Le Regard (par Yves de Fréau) : Le CHAN, avec ou sans les séparatistes camerounais ?



La phase finale du Championnat d’Afrique de football des Nations, (CHAN), ouvre ses portes le 16 janvier 2021, en terre camerounaise. Et en vedettes, les 14 meilleures Nations, issues des éliminatoires, s’ajoutent au pays organisateur et au champion en titre, le Maroc, pour rivaliser d’ardeur, de courage et de sueurs. Avec pour finalité, la couronne. Les sélections locales du continent africain, éparpillées dans trois villes, Yaoundé, Douala et Limbé, attendent donc de commencer très prochainement leurs shows.

De belles installations pour accueillir l’événement, même si tout se joue à huis-clos

Quatre belles installations situées respectivement au centre, dans le littoral et dans le sud-ouest du pays, sont choisies pour abriter l’événement. Et après l’apéritif symbolisé par le passage dans ces différentes villes fait par la mascotte « Tara » de la compétition, place à l’essentiel, avec l’entame le samedi 16 janvier 2021, à partir de 16h entre le Cameroun et le Zimbabwe. Deux formations qui peinent à écrire juste une petite histoire dans cette compétition. Ce que tente déjà de faire si bien le Cameroun, en se donnant à l’organisation de celle-ci. Qui sait, les Lions attendus, pourraient véritablement rugir à la fin…

Pour l’heure, on note la volonté affichée par le pays hôte de rendre beau ce grand rendez-vous de l’Afrique pour l’Afrique. Et dans ce regroupement autour du cuir rond, tout en regrettant de célèbres absents, à l’instar du Nigéria finaliste malheureux de la précédente édition ; de la Libye, sacrée championne en 2014 ; tout comme d’autres références, le Ghana, le Sénégal, l’Algérie, la Côte d’Ivoire… on se réjouit tout de même d’accueillir quelques novices.

Principalement, le Togo. Les Eperviers, au cours de leur apprentissage, sont invités au premier tour, à se produire en premier, face aux Lions de l’Atlas du Maroc dans la Poule C, basée à Douala où ils logent. Avant de croiser les Guêpes (Amavubi) de Rwanda, pour terminer face aux Cranes, entendez, les Grues d’Ouganda. Un programme, plus ou moins accessible pour toute équipe nationale ambitieuse, malgré son manque d’expérience dans ces grosses batailles. Outre le stade de la Réunification de 40.000 places de Douala, un autre du nom de Japoma, pouvant contenir 50.000 personnes, attendent d’accueillir les rencontres des Poules A et D. Tandis que la capitale politique du Cameroun, Yaoundé, avec son joyau d’ « Ahmadou Ahidjo », s’ajoute au stade de Limbé pour assurer l’événement du 16 janvier au 07 février 2021. Sans public, bien sûr !

A retenir qu’à Douala, les hostilités se passeront d’un côté, dans le Groupe C, et de l’autre dans le Groupe D, constitué de la Zambie, de la Guinée, de la Namibie et de la Tanzanie. Beaucoup de visiteurs ainsi se battront dans la même ville. Tandis qu’au centre du pays, le Cameroun dont le sort est lié lors du premier tour de ce CHAN au Mali, au Burkina-Faso et au Zimbabwe. Et qui tentera de s’effriter des pièges de ces derniers. C’est alors que, le stade de Limbé, s’abandonnera aux rythmes endiablés, de la Libye, de la RDC, du Congo et du Niger, avant d’en extirper ses deux quarts de finalistes.

Prévu pour servir de tour de chauffe à la prochaine CAN, le CHAN est menacé

Finalement, cette phase finale du CHAN, prévue pour servir de tour de chauffe à la prochaine CAN, au pays de Paul Biya, garde intact son esprit initial. D’autant que l’Afrique dans un coin de sa tête, garde le secret déjà avoué d’y retourner surement pour la CAN aussi. Une aubaine pour ces internationaux locaux qui devront par leurs prestations, se voir ouvrir le chemin du grand carrefour du football continental que ce nouveau millénaire fait du Cameroun. La CAN après le CHAN, une sacrée chance en somme ! C’est du moins, l’idée qu’on se faisait, jusqu’à la survenance de cette correspondance envoyée à la CAF, à la FIFA et aux équipes de la poule D du CHAN, dans laquelle, « les leaders séparatistes  mettent en garde tous les officiels, joueurs et spectateurs qui se rendront dans les villes de Limbé et de Buea ».

Là, il s’agit essentiellement d’une note en guise de mise en garde adressée à M. Constant Omari Selemani, président par intérim de la CAF, par M. Larry Ayamba, secrétaire d’état chargé des affaires étrangères de l’Etat de l’Ambazonie, une note dans laquelle il demande que le stade de Victoria (Limbe) soit retiré des stades retenus pour accueillir le CHAN 2021. Sous prétexte que la ville de Limbe est incluse dans une zone de guerre et n’est donc pas « propice pour accueillir une compétition de football pour l’instant ». Une manière, plus ou moins claire d’affirmer aux délégations zambienne, guinéenne, namibienne et tanzanienne, à leurs différents supporters et aux officiels impliqués dans la compétition qu’ils ne bénéficieront là, de la moindre garantie de sécurité.

Aussi, est-il suggéré à la CAF « d’immédiatement mettre fin à tout projet d’organisation de matchs à Limbe, de ne loger aucune équipe sur le territoire de l’Ambazonie, de ne causer un quelconque rassemblement et mouvement de supporters pour les matchs du CHAN, cela pour des raisons de sécurité et de survie ». En voilà de ces choses qui viennent comme pour faire entorse à la belle fête tant attendue. Un véritable coup de poignard auquel ne s’attendaient aucunement ni le régime ni le gouvernement camerounais, encore moins, les populations. Malheureusement, la réalité est que désormais, il va falloir compter avec ces séparatistes.

 

 


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