La Chronique de Yves de Fréau : Ces entraineurs que le Togo a perdus avant d’engager Claude Le Roy



De l’utopie par excellence ! Un embouteillage de contreperformances. C’est ce que le sélectionneur togolais, Claude Le Roy, fraichement…démis de ses fonctions, a servi au football togolais, le temps de son passage à la tête de leur équipe nationale de football. Qu’on nous excuse de choisir le terme « passage ». Car, en vérité, c’était une éternité qui lui était réservée par les sommités politiques de ce pays. Et fort de la naïveté et des erreurs, par un passé récent, commises par ces dirigeants dans cette discipline sportive, le technicien français a passé plus de cinq années à ternir l’image du pays qui lui offrait pourtant mensuellement près de 30 millions de francs CFA. Une véritable fortune en Afrique. Et une sorte de mine d’or aux yeux des fonctionnaires togolais. Un sélectionneur qui gagne plus que le guide de l’ensemble des citoyens de cette République !

L’histoire, a-t-on appris sur les bancs d’école, c’est le récit de la vie des hommes. Elle est aussi celui de la vie des peuples. Et même des sélections nationales. La vie tranquille et hautement insouciante, menée avec les Eperviers du Togo par l’homme qui a été leur sélectionneur durant ces 5 dernières années, on peut le dire, a été un signe, pardon, une punition du destin. Et si, à l’annonce officielle du départ du vieux technicien français par le Team manager de la sélection, à travers un drôle de communiqué, il n’y a eu aucune exultation, c’est dû en partie, au réel ressentiment des gens. Une sorte d’écœurement populaire qui va au-delà de la colère qu’on peut avoir quand on est dépassé. Une réflexion d’un homme de presse, résume l’amer constat retenu par tout un peuple : après avoir détruit la sélection du Togo, Claude Le Roy, s’en va sur la pointe des pieds. Tout un symbole.

Le technicien français de 73 ans, a débarqué au Togo, à un moment où son prédécesseur, Tom Sainfielt, était à deux doigts de qualifier les Eperviers, pour la phase finale de la CAN Gabon 2017. Et le renvoi de ce dernier, lié sans ambages à la prise du « pouvoir » du sorcier blanc, fait partie des mauvais calculs sporadiquement faits par les autorités de ce pays. Il restait pour se qualifier, 2 matchs à disputer pour le Togo, contre le Liberia et Djibouti… Et 4 points récoltés dans ces deux confrontations, ont suffi pour faire de Le Roy, un faiseur de miracle ! L’enseignement qui dit, on récolte ce qu’on a semé, vient alors, faire son introduction au creux de cette Chronique.

Stephen Keshi : sa qualification du Togo pour la Coupe du monde, non prise en compte

Tenez, au début de l’an 2006, le technicien nigérian Stephen Keshi, sans aucun ménagement est démis de ses fonctions de sélectionneur du Togo. Les autorités politiques et sportives togolaises, ont vite fait d’oublier que cet homme, venu de nulle part était celui-là qui venait d’offrir sa première qualification pour la Coupe du monde, aux Eperviers. L’équipe du Togo, tombée au premier tour de la CAN en Egypte, qu’est-ce que ça peut faire et susciter de si profond, jusqu’à ce qu’on refuse de prendre en compte une qualification en Coupe du monde, brandie aux détriments de grosses cylindrées comme la Zambie, le Mali et le Sénégal ?

Cette décision d’empêcher l’ancien capitaine des Super Eagles, de gouter au fruit de son labeur en Allemagne au mondial, pouvait s’avérer non seulement une grande erreur mais aussi, une sorte d’ingratitude qui ne disait pas son nom. Le Togo, ne va malheureusement pas en rester là. Seulement, la maxime qui dit, on récolte ce qu’on a semé, reste une évidence. Une vérité incontournable qui suit l’homme dans son quotidien. Ainsi que l’équipe nationale du Togo, dans son histoire malheureusement…

