
I. Résumé Analytique
Ce rapport analyse les perspectives d’avenir de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), en examinant sa trajectoire à travers de multiples dimensions, incluant l’organisation, la viabilité commerciale, la qualité sportive et son impact plus large sur le football africain. Les éditions à venir, notamment Maroc 2025 et l’organisation conjointe par le Kenya, la Tanzanie et l’Ouganda en 2027, signalent une phase d’expansion et de défis. La CAN Maroc 2025, reprogrammée en hiver pour éviter un conflit avec la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA, met en lumière les complexités du calendrier mondial. L’édition Pamoja 2027, une première co-organisation tripartite en Afrique de l’Est, représente une opportunité de développement infrastructurel majeur pour la région, mais aussi un défi logistique considérable.
Sur le plan commercial, la CAN affiche une croissance notable, avec une augmentation des revenus de sponsoring, des droits de diffusion et de la billetterie, soutenue par une professionnalisation de la stratégie commerciale de la Confédération Africaine de Football (CAF). Cependant, un écart significatif persiste par rapport à des tournois comme l’Euro de l’UEFA. L’amélioration de la qualité du jeu, à travers des investissements dans l’arbitrage, la formation des entraîneurs et les infrastructures, est intrinsèquement liée à cette valorisation commerciale.
Les défis majeurs incluent l’harmonisation du calendrier avec les compétitions de clubs européens et mondiaux, la gestion de la charge de travail des joueurs et la garantie de leur disponibilité. Le développement des infrastructures à travers le continent reste une priorité, tout comme l’assurance que l’organisation de la CAN génère un héritage durable pour les nations hôtes, tant sur le plan sportif qu’économique. La vision stratégique de la CAF, axée sur la bonne gouvernance, la transparence et l’investissement dans le football à tous les niveaux, est fondamentale pour l’avenir du tournoi. Ce rapport conclut par des recommandations stratégiques visant à consolider la position de la CAN comme un tournoi continental de premier plan, avec une résonance mondiale croissante, tout en naviguant les complexités inhérentes à son développement.
II. Le Paysage Évolutif de l’Organisation de la CAN
L’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) entre dans une phase dynamique, marquée par des éditions confirmées qui promettent à la fois de consolider les acquis et d’explorer de nouveaux territoires pour le football africain. Les choix des pays hôtes et les préparatifs en cours dessinent les contours d’un tournoi en pleine mutation, cherchant à équilibrer prestige, développement et rayonnement continental.
A. Éditions Futures Confirmées : Maroc 2025 & Pamoja (Afrique de l’Est) 2027
Les deux prochaines éditions de la CAN illustrent cette dynamique, avec des profils d’hôtes distincts et des enjeux spécifiques.
Maroc 2025 (21 décembre 2025 – 18 janvier 2026)
Le Maroc a été confirmé comme pays hôte de la 35ème édition de la CAN. Initialement prévue pour l’été 2025, la compétition a été reprogrammée du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026 afin d’éviter un conflit de calendrier avec la nouvelle formule élargie de la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA, qui se tiendra en juin et juillet 2025 aux États-Unis. Cette décision, justifiée par le Secrétaire Général de la CAF, Veron Mosengo-Omba, par le souci du bien-être des joueurs qui auraient enchaîné deux compétitions majeures , souligne l’influence croissante des compétitions mondiales de clubs sur l’agenda de la CAN.
Les préparatifs au Maroc sont déjà bien avancés. Le tournoi se déroulera dans neuf stades répartis dans six villes : Rabat, Casablanca, Agadir, Marrakech, Fès et Tanger. Le Complexe Sportif Prince Moulay Abdellah à Rabat, d’une capacité de 69 500 places, accueillera le match d’ouverture et la finale. Plus de 120 projets de construction et de rénovation sont en cours, englobant non seulement les stades mais aussi le développement urbain, l’amélioration de la mobilité et la modernisation des aéroports, avec un engagement de finaliser les travaux bien avant le début du tournoi. Le Président de la CAF, Patrice Motsepe, a d’ailleurs salué le haut niveau des infrastructures sportives marocaines et les progrès réalisés. Cette édition marocaine est également perçue comme une préparation stratégique en vue de la Coupe du Monde de la FIFA 2030, que le Maroc co-organisera.
Sur le plan économique, les investissements massifs dans les infrastructures devraient soutenir la croissance économique du pays. Le secteur de la construction, en particulier, devrait connaître une expansion significative, stimulée par les préparatifs de la CAN 2025 et de la Coupe du Monde 2030. Le FMI a noté la résilience économique du Maroc et prévoit une croissance du PIB soutenue par ces projets d’infrastructure.
Candidature Pamoja – Kenya, Tanzanie, Ouganda 2027
L’édition 2027 de la CAN marquera un tournant historique, puisqu’elle sera co-organisée pour la première fois par trois pays : le Kenya, la Tanzanie et l’Ouganda. Cette candidature, baptisée « Pamoja » (ensemble en swahili), a été officiellement confirmée le 27 septembre 2023. Ce sera également la première fois en cinq décennies que le tournoi se déroulera dans la région CECAFA (Conseil des Associations de Football d’Afrique de l’Est et Centrale). Les dates prévues pour le tournoi sont juin-juillet 2027.
L’un des défis majeurs pour la candidature Pamoja réside dans le développement des infrastructures. Des investissements considérables sont nécessaires pour la construction de nouveaux stades et la mise à niveau des installations existantes. Au Kenya, il est prévu de rénover les stades de Kasarani, Nyayo et Kip Keino, et de construire le nouveau Talanta Stadium. L’Ouganda travaille à la modernisation du stade Namboole et prévoit de nouveaux sites à Hoima et Lira. La Tanzanie, quant à elle, rénove le stade Benjamin Mkapa et envisage de nouveaux stades à Arusha et Dodoma. Actuellement, la région compte peu de stades homologués par la CAF, ce qui représente un obstacle infrastructurel important. Les leçons tirées des expériences passées, comme les dépenses considérables du Cameroun pour la CAN 2021 ou les améliorations progressives de l’Égypte sur plusieurs éditions, seront précieuses.
Néanmoins, l’impact économique et touristique attendu est considérable. L’organisation de la CAN devrait stimuler le tourisme, créer des emplois et dynamiser les économies locales en Afrique de l’Est. Le tournoi offrira une plateforme unique pour mettre en valeur le riche patrimoine culturel et les attractions naturelles de la région.
