Coups de pied arrêtés: péché mignon des équipes africaines en Russie ?

L'équipe de la rédaction d'Africa Top Sports




25 des 44 des buts marqués lors de cette Coupe du Monde 2018 ont été inscrits sur coup de pied arrêté. Soit une moyenne de 57 % de buts. Singulièrement au niveau des équipes africaines, elles ont encaissé 8 des 11 buts sur ces situations standards. Nous avons décidé de nous intéresser à cet aspect du jeu qui constitue un gros handicap aux sélections du continent. Nous avons tendu notre micro à 4 techniciens. Lecture.

 

 

Daré Nibombé, ex international togolais et entraineur U20 AFC Tubize (D2 belge) : « nos représentants n’ont pas été attentifs et en manque de concentration sur ses phases arrêtées pour des conséquences que l’on sait. Et pour être performant sur les phases arrêtées en plus ou en moins, il faut de l’engagement, de la détermination, de l’envie et surtout de la concentration. Je pense aussi qu’à mon point de vue, une analyse approfondie des adversaires sur ses phases n’est pas faite dans la plus grande objectivité. Si on a des défaillances défensives sur ses phases, offensivement on est pas performant pour l’instant sur l’ensemble de nos 7 premiers matchs.. ce qui est aussi interpellant »

Patrice Neveu, ancien sélectionneur de la Guinée, ou encore de la Mauritanie: « A mon sens il ne faut pas stigmatiser les équipes Africaines plus que les autres équipes participant au Mondial. Dans le football moderne, les coups pied arrêtés ont toujours eu une grande importance pour le gain de la victoire lors des compétitions officielles.

Ce fait de jeu (coup pied arrêté) lors de cette Coupe du monde 2018 prend pour le moment encore plus d’ampleur et je pense que cela continuera. Le match Colombie /Japon a lui aussi basculé sur des coups pieds arrêtés, notamment dans le jeu de tête. Sur des faits jeu presque identiques, l’Angleterre a battu dans les dernières secondes la Tunisie. Le 2ème tour vient juste de débuter, on est en droit de penser que lors de ce Mondial le ratio de buts marqués et matchs gagnés sur la phase de jeu coups pied arrêté sera encore en évolution par rapport aux précédentes éditions.

Ma conclusion pour ce 21ème  mondial  à la vision des premiers matchs et du début de la 2è journée est que le football de haut niveau a en 4 ans progressé dans tous les domaines notamment dans le jeu aérien, dans la qualité technique (chirurgical) des frappeurs, le haut niveau évolue avec ses multitudes de détails qui font basculer les rencontres. Si on fait un raccourci de la victoire la France au mondial 1998 la différence ce fit également sur coup de pied arrêté et de la tête (Zidane  2 buts sur corners ) ».

Raoul Savoy, sélectionneur de la Centrafrique: « Tout d’abord ce n’est pas de loin pas un souci uniquement « africain ». À la Coupe du monde en 1998, 34% des buts étaient marqués par cet exercice. En 2018 nous en sommes déjà à 55,2%. Donc près des deux tiers des buts marqués. Maintenant, pour ce qui nous concerne sur le plan Africain, je pense que cela vient d’un manque de concentration et de prises de responsabilités individuelles. Je n’ose quand même pas imaginer que mes collègues sélectionneurs ne les travaillent pas à l’entraînement et en séances vidéos. Donc, c’est dans la tête que ça se joue. En plus maintenant que l’on en fait un psychodrame, les joueurs sont encore plus tendus au moment de défendre sur un coup de pieds arrêtés… »

Sebastien Migne, sélectionneur du Kenya: « Aujourd’hui au très haut niveau, les coups de pied arrêtés sont souvent déterminants… Le fait d’avoir peu d’équipes africaines qualifiées comparativement à l’Europe ou à l’Amérique du sud peut expliquer cette difficulté actuelle…. Les pays africains étant malheureusement moins souvent ou moins régulièrement confrontés à ce type de compétition. Toutefois, je constate que lors de son premier match, « la grande » Espagne a encaissé 2 buts dans les mêmes conditions.. De plus, nous constatons depuis le début de cette Coupe du monde une augmentation des buts sur coups de pied arrêtés…. Ce n’est pas propre à l’Afrique… Peut-être à l’apparition des bombes de marquage au sol aidant les arbitres à mieux faire respecter les distances et donc ainsi favoriser les tireurs. »


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