
À la veille d’un affrontement clé face à Reims, Luis Enrique, entraîneur du Paris Saint-Germain, se trouve sous le feu des projecteurs. Entre attentes élevées des supporters et nécessité de consolider la dynamique de l’équipe, ce match représente bien plus qu’une simple étape dans la saison. Focus sur les enjeux et les stratégies d’un coach déterminé à faire briller ses couleurs.
Journaliste – Après l’euphorie de mercredi, est-ce que vous êtes un entraineur qui aime surfer sur cette euphorie pour les matches d’après ou vous aimez aussi faire redescendre les joueurs les pieds sur terre, pour qu’ils ne s’enflamment ?
Tout scénario après un match de Ligue des Champions est toujours différent. Nous devons affronter un match maintenant contre un rival (Reims) qui nous a toujours rendu les choses difficiles et en tant qu’entraîneur qui l’année dernière avec un entraineur qui a fait match nul au Parc des Princes. C’est une grande joie pour nos fans, mais demain une autre compétition revient, la Ligue 1, et il n’y a pas eu un match facile. Tout le monde dit que nous avons gagné la Ligue 1 très facilement, mais il est très difficile de gagner tous les matchs à domicile et à l’extérieur, et si vous regardez comment nous avons commencé 2025, tout les matchs ont été difficiles, il n’y a pas eu un seul match simple, en Coupe avec Espaly, c’était difficile, Saint-Étienne à domicile, difficile, et ça sera difficile demain.
Il y aura peu d’espace, beaucoup de joueurs qui défendent derrière le ballon, un adversaire agressif qui défend bien. Demain encore il faudra préparer le match sérieusement et voir si nous sommes capables d’en faire un succès.
Journaliste – Demain est-ce le bon moment pour lancer Kvara ? Allez-vous préparer le match contre Stuttgart ? Ou allons-nous le voir jouer contre Reims ? Qu’attendez-vous de lui ? Dans quel rôle vous aimeriez le voir jouer ? On sait que vous aimez évidemment la polyvalence et pouvoir mettre vos joueurs un peu partout, mais y a-t-il un rôle particulier que vous attendez et quel sera son statut dans cette équipe ?
Comme toujours, lorsque nous faisons venir un joueur, c’est parce que nous pensons qu’il va s’améliorer et qu’il va aider l’équipe à améliorer nos performances. Quand va-t-il commencer à jouer ? Cela dépendra de ce que nous verrons à l’entraînement. Et je vous dis dès le début que c’est très difficile à cause du niveau de l’effectif que j’ai depuis la saison dernière. Quand on arrive à signer un joueur c’est parce qu’on est convaincu qu’il peut améliorer ses performances. À partir de là, quand va-t-il jouer ? Ce n’est pas important. L’important c’est qu’il est déjà dans une dynamique, il est déjà avec nous, il sait déjà ce que j’attends, il commence à voir ce qu’on demande aux joueurs. Je suis très content.
Journaliste – Toujours en ce qui concerne Kvara, comment s’est passée son intégration ? Qu’avez-vous pu observer de son travail ? Il a joué la première partie de saison avec un autre club. Comment le sentez-vous physiquement ?
Il va très bien physiquement. Nous l’avons vu à l’entraînement sans aucun problème. Il s’est déjà parfaitement adapté, c’est déjà un joueur du Paris Saint-Germain et je le vois très bien s’en sortir.
Journaliste – Comment pouvez-vous maintenir le même niveau de jeu de votre équipe, à la fois physiquement et mentalement ?
Eh bien, comme nous le faisons depuis toujours. Demain, je le répète, pour pouvoir jouer dans une équipe de haut niveau qui concourt tous les trois jours, il faut être préparé, être fort physiquement, mais fort mentalement aussi, pour se préparer à jouer les matches.
Il n’y a pas de répit, nous sommes sûrs d’affronter un adversaire (Reims) très motivé, qui est très dangereux, qui n’est pas dans un bon moment, mais qui veut sûrement rivaliser. Et cela nous a rendu la vie difficile [par le passé] et nous sommes confrontés à un scénario très différent de mercredi [avec la Ligue des Champions], c’est une compétition différente [la Ligue 1], mais il est nécessaire pour nous de commencer à un rythme élevé et d’obtenir les trois points.
Africa Top Sports – Qu’est-ce qui vous a le plus impressionné dans l’attitude de vos joueurs ? Et en tant qu’entraîneur, que ressentez-vous personnellement après une victoire d’une telle intensité ?
Je ressens la même chose, comme je vous l’ai dit quand nous avons perdu contre l’Atletico de Madrid, le Arsenal… Nous sommes sur la bonne voie. Et il y aura des victoires et des défaites. Il est clair que cette victoire est spéciale [contre City].
Je pense que c’est très bien, surtout pour les jeunes joueurs que nous avons, afin qu’ils puissent voir qu’ils sont capables de contribuer au plus haut niveau, ainsi que pour nos fans qui ont beaucoup confiance en l’équipe, afin que nous puissions continuer à nous renforcer et qu’ils croient en nous, avec plus de victoires et j’espère beaucoup plus d’intensité, même s’il y aura aussi des défaites et c’est logique. Mais je pense qu’en termes de confiance, c’est extrêmement positif.