L’attribution de la CAN 2025 au Maroc, nation dotée d’infrastructures établies, et celle de 2027 à la candidature Pamoja, axée sur le développement, suggère une stratégie délibérée de la CAF. Cette approche semble viser à équilibrer le risque en confiant l’organisation à des pays aux capacités éprouvées, tout en utilisant le tournoi comme un catalyseur pour le développement des infrastructures footballistiques et économiques dans des régions qui en ont besoin. Cela pourrait encourager à l’avenir davantage de candidatures conjointes pour répartir la charge financière et maximiser l’impact régional.
Le report de la CAN 2025 en raison de l’expansion de la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA met en évidence la pression croissante exercée par les intérêts commerciaux de la FIFA sur le calendrier mondial. L’adaptation de la CAN, avec un retour forcé à une programmation hivernale pour l’édition 2025 (et potentiellement pour 2029 ), ravivera inévitablement les tensions avec les clubs européens concernant la libération des joueurs. Cela rend les négociations et le renforcement des relations de la CAF avec les parties prenantes européennes (clubs, ECA, FIFPro) encore plus cruciaux pour garantir la participation des meilleurs joueurs.
La candidature Pamoja pour 2027 s’inscrit dans une tendance croissante à la co-organisation de grands tournois. Ce modèle permet de partager le fardeau financier et logistique, rendant potentiellement l’accueil accessible à un plus grand nombre de nations. Cependant, il introduit également des complexités en matière de coordination, de standardisation des installations et de logistique transfrontalière. Le succès du modèle Pamoja 2027 influencera de manière significative les futures candidatures, en particulier celles émanant de régions aux profils de développement similaires.
Tableau 1 : Prochaines Éditions de la CAN – Hôtes, Dates et Caractéristiques Clés
Édition (Année) | Hôte(s) | Dates Confirmées | Nombre d’Équipes | Notes Clés sur l’Infrastructure/Stades |
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2025 | Maroc | 21 déc. 2025 – 18 jan. 2026 | 24 | 9 stades dans 6 villes (Rabat, Casablanca, Agadir, Marrakech, Fès, Tanger). Match d’ouverture et finale au Complexe Sportif Prince Moulay Abdellah, Rabat (69 500 places). |
2027 | Kenya, Tanzanie, Ouganda | Juin – Juillet 2027 (prévu) | 24 | Multiples stades nouveaux et rénovés prévus dans les trois pays (ex: Talanta Stadium au Kenya, nouveaux stades à Hoima/Lira en Ouganda, Arusha/Dodoma en Tanzanie). |
B. La Route vers la CAN 2029 et Au-delà : Candidatures Émergentes et Dynamiques de Sélection des Hôtes
Alors que les éditions 2025 et 2027 sont attribuées, l’attention se tourne progressivement vers la CAN 2029 et les suivantes. Plusieurs nations ont déjà manifesté leur intérêt pour l’organisation de la CAN 2029. Parmi elles figurent l’Angola, la République Démocratique du Congo (RDC), l’Éthiopie, la Guinée Équatoriale, ainsi qu’une potentielle candidature conjointe de la Zambie et du Botswana. Le Sénégal, initialement candidat, a retiré sa proposition en raison d’un manque d’infrastructures adéquates.
Le Président de la CAF, Patrice Motsepe, a activement encouragé certaines nations, comme l’Angola, à se porter candidates. La sélection des hôtes futurs continuera probablement de pondérer des critères tels que l’état de préparation des infrastructures, le soutien gouvernemental, le potentiel d’héritage et une certaine forme de rotation régionale. Il est à noter que l’édition 2029 est également envisagée pour la période décembre-janvier, en raison de la tenue de la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA durant l’été 2029. La tendance aux candidatures conjointes, à l’image de celle envisagée par la Zambie et le Botswana, pourrait devenir plus fréquente pour gérer les coûts et élargir les opportunités d’accueil.
Les motivations derrière ces candidatures sont multiples et dépassent souvent le simple cadre sportif. L’organisation de la CAN est perçue comme un levier de prestige national, un catalyseur pour le développement des infrastructures et un stimulant économique. L’ambition de l’Éthiopie de construire six nouveaux stades malgré ses limitations actuelles en est un exemple frappant. De même, la candidature de la RDC fait suite à une bonne performance lors de la CAN 2023, visant à capitaliser sur cet élan sportif pour le développement national. La CAF peut tirer parti de ce désir d’organisation pour faire avancer ses objectifs stratégiques, en exigeant des engagements plus forts en matière d’héritage, de durabilité et de développement du football de base dans le cadre des critères de candidature. Cependant, elle doit également se méfier des candidatures davantage motivées par des ambitions politiques que par des capacités réalistes, comme l’illustre le retrait du Sénégal.
C. L’Héritage de l’Organisation : Impact à Long Terme sur les Infrastructures Nationales et les Capacités Sportives
L’organisation de la CAN laisse souvent un héritage tangible sous forme de stades modernisés ou neufs, d’installations d’entraînement améliorées et de progrès dans les infrastructures générales telles que les transports et l’hébergement. L’édition 2021 au Cameroun a impliqué plus de 885 millions de dollars d’investissements , tandis que la CAN 2019 en Égypte a généré 83 millions de dollars de revenus et conduit à des améliorations des réseaux de transport.
Au-delà des aspects matériels, l’héritage intangible comprend un accroissement de la fierté nationale, une visibilité internationale accrue, un potentiel de tourisme durable et une impulsion au développement du sport local. Cependant, assurer l’utilité post-tournoi des installations et éviter les « éléphants blancs » demeure un défi crucial. L’accent se déplace de plus en plus vers le développement durable et l’utilisation communautaire des infrastructures.
L’organisation de la CAN offre une plateforme significative pour le « soft power » et le marketing national. Une organisation réussie peut modifier les perceptions internationales, attirer des investissements et favoriser l’unité nationale, comme en témoigne la victoire de la Côte d’Ivoire lors de la CAN 2023. Cet aspect rend l’accueil attrayant même pour les pays confrontés à des défis internes, mais les expose également à un examen minutieux concernant la gouvernance et l’allocation des ressources, soulevant parfois le débat sur le « sportswashing ». La CAF doit veiller à ce que ses exigences en matière d’organisation favorisent des héritages positifs qui s’étendent bien au-delà de la période du tournoi lui-même.
