Athlétisme/Ethiopie: La victoire de Feyisa Lilesa sur la dictature !

Journaliste à Africa Top Sports Premier portail sportif Africain http://www.africatopsports.com




Le geste qu’il a choisi de faire ce jour là lui a valu deux ans d’exil aux Etats-Unis. Lors des Jeux Olympique de Rio, une compétition qui a fait gagner de l’argent à des milliers d’internautes via des paris sportif, l’athlète Ethiopien Feyisa Lilesa avait marqué son opposition aux autorités de son pays et à la répression de la minorité Oromo. Dimanche, le marathonien est revenu sur ses terres pour la première fois depuis cet épisode. Une victoire sur la dictature, c’est comme cela qu’il interprète son retour en Ethiopie.

« Je savais que ce jour viendrait parce que je savais que le sang de toutes ces personnes ne serait pas versé en vain. Je savais que ce gouvernement dictatorial finirait par tomber », s’exclamait Feyisa Lilesa à son retour d’exil il y a quelques jours.

Aux JO 2016, le monde entier a connu cet athlète qui, au moment de franchir la ligne d’arrivée du marathon, a croisé ses deux mains levés vers le ciel et brandies comme si elles étaient ligotées. Il protestait ainsi contre le gouvernement éthiopien d’alors au moment de franchir la ligne d’arrivée.

«Le gouvernement éthiopien tue mon peuple», a-t-il dit à Rio pour dénoncer les violences faites en Ethiopie à son ethnie, les Oromos. En effet, des centaines de manifestants oromos, qui protestaient notamment contre des menaces d’expropriation, ont été tués et des dizaines de milliers emprisonnés, parfois torturés, ou ont disparu selon Human Rights Watch. Alors que cette crise était ignorée par la communauté internationale, Feyisa Lilesa venait de la médiatiser.

Il a refusé de rentrer au pays à la fin de la compétition

Médaillé d’argent à Rio, Feyisa Lilesa a estimé après son geste qu’il était en danger de mort et risquait de se faire tuer ou arrêter s’il rentrait au pays. En dépit des garanties à lui données par le gouvernement éthiopien d’alors, il restera quelques  semaines au Brésil avant de se diriger vers les Etats-Unis. Ces deux dernières années, il a vécu discrètement dans le nord de l’Arizona, plus précisément à Flagstaff.

«Tout me manque », confiait-il à Le Temps. « Mon père, ma mère, mes trois frères, mes quatre sœurs, mon peuple, le climat, la nourriture, les odeurs. Tout. Vous ne pouvez même pas vous imaginer », se lamentait Feyisa qui a, entre temps, été rejoint par sa femme et son enfant. Heureusement pour lui, le jour de la délivrance finira par arriver.

Un « sacré changement » qui lui a ouvert la voie du retour

En avril 2018, un nouveau Premier ministre a été porté à la tête de l’Ethiopie. Il s’agit d’Abiy Ahmed, issu de la même ethnie que le marathonien. C’est la première fois dans l’histoire de ce pays qu’une personnalité Oromo prend les rênes du pouvoir.  Très vite, le nouvel  homme fort d’Addis Abeba va faire un virage 180°. Il lève l’état d’urgence qui planait sur le pays, libère les prisonniers politiques et sort le Front de Libération Oromo de la liste des organisations terroristes. Il met également fin à la brutalité des forces de sécurité et ouvre l’espace démocratique. Alors que l’Ethiopie et l’Erythrée son en guerre depuis quelques années, Abiy Ahmed fait la paix avec son voisin. En somme, il entend solder les vieux contentieux diplomatiques et sécuritaires qui minent le développement et l’unité de l’Éthiopie.

Ces changements ont fini par convaincre Feyisa Lilesa qui a décidé de retourner dans son pays. «Il y a eu un sacré changement dans le pays. Maintenant les gens peuvent exprimer librement leurs opinions et condamner librement le gouvernement », reconnait-il à son arrivée à Addis Abeba dimanche, avant de saluer la mémoire des « martyrs qui ont sacrifié leurs vies et m’ont donné la liberté de venir dans mon pays et rejoindre ma famille ».

Désormais près des siens et libre de ses mouvements, le marathonien veut revenir à son meilleur niveau. Mieux, il est prêt à courir de nouveau pour l’Ethiopie et à représenter son pays sur le plan international, après un peu plus de deux ans sans compétition. «Je veux revenir à mes performances antérieures, j’ai bon espoir de réaliser de bons résultats pour mon pays et pour moi-même», a-t-il fait savoir dimanche.

S’il est vrai qu’il a beaucoup couru dans les paysages splendides de l’Arizona pour maintenir sa forme, ces paysages n’ont malheureusement rien à voir avec les hauts plateaux éthiopiens qu’il a retrouvés et grâce auxquels il peut s’entraîner normalement. Ceci, pour pouvoir participer, en 2020, aux Jeux Olympique de Tokyo, pour son pays, l’Ethiopie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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