Journaliste – Mercredi face à City il y avait trois recrues, Neves, Doué et Pacho. Quel rôle vous jouez dans l’intégration de ces recrues et celle de Kvara ?
Nous sommes une équipe jeune depuis la saison dernière dans les phases finales. Mais je n’ai jamais vu la jeunesse être un problème, bien au contraire, même s’il est clair qu’en termes d’expérience cela est court. Nous avons déjà un an d’expérience par rapport aux joueurs qui nous ont rejoint la saison dernière. L’année dernière, nous étions déjà à un très bon niveau en Ligue des Champions et cette année, ceux qui sont arrivés essaient d’acquérir cette expérience et de renforcer l’équipe. Ils se préparent à jouer chaque année. Tous les trois jours dans des scénarios différents pour être compétitifs chaque semaine.
Journaliste – Vous avez reçu beaucoup de critiques depuis le début de saison, aujourd’hui vous avez les félicitations. Comment vivez-vous cela ?
Mon environnement, ma famille et mes amis, ne me critiquent pas, et ils ne me font pas d’éloges. Ils souffrent avec moi quand nous perdons et ils sont heureux quand nous gagnons. J’accepte les critiques en conférence de presse et c’est normal, dans une grande équipe il y a toujours des critiques.
Journaliste – Depuis mercredi, un joueur fait beaucoup parler de lui, c’est Joao Neves. À quel point il vous impressionne cette saison et encore plus depuis mercredi, surtout qu’il n’a que 20 ans ?
Je pense que la direction sportive et le club font beaucoup de travail pour trouver des joueurs qui, selon nous, peuvent améliorer notre effectif, et avec João, évidemment, nous avons été très clairs sur le fait que c’était l’une de ces possibilités depuis la saison dernière.
Notre objectif est de créer une équipe pour l’avenir, mais une équipe qui est déjà en compétition maintenant et qui peut concourir pour tous les titres chaque année. C’est le but. Continuer à améliorer l’équipe sera de plus en plus difficile, mais c’est le sentiment que nous voulons avoir. Ce n’est pas facile de jouer au Paris Saint-Germain, car il y a beaucoup de concurrence et il y a des objectifs prioritaires très importants. Cela signifie que vous devez être préparé et que vous devez vous améliorer et ne pas vous reposer.
Journaliste – Que pensez-vous de ce match contre Reims, sachant que c’est un adversaire qui a causé d’énormes problèmes au Paris-Saint-Germain (4 matches nuls et 1 seule victoire, ndlr) ?
C’est sans aucun doute une équipe qui défend près de son but, c’est une équipe qui sait très bien défendre. Ils vont nous fermer les espaces, mais ils ont aussi des joueurs sur les ailes qui sont capables de faire des transitions, une équipe qui centre beaucoup, une équipe qui travaille dur, mais qui n’est pas à son meilleur niveau, ce qui la rend dangereuse.
Et après un match comme celui qu’on vient de jouer [contre City], où les émotions sont à leur comble, c’est clair que c’est un test, c’est un défi pour nous. La chose normale dans ce genre de match serait de se détendre, de spéculer et d’attendre ce qui se passe.
Mon objectif est de jouer à 100% demain pour gagner le match dès la première minute, car ça va être difficile, et si on continue dans cette dynamique, je suis sûr que demain on aura le Parc des Princes qui nous encouragera et nous soutiendra à nouveau pour continuer à prolonger notre séquence de victoires autant que possible.
Journaliste – Kvara et Barcola ont des caractéristiques similaires. Comment allez-vous les utiliser ?
Sans aucun doute, j’ai 6, je dirais 7 attaquants en ce moment, ils peuvent jouer, il peut y avoir n’importe quelle combinaison de ces 7. Ensuite je pense à quel genre de synergies il peut y avoir entre les joueurs et dans quel état de forme ils sont, ce qu’ils peuvent apporter à l’équipe, en attaque et en défense, à partir de là avec ces 7 joueurs, nous faisons la combinaison que je veux, mais vous les verrez tous.
Journaliste – On dit que quand une équipe perd, c’est la faute de l’entraîneur et quand elle gagne, c’est grâce aux joueurs, quel rôle pensez-vous qu’ils auront joué dans la victoire contre Manchester City ?
La meilleure chose à propos du jeu l’autre jour, c’est la joie de nos fans, de nos familles, c’est la meilleure sensation. Puis la joie varie d’un jour à l’autre, parfois vous gagnez, parfois vous perdez. C’est l’une des plus belles choses au monde d’être un joueur de football professionnel, et je vous répondrai très facilement, j’ai le même pourcentage de la responsabilité de l’échec comme de la défaite, c’est la même chose, sans aucun doute, et chacun peut m’en donner 20%, 5%, 1%, 0%, 90%, ou 100%, mais c’est pareil pour moi.
Journaliste – Kvara peut marquer de loin, mais aussi entrer dans la surface pour faire mouche. Que pensez-vous du joueur ?
