
Les mots sont lourds de sens et ne viennent pas d’un observateur extérieur. Cette fois, c’est Augustin Senghor lui-même, président de la Fédération sénégalaise de football et ancien numéro deux de la CAF, qui brise le silence.
Lors d’une intervention sur la chaîne sénégalaise 2STV, il a ouvertement dénoncé l’influence grandissante – et selon lui démesurée – du Maroc sur les instances du football africain.
Évincé du Conseil de la FIFA lors des récentes élections, Senghor ne mâche pas ses mots. Il accuse la CAF, dirigée par Patrice Motsepe, d’avoir délibérément abandonné sa neutralité pour laisser le Royaume chérifien s’imposer en maître du jeu.
« Le Maroc a su imposer une position incontournable au sein de la Confédération », affirme Senghor dans des propos relayés par La Gazette du Fennec.
Le patron de la fédération sénégalais met en avant une question de principes tout en déballant, sans détours, son sac. « Fouzi Lekjaa n’est pas un dirigeant fort, c’est la CAF qui a jeté les fédérations africaines dans les bras du Maroc. Et je refuse de m’y soumettre », tranche-t-il, dénonçant un système opaque où les règles du fair-play sont régulièrement contournées.
Senghor cite notamment le cas du Niger contraint de “recevoir” le Maroc… sur le sol marocain. Pour lui, c’est un non-sens éthique et une preuve supplémentaire d’un déséquilibre qu’il juge alarmant.
Par ailleurs, Augustin Senghor ne cache plus son inquiétude quant à la trajectoire prise par la CAF, qu’il accuse de dériver vers un modèle basé sur des alliances politiques plutôt que sur l’équité entre les différentes zones du continent. Selon lui, la représentativité africaine à la FIFA illustre parfaitement ce déséquilibre : une majorité de postes accaparés par des représentants venus d’Afrique du Nord, au détriment des zones francophones et anglophones subsahariennes. Une anomalie que le patron du football sénégalais dénonce vivement : « Est-ce normal que 10 % du continent représentent la totalité de l’Afrique ? Il n’y a qu’un seul membre francophone, un seul anglophone, et tout le reste vient d’Afrique du Nord ».