III. Naviguer dans le Calendrier Mondial du Football : Programmation et Format de la CAN
La place de la CAN dans le calendrier international du football est un enjeu stratégique majeur, influençant sa compétitivité, la disponibilité des joueurs et sa relation avec les autres grandes compétitions. Les débats sur sa fréquence, son harmonisation avec les calendriers des clubs et l’évolution potentielle de sa structure sont au cœur des perspectives d’avenir du tournoi.
A. La Question Biennale : Débats sur la Fréquence et le Calendrier
Actuellement, la CAN est un tournoi biennal , une fréquence maintenue depuis ses débuts en 1957, avec une évolution progressive du nombre de participants. Cette régularité est parfois remise en question. Certains proposent un passage à un cycle de quatre ans, arguant que cela augmenterait le prestige du tournoi, renforcerait sa valeur commerciale (la rareté créant la demande), permettrait une meilleure adaptation aux conditions climatiques des pays hôtes et offrirait plus de temps pour la planification et le développement des infrastructures. Le report de la CAN 2023 en Côte d’Ivoire en raison de conditions météorologiques défavorables illustre bien les défis liés à la programmation.
Malgré ces discussions , la CAF a globalement conservé le format biennal. La programmation de la CAN 2025 en décembre 2025 – janvier 2026 et de la CAN 2027 en juin-juillet 2027 témoigne d’une certaine flexibilité, mais pas d’un abandon fondamental de la fréquence biennale. Ce format biennal présente un double tranchant : il maximise l’engagement continental, offre plus d’opportunités d’organisation aux associations membres et maintient plus régulièrement le football africain sous les projecteurs. Cependant, il contribue à la congestion du calendrier et peut être perçu comme moins prestigieux que les tournois quadriennaux tels que l’Euro ou la Coupe du Monde. La CAF est donc confrontée à un dilemme stratégique : privilégier les dynamiques internes du football africain et les besoins de développement, ou viser un prestige et une valeur commerciale accrus au niveau mondial. Le compromis actuel semble être le maintien de la fréquence biennale tout en faisant preuve de souplesse quant à la période de l’année (hiver/été), en fonction des pressions du calendrier mondial et du climat du pays hôte.
B. Harmonisation avec les Calendriers Internationaux : Le Nœud de la Coupe du Monde des Clubs et des Ligues Européennes
L’impact de la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA (CMC) élargie à 32 équipes, prévue en juin-juillet 2025, a été direct et significatif, contraignant le report de la CAN 2025 d’un créneau estival à la période de décembre 2025 – janvier 2026. Le Secrétaire Général de la CAF, Veron Mosengo-Omba, a invoqué le bien-être des joueurs comme raison principale, afin d’éviter un enchaînement immédiat de deux tournois majeurs. De même, la CAN 2029 est également prévue en décembre-janvier en raison de la CMC.
Cette nouvelle configuration du calendrier mondial, où la CMC de la FIFA occupe une place prépondérante, réduit l’autonomie de la CAF dans le choix du moment optimal pour son événement phare. Si la CAN est systématiquement repoussée en hiver, le conflit traditionnel avec les saisons des championnats européens, concernant la libération des joueurs, persistera et pourrait même s’intensifier. Cela nécessitera des accords plus robustes, et potentiellement des concessions de la part de la CAF, avec les clubs européens. Cette situation a également des répercussions sur la sélection des pays hôtes, car une organisation en hiver requiert des conditions climatiques spécifiques.
C. Bien-être et Disponibilité des Joueurs : Gérer la Charge de Travail et les Tensions Club-Pays
La charge de travail des joueurs africains évoluant à l’international est une préoccupation majeure. Un rapport de la FIFPro Afrique souligne que ces joueurs supportent des charges de travail jusqu’à deux fois plus lourdes que ceux évoluant uniquement dans les championnats nationaux, certains disputant jusqu’à 60 matchs par saison. Cette situation est aggravée par une logistique de voyage souvent difficile et des conditions éprouvantes en Afrique.
La programmation de la CAN en milieu de saison européenne crée des défis importants pour les joueurs africains employés par des clubs européens, générant des frictions et une pression physique et mentale supplémentaire. Elle peut également perturber les saisons nationales pour les joueurs basés en Afrique qui ne participent pas au tournoi. De plus, le risque de blessure est accru en raison du manque de temps de récupération et de la fatigue excessive.
Un dialogue est en cours entre les différentes parties prenantes. FIFPro Europe, l’UEFA, les Ligues Européennes et l’Association Européenne des Clubs (ECA) discutent activement de la charge de travail des joueurs, de la congestion du calendrier et du bien-être des joueurs. La CAF a également noué des partenariats, par exemple avec la Commission Européenne, qui touchent au développement et pourraient favoriser ce dialogue. Dans ce contexte, le désir des stars africaines de représenter leur nation à la CAN constitue un levier important pour la CAF dans ses négociations. Une stratégie efficace pour la CAF devrait donc non seulement se concentrer sur le dialogue institutionnel mais aussi sur le soutien et la responsabilisation des joueurs. Maintenir la CAN comme un tournoi hautement attractif et prestigieux pour les joueurs eux-mêmes est essentiel pour assurer leur participation, ce qui, en retour, exerce une pression sur les clubs. L’amélioration des dotations financières et de la qualité générale du tournoi contribue à cet objectif.
D. Évolution Potentielle de la Structure du Tournoi
Le format de la CAN a considérablement évolué depuis sa création, passant de 3 équipes en 1957 à 24 équipes actuellement. L’élargissement de 16 à 24 équipes a eu lieu en 2019. Le format actuel comprend 24 équipes réparties en 6 groupes de 4, suivis d’une phase à élimination directe à partir des huitièmes de finale, pour un total de 52 matchs. Ce format est confirmé pour les éditions 2025 et 2027.
Bien que le format à 24 équipes semble stable pour le moment, des discussions passées ont envisagé d’autres modifications. L’avantage cité d’un élargissement était une plus grande exposition pour les équipes, mais l’inconvénient résidait dans une potentielle dilution de la compétition lors des qualifications et une charge d’organisation accrue. L’expansion à 24 équipes visait une plus grande inclusivité et davantage d’opportunités de participation pour les nations. Cependant, cela augmente le nombre de matchs et les infrastructures requises , limitant potentiellement le nombre de pays capables d’organiser seuls le tournoi. Par conséquent, le format à 24 équipes rendra probablement les co-organisations plus fréquentes à l’avenir, en particulier pour les nations dont les infrastructures sont en développement. La CAF doit soigneusement équilibrer le désir d’une large participation avec le maintien d’un tournoi compétitif de haute qualité et s’assurer que les hôtes sont adéquatement préparés pour cette échelle plus grande.