Il y a beaucoup de joueurs qui l’ont bien sûr [cette qualité de marquer de loin], toutes les capacités des joueurs sont les bienvenues et notre travail en tant que coach est de les adapter à l’équipe. Cela me semble une très bonne ressource, nous connaissons très bien Kvara et nous voulions l’intégrer la saison dernière, cela ne pouvait pas se faire. Nous avons fait une étude de ses caractéristiques parfaitement adaptables à notre idée du jeu et chaque fois que nous proposons une idée, elle est basée sur les ressources que nous pensons avoir avec nos joueurs et l’une des choses où je crois que nous avons beaucoup progressé et celle-ci, en voyant quelles sont leurs capacités innées, celles qu’ils ont déjà sans faire d’effort et en essayant de les améliorer plutôt que de chercher quelque chose que j’attends de Kvara.
Nous essayons de placer nos attaquants face au but la plupart du temps afin qu’ils puissent dribbler ou atteindre les zones de tir et à partir de là, nous cherchons qui peut mieux se connecter avec ce profil de joueur, les synergies entre eux. Je pense que nous avons tout à fait raison [sur notre recrutement] et j’aime ce que Kvara peut apporter.
Journaliste – Comment communiquez-vous avec vos joueurs ?
Je le fais à ma façon et je me base sur ce que je ressens et sur ce dont je vois que l’équipe a besoin individuellement. Il y a des moments où nous faisons du travail individuel, du travail par lignes, du travail d’équipe global, cela dépend.
Aujourd’hui, par exemple, nous avons eu une réunion avec un seul homme, avec un joueur pour expliquer notre idée du jeu, ce que nous voulons faire, comment nous voulons le faire. Parfois chaque semaine nous parlons avec l’équipe évidemment à travers des sessions vidéo, ce qui est la chose normale. Ce que fait un entraîneur, il n’y a pas de plan établi. De quoi l’équipe a-t-elle besoin ? C’est le plus capital.
Pour moi la communication avec les joueurs est très importante, c’est très important de transmettre le message que vous voulez transmettre, c’est très important de rectifier quand ça ne va pas et le feedback qu’ils me donnent et que nous pouvons améliorer. Je pense que ce n’est pas différent de ce que font tous les entraîneurs.
Journaliste – Combien de fois avez-vous revu le match contre Manchester City ? De notre point de vue, Lee et Ruiz ont été décevants. Si nous regardons en détail ce que vous avez vu, quels sont les points d’amélioration que vous voyez dans ce match ?
Je ne l’ai analysé qu’une seule fois, je ne l’ai vu qu’une seule fois, mais cela m’a pris 4 ou 5 heures. L’analyse que nous, les entraîneurs, faisons, avec notre staff est complète. Si nous prenons maintenant chaque match, il y a certains joueurs qui sont meilleurs et d’autres sont moins bons, c’est la dynamique de l’équipe.
Ce match ne ressemble pas au précédent, et ne sera pas comme celui de demain. Il y aura 11 joueurs qui débuteront, j’espère qu’il y en aura 7 ou 8 à un très haut niveau et 1 ou 2 qui sont un peu en dessous de leur niveau, c’est l’habituel norme, c’est pourquoi il est important que nous sachions que nous sommes une équipe qui ne dépend pas d’un seul joueur, mais qu’il y a des joueurs sur le banc avec la capacité d’améliorer ce que les joueurs titulaires ont fait dans ce sens.
J’aime vraiment ce que je vois à l’entrainement et ce que ressens lorsque nous jouons et notre travail est de continuer dans la même lignée, car les mois arrivent où nous allons jouer toutes les compétitions et ce sont des mois où nous devons donner le meilleur de nous-mêmes.
Journaliste – Quels sont les avantages et les risques de cette victoire contre City ? Les avantages peuvent être la confiance des joueurs, la compétition, et les risques seraient de se détendre un peu trop ?
L’histoire est comme ça, on préfère être heureux et rendre tout le monde joyeux, mais j’ai un sentiment depuis que je suis arrivé ici et je pense que quiconque fait une analyse juste du PSG n’a jamais vu le PSG détendu, qui s’enlise dans un match. Des moments où le rival a été meilleur que nous, il y en a, mais je n’ai jamais vu l’équipe se détendre à cause de l’apathie ou du manque d’ambition et je ne pense pas que cela se produira et si cela se produisait à plusieurs reprises, je ne serais plus là. Ce n’est pas la façon dont nous essayons de vivre le foot. Nous avons essayé de recruter des joueurs qui ont l’ADN du club, de la direction sportive et de l’entraîneur.
Demain, je ne sais pas si nous allons gagner ou non, mais je peux vous assurer que nous allons être ambitieux et que l’équipe va avoir du rythme en attaque et en défense. Ensuite, si nous sommes plus précis ou non, si le rival a été meilleur ou non, je ne peux pas le dire. Mais je répète, je ne pense pas que quiconque sortira détendu demain, car ce n’est pas notre plan de travail ou notre idée et c’est l’une des les choses dont nous avons déjà parlé avant d’arriver au match, pour que cela n’arrive pas.
Photo : ATS (Dounia Mesli)