale, ndlr). Le Paris SG avait disposé facilement de Soyaux ce soir (3-0, ndlr). Ce sera à nouveau un match au couteau. L’année dernière on s’était départagés les deux fois, en Coupe de France et d’Europe, aux tirs aux buts. Et donc il faudra garder un petit peu de réserve. C’est là où l’effectif de l’OL peut aider puisqu’on va avoir deux confrontations avec Paris : une en championnat (le 18 mai, ndlr) et une en Coupe de France. Donc voilà de belles semaines et de belles confrontations à venir !

 

Coeurs de foot : Toute cette pression avec ces trois « finales », c’est galvanisant pour votre club et pour le football féminin en France ?

Oui c’est une ambition et un projet qui est fantastique et on sait que quand on obtient des résultats, on peut démontrer après de manière extrêmement pertinente le bien fondé d’avoir soutenu le football féminin il y a dix ans. Quand je vois qu’aujourd’hui la Juventus Turin a son équipe féminine, que le Real Madrid vient de l’acquérir, Manchester United également, qu’on a joué contre le FC Barcelone et Manchester City, je suis très fier. Je suis très fier de mes filles qui représentent non seulement un football de très haut niveau, mais aussi un professionnalisme et des valeurs qui font du bien à tout le football, au football féminin en priorité, mais aussi au football d’une manière plus générale.

Un club, pour qu’il soit équilibré, doit avoir bien sûr une académie, des jeunes, une équipe fard qui joue les premiers rôles, et puis une équipe féminine qui joue « le » premier rôle. Et le fait d’avoir des joueuses qui sont toutes internationales, qui ont une envie de jouer à un très haut niveau de football mais aussi collectif et de démontrer des valeurs, et bien ça donne des satisfactions qu’on n’a pas toujours ailleurs.

 

Coeurs de foot : Est-ce que vous n’êtes pas quand même déçu que dans le championnat en France ça manque un peu « d’attrait » ? Car à part Lyon qui en donne un peu au niveau européen, ça manque d’attrait. Il faut professionnaliser davantage, aller plus vite car l’Angleterre a déjà crée un championnat 100% pro !

Oui, mais ceci étant l’année dernière deux clubs français étaient en finale de la Champions League (Lyon et le Paris SG, ndlr). Ce ne sera pas le cas des Anglais cette année puisque ce sera un club français et un club allemand. Montpellier, qui est un club français, a démontré ce lundi soir des qualités extraordinaires. Il y a aussi Paris que l’on va rencontrer. Vous avez donc déjà trois clubs qui sont de très haut niveau. Et je pense qu’il faut que les clubs professionnels qui ont une section féminine fassent l’effort. Et pour ça il faut que la fédération nous aide et légifère, d’une part en permettant à nos équipes secondes de jouer à un meilleur niveau pour permettre d’avoir de jeunes joueuses qui puissent se développer et exploser dans des clubs fards.

Il faut aussi que les infrastructures, avec une licence pour le football féminin, soient rehaussées. Là les gens de Montpellier nous disaient que c’est formidable, ils avaient joué il y a quelques jours à Bordeaux (0-0 le 22 avril, ndlr) et ont perdu la deuxième place de D1 sur un terrain qui était plus un champ de labour qu’un terrain de football. Ca passe donc par là et vous avez raison de dire que ça suppose des efforts de la fédération, des règles qui permettent de valoriser le foot féminin.

Mais on a vraiment trois équipes de très haut niveau. Montpellier a joué cette année les quarts-de-finale de Coupe d’Europe contre Chelsea (1-3, 0-2). Elles n’ont pas été ridicules. Et Paris a aussi une équipe très forte. On verra qu’en finale de Coupe de France se sera très compétitif et je pense que d’autres vont arriver derrière pour pousser le foot féminin !

 

Propos recueillis par Dounia Mesli,

Co-Fondatrice de Coeursdefoot.fr 

Vice-Présidente de Africatopsports.com

Photo ci-dessous, Dounya MESLI et Giani INFANTINO, président de la FIFA

 

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