IV. Horizons Commerciaux : Expansion de la Puissance Financière de la CAN
La Coupe d’Afrique des Nations est en passe de renforcer son statut de puissance financière, grâce à une stratégie de commercialisation de plus en plus sophistiquée et à un intérêt mondial croissant. L’optimisation de ses flux de revenus et une gestion financière rigoureuse sont essentielles pour son développement futur et sa capacité à réinvestir dans le football africain.
A. Flux de Revenus : Droits de Diffusion, Sponsoring et Billetterie
Les droits de diffusion constituent une part substantielle des revenus de la CAN. Pour l’édition 2023, les matchs ont été diffusés dans environ 180 pays grâce à des partenaires tels que Sky, Canal+, beIN Sport, BBC, MultiChoice, ainsi que 45 diffuseurs en clair. Consciente de ce potentiel, la CAF a lancé de nouveaux appels d’offres pour les droits médias, de diffusion et de sponsoring des CAN 2027 et 2029. Le marché mondial des droits médiatiques sportifs est en plein essor, dépassant les 60 milliards de dollars en 2024 , ce qui offre des perspectives de croissance importantes pour la CAN.
Le sponsoring est un autre pilier financier. La CAN 2023 comptait 17 partenaires commerciaux, dont TotalEnergies (sponsor titre), Orange et Unilever, et aurait généré environ 75 millions de dollars de revenus de sponsoring. La CAF a renouvelé des partenariats stratégiques, comme celui avec Africa Global Logistics (AGL) pour la CAN 2025 et la CAN Féminine 2026 , et vise à attirer davantage de marques mondiales et africaines.
La billetterie a également connu une progression spectaculaire. La CAN 2023 a enregistré une augmentation de 800 % des revenus de billetterie par rapport à 2021, avec plus de 1,2 million de spectateurs dans les stades. Globalement, la CAN 2023 a vu ses revenus commerciaux augmenter de 26 % par rapport à 2021 , et les revenus globaux de la CAF ont progressé de 48 % sous la présidence de Patrice Motsepe.
Cette dynamique positive s’explique en partie par une évolution vers une stratégie commerciale plus diversifiée et professionnalisée. Le lancement par la CAF d’appels d’offres ouverts pour les droits commerciaux , l’engagement d’agences de marketing mondiales et l’accent mis sur les partenariats à long terme indiquent une rupture avec les accords potentiellement opaques et mono-sources du passé, comme la résiliation du contrat avec Lagardère. Cette professionnalisation renforce la crédibilité et attire un éventail plus large de sponsors mondiaux et locaux, ce qui devrait conduire à une croissance plus durable des revenus et à de meilleures conditions commerciales pour la CAF, tout en améliorant la transparence et l’image de gouvernance de l’institution.
Tableau 2 : Flux de Revenus Commerciaux de la CAN – Performance Récente et Projections
Flux de Revenus | Performances/Estimations Récentes (ex: CAN 2023) | Tendances de Croissance (ex: % augmentation vs édition précédente) | Partenaires/Initiatives Clés |
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Droits TV | Diffusé dans ~180 pays | Augmentation significative de la couverture mondiale | Partenariats avec Sky, Canal+, beIN Sport, BBC, MultiChoice, 45 diffuseurs FTA. Nouveaux appels d’offres pour 2027/2029. |
Sponsoring | ~$75 millions (CAN 2023) , 17 partenaires commerciaux | Croissance du nombre de partenaires et des revenus | TotalEnergies (sponsor titre), Orange, Unilever, AGL. |
Billetterie | >1,2 million de spectateurs (CAN 2023) | +800% revenus vs 2021 (CAN 2023) | Amélioration de l’expérience stade, stratégies de tarification. |
Revenu Commercial Total | +26% vs 2021 (CAN 2023) | Croissance soutenue | Professionnalisation de la stratégie commerciale de la CAF. |
B. Stratégie Financière de la CAF et Investissement dans la Croissance
La CAF a une stratégie financière claire visant à réinvestir une part importante de ses revenus croissants dans le développement du football africain. Pour l’exercice 2024-2025, la CAF prévoit des revenus de 149,9 millions de dollars, dont 75 millions (55 % du budget) seront consacrés aux compétitions, aux dotations financières et à l’amélioration de la qualité, et 41,1 millions (30 %) au développement des associations membres et des zones. Le Président Motsepe a également annoncé une contribution d’un milliard de dollars au football africain sur huit ans, visant à allouer environ 1 million de dollars par nation à partir de 2026.
L’augmentation des dotations financières des compétitions est un élément clé de cette stratégie. Les vainqueurs de la CAN 2023 auraient reçu 7 millions de dollars , et ceux de la Ligue des Champions de la CAF 4 millions de dollars. Ces augmentations visent à rendre les compétitions africaines plus attractives et à retenir les talents sur le continent. Une part significative des revenus est également fléchée vers le développement du football de base, le football scolaire et le football féminin.
Cette autonomisation financière constitue un outil de développement et potentiellement de levier politique pour la CAF. En augmentant les dotations et le soutien financier direct aux associations membres , la CAF renforce ses relations avec ses membres et incite au développement. Une CAF et des associations membres financièrement plus solides sont mieux placées pour investir dans le développement à long terme (formation, infrastructures, championnats de jeunes), créant ainsi un cercle vertueux : amélioration de la qualité du football, qui à son tour augmente la valeur commerciale de la CAN.
C. Analyse Comparative avec les Pairs Mondiaux : Leçons de l’Euro et de la Copa América
Bien que la CAN progresse, un écart financier notable subsiste par rapport à ses homologues d’autres continents. L’Euro de l’UEFA distribue des dotations financières considérablement plus élevées (331 millions d’euros au total, 28,25 millions d’euros pour le vainqueur en 2024) que la CAN (7 millions de dollars pour le vainqueur en 2024) et la Copa América (72 millions de dollars au total, 10-16 millions de dollars pour le vainqueur en 2024). Les revenus des droits TV de l’Euro sont également substantiellement supérieurs.
En termes de stratégies commerciales, l’Euro et la Copa América disposent de structures de partenariat bien établies, s’appuyant souvent sur des marques mondiales. L’Euro bénéficie d’un marché économique unique et très développé. La Copa América a connu une croissance en ciblant le marché américain et en élargissant la participation. La CAN peut s’inspirer de la vente centralisée des droits commerciaux de l’Euro (par exemple, CAA Eleven pour l’UEFA ) et de la stratégie de la Copa América consistant à exploiter les marchés de la diaspora et les partenariats stratégiques pour la croissance.
