Volley-ball : le Camerounais Wounembaina, récolte succès et gloire en Europe

L'équipe de la rédaction d'Africa Top Sports




Le volleyeur camerounais Nathan Wounembaina fait parler de lui en bien depuis quelques années en Europe. Après la Belgique, le réceptionneur -attaquant a séduit la France. Son palmarès dans ces deux pays affiche des titres de champion et des victoires en Coupe obtenus grâce à son immense apport. Son dernier exploit en date remonte au week-end passé. Wounembaina a conduit Tours, un club qu’il a rejoint cette année, au sacre. Non sans avoir arraché le trophée de meilleur joueur de la finale du championnat. Retour sur le parcours royal du natif de Bourha-Wango au Cameroun.         

Samedi 5 mai 2018, Paris, salle Pierre de Coubertin. L’équipe du Tours volley-ball festoie. Elle vient de remporter la finale du championnat de France.  Son septième. Elle a battu le tenant du titre Chaumont  (22-25, 25-13, 25-17, 25-18). Tours n’emporte pas que le trophée du champion. Le club couronné arrache aussi celui du meilleur joueur de la finale. Il est décerné au Camerounais Nathan Wounembaina.  L’Africain savoure là son deuxième titre de champion consécutif. L’an passé il l’avait remporté sous les couleurs de… Chaumont. A part ses performances, le réceptionneur-attaquant a été rendu célèbre à la fin de 2017 par sa mésaventure lors d’un match avec son club.

Visé par de cris de singe lors du match de Coupe d’Europe qui oppose Tours à l’Olympiakos chez son adversaire grec  le 6 décembre 2017, Nathan Wounembaina quitte le terrain en signe de protestation. Mais il sera expulsé par l’arbitre de la partie qui applique le règlement à la lettre. Sans son meilleur joueur, Tours va perdre la partie. L’incident suscite la désapprobation générale en France. Médias, responsables de Tours et même des politiques montent au créneau. «C’est terrible. Peut-être que Nathan aurait dû attendre l’autorisation de l’arbitre avant de quitter le terrain mais ce qui s’est passé est inadmissible. Il a terminé le match seul dans le vestiaire. Il risque en outre une suspension automatique pour le match retour. C’est une aberration et proprement écoeurant. Tout le club soutient Nathan et attend une réaction forte de la Confédération européenne de volley (CEV)», réagira à l’époque des faits, le directeur général de Tours Pascal Foussard.

Un talent indiscutable et fort apprécié

Le club  va même porter réclamation auprès du superviseur de la partie. « Au regard du préjudice sportif causé au club et aux atteintes à la personne du joueur, la Fédération Française de Volley et la Ligue Nationale de Volley ont ouvert une procédure visant à saisir la commission de discipline de la CEV afin de sanctionner de tels agissements en application de ses règlements », précisera le président de la Fédération française de volley-ball, Eric Tanguy. La ministre des sports Laura Flessel aussi va témoigner son soutien au sportif camerounais. « Je tiens à apporter mon total soutien à Nathan Wounembaina après les incidents inacceptables survenus hier lors du match contre l’Olympiakos. Le racisme n’a de place ni dans le sport ni ailleurs », écrit l’ancienne championne olympique d’escrime le 7 décembre 2018.

Cette sympathie s’explique en partie par l’apport du géant (il mesure 1, 98 mètres) au volley-ball français. Bien qu’il ait déjà 33 ans Wounembaina affiche une forme époustouflante. Il a toujours donné entière satisfaction à ses entraîneurs depuis qu’il est arrivé en Hexagone. José Trèfle, un des volleyeurs qu’il a côtoyés en club dresse du Camerounais ce portrait : « C’est un gars qu’on a envie de connaître et avec lequel on a envie de passer du temps, parce qu’il est toujours souriant et parce qu’il dégage du bonheur. C’est un joueur naturellement talentueux. Ça se voit dans sa gestuelle […] dans son aisance et dans sa manière d’appréhender les choses », confie l’international français à un confrère européen. L’international camerounais a remporté le titre de champion de France en 2017 et 2018. Il a été finaliste de la Challenge cup, une compétition annuelle de volley-ball européen organisée par la Confédération européenne de volley-ball. Avant d’arriver en France Nathan Wounembaïna avait fait parler son talent en Belgique. Là-bas l’ancien sociétaire de Port Volley-ball de Douala (Cameroun) a remporté deux fois le championnat en 2011 et 2012 sous les couleurs du Noliko Maaseik, qu’il a rejoint après une saison à Vc Asse Lennik. Il perdra la finale en 2013.

Nathan Wounembaina2 (1)

Basketteur manqué

Le champion du Cameroun 2005 gagne la Coupe de Belgique en 2012. Il perd les finales de 2011 et 2013. Après avoir gagné la Supercoupe de Belgique en 2012, il est finaliste malheureux l’année suivante. La partie européenne de sa carrière est la meilleure période du parcours d’expatrié du natif de Bourha-Wango au Cameroun. En effet  il n’y a pas de trace d’un succès collectif dans son passage au Bordj Bou Arreridj d’Algérie et au Talae El Giesh VB d’Egypte. Désireux de changer plus souvent d’environnement,  Nathan pense à quitter un jour son club actuel. Il s’engagera alors pour l’ultime contrat de sa carrière. « J’ai joué dans trois pays étrangers, j’ai disputé la Ligue des Champions européenne, donc, je ne m’interdis rien. Repartir, pourquoi pas ? Ce sera alors sans doute mon dernier contrat », déclarait-il à nos confrères de Jeune Afrique. Ce serait la fin d’un parcours entamé une trentaine d’années plus tôt en famille.

Car Nathan Wounembaina arrive au sport en imitant son père et ses frères. L’ancien du SMNC de Ngaoundré s’entiche du sport familial qu’est le volley-ball. C’était le sport préféré du père. Un des garçons a été appelé en équipe nationale du Cameroun. Nathan s’initie dès l’âge de 6 ans dans la demeure parentale. Il se passionnera pour le volley-ball en voyant ses frères et sœurs le pratiquer.  « À l’âge de six ans, je jouais déjà à la maison. C’est grâce à mes frères et sœurs que j’ai pris goût au volley. Devenir un joueur professionnel est ensuite devenu un rêve », confie-t-il. Plus jeune, Nathan Wounembaina pratique d’autres sports tels que le tennis , le football, le handball et le basket-ball. Le dernier sport cité est celui qu’il voulait choisir avant de se raviser. « J’ai vraiment eu envie de faire une carrière de basketteur. Mais au Cameroun, c’est difficile de réussir dans ce sport. C’est une des raisons pour lesquelles j’ai choisi le volley-ball. Si j’avais choisi le basket-ball, je ne sais pas où j’en serais aujourd’hui », estime le champion. Il abandonnera ses études pour monnayer ses talents de volleyeur.

L’ancien capitaine de Chaumont pense déjà à sa reconversion. A la fin de sa carrière, il ne reviendra pas tout de suite au Cameroun afin de donner une chance à sa fille aujourd’hui âgée de  5 ans. Il veut en revanche y faire des affaires. Par exemple exporter du champagne ou ouvrir  un restaurant dans la capitale camerounaise Yaoundé.

Pierre Arnaud Ntchapda

Étiquettes :

Articles récents