Le Regard (par Yves de Fréau) : Jacques Anouma, pour donner au football africain, une nouvelle image



« Cette fois-ci sera la bonne ». C’est ce que pensent le peuple ivoirien et les personnes attachées à l’ancien président de la Fédération Ivoirienne de Football, Jacques Anouma, candidat à l’élection à la présidence de la CAF, en mars prochain. D’aucuns n’hésitent pas à penser haut que s’il avait eu la chance de prendre part à la toute dernière, remportée par le Malgache Ahmad Ahmad, c’est lui, M. Anouma qui serait en train de terminer son mandat. Le tout premier et dernier, comme il l’affirmait le 13 novembre dernier sur les antennes de RFI…

Eh bien, au-delà de ses ambitions déclarées pour le football africain, « Je peux donner au football africain une autre image, une autre vision », l’autre bonne nouvelle que porte l’Ivoirien, c’est son souhait de ne pas exercer plus d’un mandat. Conscient de ses 69 années d’existence sur terre. Les jeux à son niveau, comme on le voit, sont au départ, bien clairs. Plus clairs que ces situations ambiguës, personnellement vécues et, plus encore, subies dans le cadre justement de ces élections antérieures !

En 2013, le candidat ivoirien s’apprêtait à affronter Issa Hayatou, mais…

Fin 2012, M. Jacques Bernard Daniel Anouma, ne cache pas son intention d’affronter l’indéboulonnable Issa Hayatou, à la tête de la CAF depuis 1987. Fort de ses 25 longues années passées à ce poste, et armé de la forte dose d’expérience acquise, le Camerounais fait annuler sans trop intervenir, la candidature du tout récent ex chef du service financier de la Présidence ivoirienne. C’était parti d’une motion proposée par Mohamed Raouraoua, président de la Fédération Algérienne de Football, laquelle prévoyait que « tout candidat souhaitant briguer le poste de président de la CAF, devait être membre du Comité exécutif, ou ait occupé par le passé cette fonction ».

Jacques Anouma, se retrouvant subitement hors-jeu, déclenche néanmoins quelques agitations, malheureusement insuffisantes pour retourner les choses en faveur de sa candidature. Il se plie finalement et laisse les choses se dérouler sans lui. En mars de l’an 2017, il se signale simplement par son absence, d’où les regrets du peuple ivoirien et des personnes à lui attachées. Lesquels pensent, à tord ou à raison, que Jacques Anouma aurait raflé la première place s’il s’était présenté à cette élection, qui a vu tomber l’indéboulonnable Issa Hayatou, au bénéfice d’Ahmad Ahmad.

L’heure de remettre les choses à l’endroit, a-t-elle enfin sonné ? L’Afrique, témoin des événements relatifs aux destinées de la CAF, se réveille un dimanche (8 novembre 2020), après une nuit à réfléchir sur l’annonce, la veille, de la Fédération Ivoirienne de Football de la candidature de son ancien président : « Jacques Anouma se porte candidat à l’élection à la présidence de la CAF ». En ce moment, Ahmad Ahmad était bien là et occupait en personne la place. C’est en somme le tombeur d’Hayatou que voulait croiser l’ancien président de l’UFOA.

30 années d’expérience dans le football et une grande carrière professionnelle

Et en annonçant à une semaine de la date limite du dépôt des candidatures que son ancien président, participera à l’élection à la présidence de la CAF prévue en mars 2021, la FIF voulait neutraliser toute entrave. Histoire de lancer régulièrement le train ivoirien sur les rails, menant au siège de la CAF. Le pilote, avec ses 30 années d’expérience, tout en espérant que les africains soient ouverts à ses propositions, en offre déjà une tellement séduisante. Et tentante !

Et c’est justement à propos du débat sur la CAN tous les quatre ans, qui est un souhait de la FIFA. Tout en étant solidaire de la décision de la CAF qui maintient l’événement tous les deux ans, Jacques Anouma estime qu’« il va falloir en discuter à nouveau », avouant que « ce n’est pas une question à prendre à la légère et il faudra remettre le dossier sur la table ». Sans doute, conscient que c’est une proposition venant de la FIFA, « un partenaire privilégié », et donc, « qu’il ne faut pas fermer la porte au débat ». Un discours responsable et hautement sportif. On dirait un président déjà élu de la CAF qui parle.

A 69 ans, on peut estimer qu’après une longue et riche carrière, commencée à Air France de Côte d’Ivoire en tant que cadre, et qui se termine à la présidence de la République en qualité de chef de service financier, le prénommé Jacques a parfaitement meublé sa carte de visite professionnelle. Dire aussi que durant une dizaine d’années (2000-2010), Jacques Anouma, élu entre temps président de la Fédération Ivoirienne de Football (décembre 2002), a su cumuler sans trop de difficultés les fonctions ! Lui qui ne quitte la présidence de la FIF qu’à l’approche de l’année 2012.

Il était aussi membre depuis 2006, du Comité exécutif de la FIFA. Surement ce qui lui donne l’idée de lorgner la tête de la CAF, malheureusement freinée par le fameux « amendement Raouraoua » de près et de…loin, téléguidé par un certain Issa Hayatou lors de sa première tentative en 2013.

Oui, à la candidature unique de l’Afrique de l’ouest !

« Cette fois-ci sera la bonne », clament ceux qui portent dans leur cœur le candidat ivoirien qui semble ces derniers jours, susciter plus d’estime de la part de beaucoup d’observateurs. A raison peut-être, et dans une double mesure. D’abord, celle avec laquelle, il avait pris la sanction infligée à l’ancien occupant du fauteuil présidentiel de la CAF Ahmad Ahmad. Et son idée de voir l’Afrique de l’ouest s’unir autour d’un seul candidat. Parlant du Malgache, suspendu par la commission d’Ethique de la FIFA Jacques Anouma, reconnait que ce dernier est « quelqu’un qui avait vraiment envie de faire les réformes, mais il avait en face de lui un bureau où tout le monde n’était pas solidaire. Peut-être cela peut être à l’origine de ses ennuis… ».

Dans ses paroles, on sent ce parfum de classe. Propre aux dirigeants sportifs avisés ! Et lorsqu’on médite sur la façon dont il prend aussi la candidature unique pour l’Afrique de l’Ouest, ses mots semblent évidemment teintés de la même classe : « Je pense que vous allez très vite en besogne. Avec mon frère Augustin Senghor du Sénégal, nous pensons déjà à cette éventualité. On pense que l’idéal serait que l’Afrique de l’Ouest parte unie. A partir du moment où c’est une volonté commune, le consensus se fera tout doucement. Mais, ça ne se fera pas d’un coup de baguette magique ». Tout est dit là.

L’Afrique quant à elle, attend, les doigts croisés pour voir ce qu’il adviendra. Jacques Anouma a dans sa poche, le parrainage de la fédération de son pays qui d’ailleurs lui souhaite « plein succès ». Il a le soutien du Niger, du Bénin, du Togo et du Kenya, et avec ça, on peut dire que ça avance. Il ne resterait plus qu’à y ajouter l’union de toute l’Afrique occidentale, pour titiller le sommet. Mais cela reste une toute autre histoire, suspendue en l’air pour l’instant. Avant la date fatidique du 12 mars 2021.

 

 


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