L’écart significatif de revenus commerciaux et de dotations entre la CAN et l’Euro ne s’explique pas uniquement par la taille du marché, mais aussi par la perception de la valeur et de la stabilité de la marque CAN. Les problèmes de gouvernance passés et les incertitudes liées au calendrier ont pu affecter cette perception. Combler cet écart nécessite plus qu’une simple augmentation de l’audience ; cela exige des efforts soutenus pour améliorer la gouvernance, assurer la stabilité du tournoi (calendrier, organisation), rehausser le produit sur le terrain et professionnaliser les opérations commerciales afin de bâtir une confiance à long terme avec les sponsors et diffuseurs mondiaux. Les réformes actuelles de la CAF vont dans ce sens.
Tableau 3 : Analyse Comparative : CAN vs. Euro vs. Copa América (Indicateurs Clés)
Indicateur | CAN (Afrique) | Euro (UEFA) | Copa América (CONMEBOL) |
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Dotation Totale (approx.) | ~$50-70 millions (variable) | €331 millions (2024) | $72 millions (2024) |
Dotation Vainqueur (approx.) | $7 millions (2023) | €28,25 millions (2024) | $10-16 millions (2024) |
Valeur Estimée Droits TV (par cycle/tournoi) | En croissance, ~$75M sponsoring AFCON 2023 | Significativement plus élevée que la CAN | Croissance notable, notamment via le marché US |
Nombre d’Équipes | 24 | 24 | 16 (avec invités) |
Audience Estimée | ~2 milliards (CAN 2023) | Audience mondiale très élevée | Forte audience régionale et internationale croissante |
Note : Les chiffres de revenus et de droits TV sont des estimations basées sur les dernières données disponibles et peuvent varier.
D. Maximisation de l’Impact Économique pour les Nations Hôtes et le Continent
L’organisation de la CAN génère des retombées économiques à court terme significatives pour les pays hôtes, notamment une augmentation du tourisme, la création d’emplois dans l’hôtellerie, les transports, la vente au détail et la gestion d’événements. Par exemple, les participants à la CAN 2013 à Port Elizabeth étaient jeunes, éduqués et participaient à diverses activités. À long terme, les avantages peuvent inclure un tourisme soutenu, une image de marque mondiale améliorée, une diversification économique et un héritage en matière de développement sportif.
Cependant, des défis subsistent, tels que les coûts d’investissement initiaux élevés, la nécessité d’assurer l’utilisation des infrastructures après le tournoi et une répartition équitable des avantages économiques. Pour maximiser ces bénéfices, il est crucial que l’organisation de la CAN soit intégrée dans des plans nationaux de développement et de tourisme plus larges, plutôt que d’être un projet isolé. Cela garantit que les investissements en infrastructures correspondent aux besoins à long terme et que les efforts de marketing promeuvent le pays au-delà du simple événement footballistique. La CAF devrait encourager et guider les pays hôtes potentiels à élaborer des plans d’héritage complets, détaillant comment l’organisation de la CAN contribuera au développement économique et social durable, en faisant un élément clé de l’évaluation des candidatures.
V. Rehausser le Spectacle Sportif : Amélioration de l’Excellence Sportive de la CAN
L’avenir de la CAN repose non seulement sur sa croissance commerciale mais aussi, et de manière cruciale, sur l’amélioration continue de la qualité du spectacle sportif offert. Cela passe par des initiatives ciblées de la CAF concernant l’arbitrage, la formation des entraîneurs, la qualité des installations, ainsi que par un soutien accru au développement des talents et des championnats nationaux.
A. Initiatives de la CAF pour l’Amélioration de la Qualité : Arbitrage, Entraînement et Installations
La CAF a entrepris plusieurs démarches pour élever le niveau de ses compétitions. Concernant l’arbitrage, l’instance déploie l’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR) et a mis en place une académie VAR visant à former des arbitres d’élite pour les compétitions internationales et les championnats nationaux, avec un objectif initial de 180 arbitres. Les défis liés à cette initiative incluent le coût (estimé entre 1,4 et plus de 5 millions de dollars par saison) et la nécessité d’équiper tous les stades des infrastructures adéquates. L’amélioration de la concentration et de la prise de décision des arbitres est également une priorité.
En matière de formation des entraîneurs, la CAF, en collaboration avec les associations membres comme la SAFA (South African Football Association), introduit de nouvelles licences d’entraîneur (par exemple, la licence D de la SAFA remplaçant l’ancien certificat Grassroots) et ambitionne de former un grand nombre d’entraîneurs (100 000 à 150 000 sur 10 ans en Afrique du Sud) afin d’améliorer le développement des joueurs dès la base. L’accent est mis sur le rôle des entraîneurs en tant qu’éducateurs et modèles.
La qualité des installations, notamment les terrains et les stades, est un autre axe d’amélioration. La CAF a organisé un atelier pour les inspecteurs de stades en avril 2024, axé sur les cadres réglementaires, la qualité des terrains, la sécurité et les installations médias, afin de garantir que les stades répondent aux normes requises pour les événements de la CAF. Ceci est fondamental car des infrastructures médiocres (stades délabrés, terrains bosselés) impactent négativement la qualité du jeu.
L’interconnexion entre la qualité sur le terrain et la valeur commerciale est évidente. Des améliorations en matière d’arbitrage , de formation des entraîneurs et d’installations contribuent directement à un football de meilleure qualité lors de la CAN. Un produit sur le terrain plus attrayant (matchs plus excitants, équitables et bien joués) améliore naturellement l’expérience des téléspectateurs et l’attrait médiatique. Cet attrait accru rend le tournoi plus séduisant pour les diffuseurs et les sponsors, ce qui se traduit par une augmentation des revenus commerciaux. Ces fonds peuvent ensuite être réinvestis par la CAF dans de nouvelles améliorations de la qualité, créant ainsi une boucle de rétroaction positive essentielle à la croissance à long terme et à la compétitivité de la CAN.
B. Filières de Développement des Talents et Rôle de la CAN
La CAN est une vitrine majeure pour les talents africains, leur offrant une exposition internationale susceptible de mener à des transferts vers des championnats européens. Cependant, l’identification et le développement des talents en Afrique sont confrontés à plusieurs défis. La fraude sur l’âge reste un problème, entravant l’identification des talents authentiques et leur progression de carrière. L’utilisation par la FIFA de scanners IRM du poignet pour les compétitions U-17 est une mesure d’atténuation.
