[Exclu] Maroc / Foot Féminin : Objectif, gagner une CAN

L'équipe de la rédaction d'Africa Top Sports




Un des responsables de la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF), Omar Khyari a accepté de répondre à nos questions suite à une réunion dirigée par le président de la FRMF, Fouzi Lekjaa qui traçait la feuille de route du projet de restructuration du football féminin à l’échelle nationale.

– Le 6 août dernier vous avez lancé un projet ambitieux sur le plan économique pour le football féminin au Maroc, pouvez-vous nous donner les axes principaux ?

Le 6 août, figure désormais parmi les dates historiques du sport au Maroc et en particulier du football. La signature du contrat d’objectifs avec la Ligue Nationale du Football Féminin (LNFF) , les 12 ligues régionales et la Direction Technique Nationale (DTN) est un acte fort de la Fédération Royal Marocaine de Football (FRMF) pour la promotion du foot féminin. Avec un investissement de plus 60 millions de dirhams par an pour les 4 prochaines années, la FRMF va ainsi apporter un soutien technique et financier aux clubs, aux joueuses et aux fédérations (la LNFF ?).

Dans les grandes lignes, cela comprend, un important volet sportif avec le lancement d’un championnat professionnel (D1, D2) dès la saison prochaine et l’instauration d’un championnat national U17 et des championnats régionaux des catégories de jeunes.

Le second volet est financier, on va investir dans le personnel encadrant féminin, permettre aux sportifs de gagner de l’argent avec leur passion, et accompagner les clubs dans la gestion économique et financière de leur structure. Si les clubs ne peuvent pas encore générer tout de suite des profits, il faut les aider à ne pas en perdre en leur apprenant à bien optimiser leur budget.

Quels sont les premiers objectifs économiques à très court terme pour la Fédération ? 

Cette nouvelle convention fixe trois objectifs principaux à atteindre à l’horizon 2024. Premièrement, nous souhaitons faire du football féminin le sport le plus pratiqué au Maroc par les femmes avec 89.802 licenciées minimum. Ensuite former 1.000 cadres techniques pour le football féminin et enfin, développer  le niveau des compétitions. Pour ce dernier point, il s’agit d’instaurer des championnats compétitifs à tous les niveaux (première division, deuxième division, championnats des ligues, championnats des catégories de jeunes).

L’investissement supporté par la fédération, 240 millions de dirhams sur quatre ans est important, mais il nécessaire pour créer un cercle vertueux, et développer une économie du football féminin au Maroc. Pour les premières retombées économiques, elles seront liées aux performances de nos équipes nationales.

Notre grande et légitime ambition est une qualification régulière aux phases finales des coupes d’Afrique des nations de toutes les catégories, gagner une coupe d’Afrique au moins dans une catégorie de jeunes. Et nous avons aussi en ligne de mire les compétitions mondiales, avec une qualification pour la coupe du monde au moins dans une catégorie de jeunes, et  des participations à la coupe du monde séniors 2023 et aux Jeux olympiques Paris 2024.

Alors que les clubs de football ont subi la crise du COVID de plein fouet, pensez-vous qu’ils seront prêts pour mettre les moyens en place pour les équipes féminines ? Comment comptez-vous les soutenir ? – Comment ces derniers pourront générer des fonds grâce au football féminin selon vous ? 

Le sport n’a pas été épargné par la crise sanitaire liée au Covid-19, dont l’impact économique a été désastreuse pour l’économie du football. Les structures africaines, que ce soient les clubs et les fédérations, ont été encore plus durement touchés.

Pour le cas du Maroc, pendant cette crise, la FRMF a pleinement joué le rôle de l’institution de tutelle dans la gestion de la crise en relation avec les pouvoirs publics. De nombreux dispositifs d’accompagnement et de soutiens ont été mise en place pour les aides les clubs, ligues et au corps arbitral.

Par exemple, les clubs de la Botola D1 et D2 la FRMF a versé la troisième tranche des subventions aux clubs de la Botola D1 et D2. Ainsi, pour la première division, les clubs de l’élite se sont partagés la somme de 16 millions de dirhams. Pour la D2, la Fédération a octroyé la somme de 10 millions de dirhams.

En ce qui concernent les sexions féminines, la FRMF mettra à la disposition des clubs de 1ère et de 2ème une subvention de fonctionnement d’un montant de 1.200.000 dirhams pour les clubs de 1èredivision et de l’ordre 800.000 dirhams pour les clubs de 2ème division 100.000 dirhams aux Ligues régionales pour le développement du football féminin à condition de respecter des clauses du contrat.

Et pour les sportifs en particuliers, il y a d’abord, l’application du code du travail qui stipule, que les joueuses de l’équipe féminine Sénior doivent toutes avoir un contrat professionnel conformément aux statuts et règlements en vigueur. Mais la grande nouveauté et que désormais, ce contrat va permettre à toutes les joueurs de bénéficier d’un salaire minimum. En D1, la rémunération mensuelle sera de minimum 350 euros et pour les joueuses de la D2, environ 260 euros ou plus par mois.

– Outre le facteur économique, le Maroc reste très décrié en matière d’égalité des sexes, le football féminin est-il également un enjeu social pour la fédération ?

Effectivement l’enjeux social est très important. Le sport est reconnu en tant que facteur de cohésion social, un terrain propice et favorable à l’égalité des genres. Le football est « le sport universel », pratiqué aux quatre coins de la planète. Quoi de mieux, en effet, qu’un match de football féminin pour tacler les clichés et stéréotypes, marquer des buts contre la discrimination, les inégalités et l’exclusion.

Le Maroc connait aujourd’hui un tournant majeur, celui de permettre à la femme de pratiquer ce sport populaire dans de très bonnes conditions et de lui donner l’opportunité d’exprimer pleinement ses talents et son potentiel. Et de s’épanouir professionnellement dans le football comme c’est déjà le cas dans d’autres disciplines sportives

Je ne vais pas arguer que le football féminin est un remède aux mots de notre société, mais j’ai la certitude, que par la promotion de ce sport et de ses valeurs, nous voulons œuvrer à la construisons d’une société plus inclusive. Et un pas de géant vient d’être fait en ce sens.


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