La Chronique de Yves de Fréau : CHAN / Maroc, les raisons d’un second sacre consécutif



Dimanche 07 février 2021, en terre camerounaise. On dirait qu’il fait encore soleil. Pourtant, il est 21h GMT, dépassé de quelques minutes au stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé. L’image ressemble à celle d’Héraclès ce héros de la mythologie grecque, porté par une foule massive qui chante son nom, son invincibilité et sa gloire… Houcine Ammouta, porté en triomphe par ses joueurs, tout heureux de remporter, invaincus, pour la deuxième fois consécutive, le Championnat d’Afrique des Nations (CHAN), devant les Aigles du Mali. Ces derniers rêvaient de changer le cours de l’histoire et de devenir pour une fois plus grands que les Lions. Oubliant que ces fauves, sont de l’Atlas. Et que ce que réalise Houcine Ammouta, n’était qu’une répétition d’une scène jouée, il y a un peu plus de trois ans, par Jamal Sellami, le coach champion d’Afrique. C’était le dimanche 4 février 2018.

Des émotions, du respect et une immense affection sur le continent pour Houcine Ammouta

Dans les esprits sur le continent, naissent de vives émotions, un grand respect mais aussi une immense affection pour les techniciens chérifiens, qui même en se passant le pouvoir, ont su garder le cap. En y pensant, et en tenant compte de la facilité avec laquelle l’équipe marocaine vient de réaliser le doublé, les raisons de son triomphe (2-0) sur le Mali, selon nous, ne pouvaient se limiter à Jamal Sellami hier, et à Houcine Ammouta aujourd’hui… Alors, poussant un peu plus loin notre curiosité, on découvre que beaucoup de belles choses se passent dans le football marocain, depuis déjà presqu’une dizaine d’années. Depuis la fin de l’année 2013, où Fouzi Lekjaa est élu président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF). Devant lui, une montagne de missions : entre autres, redresser la situation sportive des Lions de l’Atlas, éliminés lors du 1er tour de la Coupe d’Afrique des Nations 2013 et qui venaient une nouvelle fois d’échouer de se qualifier pour un Mondial, celui de 2014 au Brésil.

Puis, arrive de Berkane l’homme, patron du club la Renaissance Sportive depuis seulement trois ans ! C’est là qu’il réalise son premier miracle sportif national, puisqu’en deux années d’administration de cette formation, il réussit à la hisser en première division après 27 années passées au purgatoire. Aujourd’hui, l’on sait ce que représente en Afrique, la Renaissance Sportive de Berkane : après avoir échoué à une première finale continentale face au club égyptien Zamalek, la RSB s’offre la seconde l’an dernier, aux dépends d’un autre club de ce même pays, Pyramids, pour s’adjuger son premier sacre dans la prestigieuse Coupe de la Confédération (CAF). Une œuvre parmi tant d’autres de Fouzi Lekjaa, dont le grand mérite est d’avoir réveillé de sa longue somnolence le football du Royaume chérifien.

Les fruits de la politique sportive ambitieuse du président de la FRMF Fouzi Lekjaa

En plus de ce second sacre de l’équipe nationale locale du Maroc au CHAN, ce pays a récemment eu l’honneur de se faire représenter par 4 clubs en demi-finales des deux grandes compétitions continentales… Le Raja, Wydad, RS Berkane et Hassania Agadir. Un plein historique, comme titrait afriquesports.net en mars 2020. Et de narrer que, « c’est la première fois dans l’histoire moderne de la compétition qu’un pays parvient à placer 4 représentants en demi-finales de LdC et de CdC. ». Le sacre du Maroc à l’issue du CHAN 2020, n’était alors que naturellement attendu. D’autant que dans ce pays, tout se fait pour titiller l’excellence. Les chiffres sont tout à fait monstrueux, surtout le premier tour passé : 5-2 infligés à la Zambie en quart de finale ; 4-0 pour sortir le pays organisateur, le Cameroun, de sa compétition ; et 2-0, en guise de…à la prochaine, pour le Mali.

Depuis son élection à la tête de la FRMF, Fouzi Lekjaa met en place une politique sportive ambitieuse et une amélioration de la gouvernance et des conditions économiques des clubs. Avec un programme axé sur la construction de centaines de terrains de proximité dans toutes les régions du Maroc, et celle de nouvelles infrastructures, sans parler de la mise à niveau d’autres nombreux stades de football. Tant de choses qui font qu’on peut même affirmer que toute chose, se retrouvant dans les mains de Fouzi Lekjaa, peut se transformer en or… Tenez, quelques mois seulement après sa prise du pouvoir à la FRMF, le Maroc s’offre le billet de la Coupe du monde  « Brésil 2014 » ! Voilà que la baraka qu’il draine, et son implication acharnée portent tellement bien leurs fruits, et on peut même sans exagérer, dire que le peuple marocain, avec bien sûr, le soutien du gouvernement, lui doit cette belle et continue révolution sportive sur le continent. Déjà qu’on compte aussi son club, la RSB parmi les 10 meilleurs d’Afrique à la fin de l’année dernière !

Les Aigles du Mali, semblent n’avoir pas tenu compte de ce long développement que vient de larguer pour la beauté des yeux et pour le sens de la compréhension, cette Chronique. Sinon, ils ne rêveraient jamais aussi haut face aux Lions de l’Atlas lors de la finale de ce CHAN. Ironie du sort, leurs différents malheurs sont venus de là…haut, face aux adversaires très sûrs de leur affaire. Ouverture du score à la 70e min par Soufiane Bouftini de la tête, puis le second but 9 minutes plus tard par le capitaine Ayoub El Kaabi, de la même manière. Entre temps, les commentateurs sportifs de la chaine mondiale de Télé, Canal Plus, expliquaient le faux dilettantisme et la tranquillité que déploient face aux Aigles, les Lions champions en titre, par une certaine suffisance. Ces Lions de l’Atlas ! Emmerdeurs en plus. N’est-ce pas de cette sorte qu’ordinairement s’amusent les vieux chats quand ils tiennent entre leurs griffes, certaines petites souris, avant de les achever ?

Admettons-le ! Ce Maroc, présent au Cameroun, n’a pas l’adversaire qui pouvait véritablement lui tenir tête durant 90 minutes pleines d’un match de football. La preuve, est que, finalistes malheureux de l’édition 2016 au Rwanda (battus 0-3 par la RDC), les Aigles qui se caractérisaient jusque-là par une solidité défensive sans égal et commandée par le gardien des A, Djigui Diarra, qui n’a encaissé qu’un but en l’espace de cinq matches, en a pris 2 cette fois. L’autre preuve est que 5 Lions de l’Atlas, constituent la majeure partie de l’ossature de l’équipe type retenue par la CAF, à la fin de la compétition. Ce CHAN fut donc, en résumé, une domination avec la manière telles que planifiées par Houcine Ammouta, porté à la fin en triomphe. Tel un héros de la mythologie grecque.

 


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