De plus, des stéréotypes racialisés persistent, les joueurs africains étant souvent perçus à travers le prisme de leurs attributs physiques plutôt que de leurs compétences cognitives ou techniques, ce qui influence le recrutement et peut limiter les opportunités pour certains types de joueurs. Cela peut conduire à un stock de joueurs « monoculturel ». En réponse, la CAF met l’accent sur les programmes de développement des jeunes (par exemple, le Championnat Africain de Football Scolaire, le GIFT U-17 pour les filles) et la professionnalisation du football de club (par exemple, les licences de club pour le football féminin) afin de créer des parcours durables.
L’effet « vitrine » de la CAN est complexe pour le développement du football africain. Bien que la CAN offre une plateforme cruciale aux joueurs pour obtenir des transferts lucratifs vers l’Europe , cet effet contribue à une fuite continue des talents des championnats nationaux africains. Cet exode, bien que bénéfique pour les équipes nationales comptant des joueurs évoluant en Europe, peut affaiblir les ligues locales. Le défi pour la CAF est de trouver un équilibre entre les avantages de l’exposition des joueurs lors de la CAN et les stratégies visant à renforcer les championnats nationaux et à retenir certains des meilleurs talents sur le continent. L’augmentation des dotations pour les compétitions de clubs de la CAF et l’amélioration des infrastructures et de la gouvernance des championnats en font partie, mais l’attrait du football européen reste fort en raison de réalités économiques très différentes. Les stéréotypes signifient également que les clubs européens pourraient rechercher des profils physiques spécifiques, négligeant potentiellement d’autres types de talents que la CAN met par inadvertance en lumière.
C. Impact sur les Championnats Nationaux : Défis et Synergies
L’organisation réussie de la CAN peut laisser un héritage d’amélioration des stades et des infrastructures qui profitent aux championnats nationaux. Le succès de l’équipe nationale peut également stimuler l’intérêt pour le football local. Cependant, les championnats nationaux africains sont confrontés à de nombreux défis : la fuite des talents vers l’Europe affaiblit leur qualité ; l’organisation de grands événements peut détourner des ressources qui pourraient autrement être investies dans leur développement ; de nombreux championnats souffrent d’infrastructures déficientes (stades, terrains, centres d’entraînement) ; l’instabilité financière, la mauvaise gouvernance et la corruption entravent leur progression ; et ils peinent à rivaliser avec les championnats européens en termes d’attention des supporters et de revenus commerciaux.
L’impact de la CAN sur les championnats nationaux est mitigé, comme l’illustrent plusieurs études de cas :
- Égypte : La CAN 2019 a été une tentative de mettre en scène une « nouvelle normalité » post-révolutionnaire, mais l’atmosphère dans les stades a été perçue comme inauthentique par certains, et le football national a été confronté à des restrictions.
- Ghana : L’échec de la qualification pour la CAN 2025 a été considéré comme un « coup dur », certains suggérant que la force de l’équipe nationale reflète la qualité du championnat local. Le débat sur les entraîneurs locaux ou étrangers est également vif. L’impact de la CAN sur la Premier League anglaise montre les absences de joueurs.
- Côte d’Ivoire : La Ligue 1 ivoirienne est un incubateur de talents mais fait face à des obstacles financiers. L’organisation de la CAN 2023 a attiré l’attention mondiale, ce qui pourrait stimuler les investissements.
- Afrique du Sud : Un championnat national solide (PSL) a contribué au succès de l’équipe nationale lors de la CAN 2023, de nombreux joueurs de la sélection évoluant en PSL.
Il existe un paradoxe entre le succès des équipes nationales et la force des championnats nationaux. De nombreuses équipes nationales africaines performantes s’appuient fortement sur des joueurs évoluant en Europe. Bien que cela puisse apporter la gloire à la CAN, cela coïncide souvent avec des championnats nationaux plus faibles en raison de l’exportation des talents. Des pays comme l’Afrique du Sud , avec un championnat national plus fort fournissant des joueurs à l’équipe nationale, présentent un modèle alternatif. Une question stratégique clé pour la CAF et les associations membres est de savoir s’il faut donner la priorité au succès de l’équipe nationale grâce aux joueurs de la diaspora ou se concentrer sur le renforcement des championnats nationaux au point qu’ils puissent soutenir à la fois l’intérêt local et des équipes nationales compétitives. Des initiatives comme le CHAN (Championnat d’Afrique des Nations pour les joueurs des championnats nationaux) ont tenté de répondre à cette question, mais leur impact est débattu. L’argument en faveur de la suppression du CHAN et du réinvestissement dans les compétitions régionales suggère une recherche de modèles plus efficaces.
VI. Engager le Monde : Marque de la CAN, Expérience des Supporters et Portée Mondiale
Pour assurer son avenir et sa croissance, la CAN doit non seulement améliorer son produit sportif mais aussi renforcer sa marque, optimiser l’expérience des supporters et étendre sa portée mondiale. Cela implique des stratégies concertées en matière de diffusion, d’engagement numérique et de valorisation de sa signification culturelle unique.
A. Cultiver l’Audience Mondiale et la Présence Médiatique
L’audience mondiale de la CAN est en nette progression. L’édition 2023 a attiré près de 2 milliards de téléspectateurs à travers le monde , avec des matchs diffusés dans environ 180 pays. Cette augmentation significative témoigne d’un appétit mondial croissant pour le football africain. Cette portée a été rendue possible grâce à des partenariats de diffusion élargis avec des acteurs majeurs comme Sky, Canal+, beIN Sport, la BBC, MultiChoice, ainsi que 45 diffuseurs en clair. L’intérêt médiatique s’est également accru, avec environ 6 000 journalistes accrédités pour la CAN 2023, soit le double de l’édition précédente.
Pour accroître davantage cette visibilité, plusieurs stratégies peuvent être adoptées. Il s’agit notamment de s’associer à des agences de presse reconnues, de localiser les informations pour les marchés cibles, d’utiliser la transcréation (adaptation créative du message) plutôt que la simple traduction, et de nouer des relations solides avec les médias locaux. Les stratégies de marketing numérique, telles que l’optimisation pour les moteurs de recherche (SEO), la publicité Google Ads et le marketing sur les médias sociaux, sont également essentielles.