Sous la direction de Didier Six, au début des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations, Afrique du Sud 2013, le Togo réalise des débuts asthmatiques contre le Kenya : (2-1) à l’aller, à Naïrobi et (0-1) au retour, à Lomé. Scores justes, mais suffisants pour que les Eperviers passent ! Et se frottent ensuite dans deux autres rencontres qualificatives directement pour la phase finale, aux Panthères du Gabon. Là, la sélection togolaise, annoncée favorite de la manche retour avec le résultat nul (1-1) arraché à l’aller à Libreville, le 08 septembre 2012, parachève son œuvre de qualification à Lomé devant un public des grands jours…

Contrat non renouvelé pour Didier Six, contre toute attente…

Le meilleur réservé pour le Togo et son coach, lors de la phase finale de cette CAN, organisée par l’Afrique du Sud, les verra se qualifier pour les quarts de finale. Un résultat historique, suscité par de très belles performances des poulains de Didier Six, qui vont malheureusement, après avoir battu l’Algérie et tenu en échec la Tunisie, se faire cloués au poteau par les Etalons du Burkina-Faso. Ce fut à un quart d’heure de la fin d’un derby de l’Afrique de l’ouest, « un quart pour l’histoire », comme l’ont titré nos amis de l’Euro Sport, avant la rencontre, à l’issue de laquelle devait être retenu un invité surprise en demi-finale. Le Togo ou le Burkina-Faso, « qui ont d’ores et déjà réussi leur tournoi et visent la prolongation du rêve ».

Quoi qu’il arrive, le perdant de ce quart de finale rentrera avec les honneurs au pays ! C’est du moins ce que pensait toute l’Afrique. Mais, pour un but inscrit par Pitroïpa à la 105e mn de la prolongation, le contrat de Didier Six ne sera pas renouvelé. Le technicien français, le seul, qui a pu élever plus haut les Eperviers du Togo, dans toute leur histoire dans cette compétition, a été victime des caprices de deux éléments qu’il avait osé ne pas inscrire pour cette campagne : Adébayor Shéyi et Agassa Kossi. L’histoire retient que c’est par une décision présidentielle que ces deux indésirables de Didier Six, ont pu par-après, voyager sur Johannesburg.  Ceci reste aux yeux des Togolais, la seconde erreur faite par cette autorité locale. Sans oublier qu’avant Didier Six, il y avait l’histoire non commencée et inachevée, à la fois, de l’équipe du Togo avec Hubert Velud.

D’anciens sélectionneurs du Togo, Didier Six, Hubert Velud et Tom Sainfielt, au Cameroun 2022

Ce dernier a quitté le Togo, dans un contexte assez particulier. Et c’est pour une raison liée à sa…sécurité… Hubert Velud a quitté ses fonctions de sélectionneur du Togo pour diriger le club de Créteil, en France. L’homme, marqué par la fusillade de Cabinda, au début de la CAN 2010, qui a coûté la vie à deux personnes, a surtout été découragé par les incertitudes qui accompagnaient les éliminatoires de la CAN 2012, auxquelles les Eperviers ont été réintégrés tardivement. De la part des décideurs de ce pays, aucune voix ne s’était levée pour le retenir ou essayer de le faire retrouver l’envie de continuer avec les Eperviers. Une autre page se ferme sur un sélectionneur du Togo que ses populations commençaient par porter dans leur cœur.

A présent toutes ces populations, face à l’histoire, ruminent leurs grands regrets de ne pas compter le Togo, parmi les 24 pays qualifiés pour la CAN prochaine. Au delà de cette fâcheuse réalité, le destin toujours aussi impitoyable et plein de mémoire, leur en impose un peu plus. En leur rappelant d’abord que c’est avec seulement 8 Nations qualifiées que le Togo a participé à sa première CAN en 1972 au Cameroun. Presque 50 années plus tard, ce pays se retrouve incapable d’y retourner avec l’appel lancé par la CAF, à 24 Nations. Et comme si ce lourd bagage de regrets ne suffisait pas, le destin, pour fouetter davantage le système nerveux des supporters des Eperviers, a inscrit déjà des noms comme Didier Six, Tom Sainfielt et Hubert Velud, dans son programme de CAN camerounaise. Pour ça, et sans toutefois demander au Chroniqueur, les nouvelles de Claude Le Roy, suivez tout de même son regard !

 


Articles récents