Un facteur important de cette audience mondiale croissante est la « dividende de la diaspora ». La nombreuse diaspora africaine en Europe, en Amérique du Nord et dans d’autres régions, conjuguée à la présence de stars africaines dans les grands championnats mondiaux , contribue de manière significative à l’audience internationale de la CAN. Ces communautés suivent activement le tournoi, stimulant la demande de diffusion dans leurs pays respectifs. La stratégie médiatique et marketing de la CAF devrait donc cibler spécifiquement les communautés de la diaspora avec un contenu adapté et des partenariats de diffusion. L’utilisation des joueurs vedettes africains évoluant dans les championnats mondiaux pour promouvoir la CAN peut encore amplifier cet effet, transformant les supporters de la diaspora en puissants ambassadeurs de la marque.
B. Améliorer l’Engagement des Supporters : Stratégies Numériques et Expérience dans les Stades
L’engagement numérique a connu une explosion lors de la CAN 2023, avec 2,2 milliards de vues de vidéos sur les plateformes numériques (une augmentation de 657 % par rapport à 2021) et 2,1 milliards d’impressions sur les médias sociaux. Le trafic sur le site web de la CAF a également bondi. Les plateformes comme TikTok, Twitter (maintenant X) et Instagram ont joué un rôle crucial dans cet engagement. Il est donc impératif que toutes les équipes participantes disposent de comptes officiels actifs sur les médias sociaux.
Plusieurs stratégies numériques sont proposées pour renforcer cet engagement : création de ligues de football-fantasy, défis TikTok, campagnes virales, diffusion de résumés de matchs de haute qualité, interviews de joueurs et contenu narratif de type documentaire. L’expérience dans les stades nécessite également une attention particulière. Il est suggéré d’améliorer l’atmosphère, les spectacles de la mi-temps (en faisant appel à des stars comme Burna Boy ou Wizkid), les zones de supporters, ainsi que les installations de commodité (toilettes, distribution de nourriture et de boissons, hygiène) et la connectivité WiFi. La logistique, notamment la gestion des foules, doit être planifiée avec soin. Les opérateurs de télécommunications et les entreprises médiatiques peuvent également tirer parti de la CAN pour fidéliser leur clientèle grâce à des tirages au sort, des programmes de fidélité et la gamification (jeux de sport-fantasy).
Au-delà de la simple mise à niveau aux standards mondiaux, la CAN a une opportunité unique de créer une expérience supporter distinctive qui fusionne technologie moderne et cultures africaines vibrantes (musique, danse, mode). Cette approche « afro-futuriste », intégrant l’innovation numérique à des expressions locales authentiques, pourrait devenir un attrait majeur pour les supporters africains et internationaux, renforçant considérablement l’identité de marque et l’attrait du tournoi.
C. Signification Culturelle de la CAN : Unité Panafricaine et Fierté Nationale
La CAN transcende le simple événement sportif pour devenir une puissante plateforme d’unité nationale, rassemblant des groupes ethniques et culturels divers dans le soutien à leurs équipes. Elle est souvent citée comme un excellent exemple d’unité panafricaine. Le tournoi devient un creuset de langues, de traditions et de coutumes, favorisant la compréhension mutuelle.
La CAN honore le talent africain et projette une image positive du continent à l’échelle mondiale. Des réussites comme la performance de la Mauritanie lors de la CAN 2023 mettent en lumière la profondeur du talent sur le continent. L’ambiance collective et les récits nationaux entourant la CAN reflètent souvent les conditions sociopolitiques plus larges au sein des nations participantes. Un succès peut offrir un répit temporaire face aux problèmes intérieurs ou renforcer le moral national , tandis que les échecs ou les controverses peuvent amplifier les frustrations existantes. Bien que l’objectif principal de la CAF soit le football, la dimension sociopolitique de la CAN est indéniable. Cela confère au tournoi un poids culturel unique, mais signifie également qu’il peut être instrumentalisé dans des discours politiques. La CAF doit naviguer cette réalité avec prudence, en soulignant le pouvoir unificateur du sport tout en maintenant sa neutralité politique.
VII. Vision à Long Terme de la CAF pour la CAN : Stratégie et Gouvernance
L’avenir de la Coupe d’Afrique des Nations est intrinsèquement lié à la vision stratégique et à la gouvernance de la Confédération Africaine de Football. Sous l’impulsion de son leadership actuel, la CAF déploie une stratégie ambitieuse visant à moderniser le football africain, à le rendre compétitif à l’échelle mondiale et à assurer sa pérennité financière, avec la CAN comme pièce maîtresse de ce projet.
A. Analyse du Plan Stratégique de la CAF et Vision du Leadership
La vision du Président Patrice Motsepe pour le football africain est claire : le moderniser, le rendre compétitif mondialement et financièrement autonome. Dans cette optique, la CAN est destinée à devenir la « meilleure célébration du football sur le continent ». La stratégie de la CAF jusqu’en 2026 s’articule autour de plusieurs axes majeurs : investir dans les associations membres et les zones, rehausser le prestige et la compétitivité des compétitions de la CAF (y compris la CAN), et garantir la responsabilité et la transparence. Des agendas missionnaires clés soutiennent cette stratégie, tels que la transition énergétique juste, les écosystèmes stratégiques résilients, les territoires résilients, le bien-être social inclusif, les infrastructures physiques et numériques, et la productivité/internationalisation.
Un accent particulier est mis sur le développement du football féminin et des jeunes. Des investissements significatifs sont dirigés vers la CAN Féminine (WAFCON), la Ligue des Champions Féminine de la CAF et les programmes de football scolaire. Pour soutenir cette croissance et la bonne exécution des tournois, la CAF noue des partenariats stratégiques avec des entités telles que la Commission Européenne et Africa Global Logistics. L’engagement du secteur privé local, illustré par le soutien du Groupe Porteo à la CAN 2023 , est également encouragé.
Cette approche stratégique positionne la CAN non pas comme un tournoi isolé, mais comme un moteur et une vitrine essentiels pour le développement plus large du football africain. L’augmentation des revenus de la CAN est explicitement liée au réinvestissement dans les associations membres, les zones, les jeunes et le football féminin. Le succès de la CAN est donc intrinsèquement lié à la santé globale du football africain. Cette vision intégrée signifie que les améliorations au niveau du football de base, des championnats nationaux et de la gouvernance à travers le continent renforceront à terme la CAN, et vice-versa. Cette vision à long terme vise une croissance durable plutôt que des gains ponctuels liés aux tournois.
B. Gouvernance, Transparence et Collaboration avec les Parties Prenantes
La bonne gouvernance, l’éthique, la transparence et une tolérance zéro envers la corruption sont présentées par le Président Motsepe comme des éléments clés du progrès et des facteurs d’attraction pour les partenaires. Sur le plan financier, les perspectives budgétaires de la CAF soulignent un engagement en faveur d’une utilisation responsable des fonds et d’une ventilation détaillée des prévisions de revenus et de dépenses.
La CAF s’efforce également d’intensifier le dialogue avec ses diverses parties prenantes : les associations membres, les clubs (par exemple, via l’Association des Clubs Africains ), les joueurs (via la FIFPRO ), les ligues et les instances politiques (comme la Commission Européenne ). Ces efforts visent à surmonter les atteintes à la réputation passées, telles que la résiliation du contrat avec Lagardère et le règlement financier qui s’en est suivi.
L’accent constant mis sur les réformes de la gouvernance et la transparence est une réponse directe aux critiques passées et vise à restaurer la confiance des parties prenantes – sponsors, diffuseurs, associations membres et supporters. Une meilleure gouvernance n’est pas seulement un impératif éthique, mais un catalyseur essentiel de la croissance commerciale. Les marques et partenaires mondiaux sont plus enclins à s’associer à une organisation perçue comme transparente et bien gérée. Cette confiance restaurée est fondamentale pour atteindre les objectifs financiers et sportifs ambitieux de la CAF pour la CAN et le football africain en général.
VIII. Tracer l’Avenir : Recommandations Clés pour une CAN Florissante
L’avenir de la Coupe d’Afrique des Nations, bien que prometteur, dépendra de la capacité de la CAF et de ses partenaires à naviguer dans un environnement complexe et à capitaliser sur les opportunités tout en relevant les défis persistants. Les recommandations suivantes visent à fournir une feuille de route pour renforcer la position de la CAN en tant que tournoi continental de premier plan avec un impact mondial croissant. Ces recommandations s’appuient sur l’analyse des tendances actuelles, des stratégies réussies d’autres tournois continentaux et des objectifs stratégiques déclarés de la CAF.
Pour prospérer, la CAN doit définir et promouvoir sa proposition de valeur unique – la passion, le talent brut, la vitalité culturelle et son rôle dans l’identité panafricaine – plutôt que de simplement chercher à reproduire d’autres modèles. Il s’agit de célébrer ses forces uniques tout en s’attaquant stratégiquement à ses faiblesses, afin d’offrir une expérience convaincante et distincte aux joueurs, aux supporters et aux partenaires commerciaux.
Tableau 4 : Résumé des Défis Clés et des Recommandations Stratégiques pour l’Avenir de la CAN
Domaine de Défi | Défi Spécifique (dérivé du rapport) | Recommandation(s) Proposée(s) (synthétisée) |
---|---|---|
Programmation & Congestion du Calendrier | Conflits avec la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA et les calendriers des clubs européens menant à des reports et des tensions. | Rechercher activement un dialogue stratégique avec la FIFA, l’UEFA et l’ECA pour des solutions de calendrier à long terme, incluant potentiellement des fenêtres dédiées ou des compensations pour la libération des joueurs. Envisager une flexibilité continue dans le choix des périodes (hiver/été) en fonction des contraintes mondiales et climatiques, tout en évaluant l’impact d’un cycle quadriennal. |
Bien-être & Disponibilité des Joueurs | Charge de travail excessive pour les joueurs internationaux, risques de blessures accrus, et contraintes logistiques de voyage importantes. | Mettre en œuvre des protocoles de bien-être des joueurs en collaboration avec la FIFPro, incluant des normes minimales de repos et de récupération. Investir dans l’amélioration de la logistique de voyage pour les équipes nationales. Renforcer le « pouvoir des joueurs » en rendant la CAN incontournable pour eux. |
Croissance Commerciale & Perception de Valeur | Écart de revenus significatif par rapport à l’Euro, perception de valeur potentiellement affectée par des instabilités passées. | Poursuivre la professionnalisation de la stratégie commerciale avec des appels d’offres transparents. Diversifier les partenariats avec un mélange de marques mondiales et africaines de premier plan. Investir dans une production médiatique de haute qualité et un storytelling engageant pour améliorer la perception de la marque CAN. |
Infrastructures & Capacité d’Organisation | Disparités infrastructurelles entre les nations, risque d' »éléphants blancs » post-tournoi, complexité des co-organisations. | Mettre en place un soutien échelonné au développement des infrastructures pour les pays hôtes, en mettant l’accent sur la durabilité et l’utilisation communautaire post-CAN. Développer des cadres clairs pour les co-organisations afin de faciliter la coordination et la standardisation. |
Développement des Talents & Championnats Nationaux | Fuite des talents vers l’Europe affaiblissant les ligues locales, défis dans l’identification des talents (fraude sur l’âge, stéréotypes). | Renforcer les investissements dans les championnats nationaux (gouvernance, infrastructures, formation) pour améliorer leur attractivité et leur capacité à retenir les talents. Soutenir les académies de jeunes avec des programmes de détection et de développement des talents éthiques et holistiques. Réévaluer l’impact du CHAN et envisager des alternatives régionales plus efficaces. |
Engagement des Supporters & Image de Marque Mondiale | Nécessité d’améliorer l’expérience des supporters dans les stades et l’engagement numérique pour rivaliser mondialement. Potentiel sous-exploité de la diaspora. | Développer des stratégies d’engagement numérique innovantes ciblant les jeunes et la diaspora (fantasy leagues, contenu interactif). Investir dans une « expérience supporter afro-futuriste » unique, mêlant technologie et cultures africaines [Insight 18]. Promouvoir activement le récit de la CAN comme symbole d’unité panafricaine et de fierté. |
Gouvernance & Transparence | Nécessité de consolider les réformes pour maintenir la confiance des partenaires et des parties prenantes. | Poursuivre et institutionnaliser les réformes de gouvernance, en garantissant la transparence financière et décisionnelle. Renforcer la collaboration avec toutes les parties prenantes, y compris les gouvernements, les clubs, les joueurs et la société civile. |
En conclusion, la Coupe d’Afrique des Nations se trouve à un carrefour passionnant. En adoptant une approche stratégique, proactive et collaborative, la CAF peut non seulement surmonter les défis actuels mais aussi propulser la CAN vers de nouveaux sommets de succès sportif, commercial et culturel, affirmant ainsi sa place comme l’un des joyaux du football mondial.