Dans un entretien exclusif, Africa Top Sports a discuté avec le Superfan sud-africain, Botha Msila. Le supporter le plus populaire de la CAN 2023 a saisi l’opportunité pour lancer un appel à l’Afrique, révélant une astuce pour attirer plus d’investisseurs dans le football africain.
Il sonnait exactement minuit (heure locale), après la petite finale de la CAN 2023, lorsque Botha est descendu dans le hall de l’hôtel Ivoire. Le supporter le plus populaire du tournoi avait un rendez-vous avec notre média, Africa Top Sports. Étant en Côte d’Ivoire pour suivre de près tout ce qui s’est passé dans le pays hôte de la plus prestigieuse des compétitions du continent, nous avions à cœur de rencontrer ce fanatique sud-africain qui a creuvé les écrans durant la compétition remportée par le pays hôte (2-1) contre le Nigéria en finale.
Capture d’écran télé.
Face à celui dont la tête a fait le tour des médias du monde pendant la plus grande partie des matchs de la CAN 2023, notre première question était toute simple. Pourquoi se trouvait-il dans chaque stade possible, même les fois où l’Afrique du Sud n’avait pas de match ? « Mon frère », a-t-il lancé avec un sourire chaleureux pour commencer. « Comme vous pouvez le constater, l’Afrique doit se réunir. Parfois, vous voyez des équipes qui n’ont pas des supporters en nombre pour les soutenir. Nous ne voulons pas voir les sièges vides. »
Botha plaide pour des stades pleins et sait comment y arriver
Botha n’était donc pas en Côte d’Ivoire en tant que Sud-Africain, mais surtout Africain. « Nous soutenons les (autres) supporters. Si votre pays ne joue pas, achetez un ticket, allez au stade pour remplir les sièges vides. Nous ne voulons pas voir les sièges vides. Les gens qui regardent les matchs à la maison veulent voir le stade plein à sa capacité. Si nous avons des gens qui soutiennent le football, nous allons avoir plus de sponsors. Nous allons avoir plus d’investisseurs dans notre football », a développé le superfan.
Alors que plusieurs matchs se sont disputés devant un nombre peu enviable de supporters, Botha sait comment l’Afrique pourrait remédier à cela. « Quand les gens voient des sièges vides, ils diront que les Ivoiriens ne veulent pas de football. Ils détestent le football. Ils n’aiment pas le football. C’est important que, quand votre équipe ne joue pas ou ne se qualifie pas pour un tournoi comme celui d’ici en Côte d’Ivoire, il faut acheter un ticket, aller soutenir une équipe ou un pays qui joue ce jour. Nous allons soutenir tous nos amis ensemble, nous nous comprenons l’un et l’autre, et nous parlons une même langue. Cette langue, c’est l’Afrique où nous, nous réunissons. C’est tout ! », a affirmé l’homme avec un certain engagement.
« Vous avez bien joué ! »
Le pays de Botha, l’Afrique du Sud, a terminé la compétition sur la troisième marche du podium. Les Bafana Bafana ont décroché le bronze face à la RDC aux tirs au but, après un nul vierge au terme des 90 minutes. « Rappelez-vous que nous voulions aller jusqu’à la finale et gagner ce tournoi. Tout le monde voulait gagner le tournoi. L’Égypte ne joue plus dans le tournoi, (pourtant) ils voulaient le gagner. Le Ghana voulait le gagner (aussi), ainsi que le Maroc », s’est-il forcé de noyer son chagrin.
« Mais c’était difficile. Je veux dire à tous mes garçons, vous avez bien joué. Mon coach (Hugo Broos), la stratégie, ce que vous avez planifié pour gagner ce tournoi, n’est pas passé inaperçu. Mais nous disons qu’on ne va pas perdre l’espoir de nos joueurs, de notre coach, de l’équipe technique et de l’office. Mais ce que nous disons, c’est qu’il faut juste réadapter notre équipe. Changer quelques joueurs, apporter du sang neuf qui peut courir pendant 90 minutes », a analysé Botha.
« Il fait extrêmement chaud en Côte d’Ivoire »
Comme l’ont évoqué plusieurs sélectionneurs au cours de la CAN en Côte d’Ivoire, la chaleur dans le pays n’a pas favorisé les joueurs, et ce malgré les deux pauses rafraîchissantes instaurées dans le jeu. « C’était chaud. Il fait extrêmement chaud en Côte d’Ivoire. C’était difficile pour notre équipe, difficile pour nos joueurs. C’était difficile pour eux de courir durant 90 minutes à cause de l’âge. Nous devions les remplacer après chaque seconde mi-temps pour s’adapter au temps. Parce qu’ils peuvent courir, mais ils ne peuvent pas courir pendant 90 minutes », a constaté le superfan sud-africain.
Encore dans une ferveur ramenée du Félicia, où les Bafana Bafana venaient de décrocher les médailles de bronze il y a seulement quelques quarts d’heure, Botha avait aussi un mot à l’endroit de l’équipe et de leur sélectionneur Broos. « Mais je dis à mon équipe, vous avez bien joué. Nous sommes fiers de vous, les Sud-Africains. Et nous disons à tous les Sud-Africains, quand ils reviennent à la maison, allons-y à l’aéroport pour les accueillir. Criez, criez et soutenez-les. On va jouer les éliminatoires, on va jouer la CAN l’année prochaine au Maroc. J’aime l’équipe, j’aime le coach. Faisons mieux l’année prochaine et gagnons ce tournoi pour apporter la coupe à la maison », a-t-il souhaité.
Ce sacre de la Côte d’Ivoire ouvre la porte à la CAN 2025 au Maroc. Pour cette prochaine édition, Botha y voit une logique dans les récents parcours de l’Afrique du Sud dans le tournoi qui les enverrait bientôt sur le toit de l’Afrique. « Nous voulons nous rendre au Maroc. Tout ce que nous voulons, c’est qu’on se qualifie (à la CAN 2025) pour aller au Maroc, jouer bien et compétir. Nous sommes venus, vous vous souvenez, quand nous nous sommes qualifiés en Égypte (CAN 2019), ils nous ont battus en quarts de finale. Ici (à la CAN 2023), ils nous ont battus en demi-finale. Cela signifie que l’année prochaine, nous allons gagner le tournoi et amener le trophée aux Africains du Sud à la maison », a conclu le supporter.
Qui est Botha ?
Capture d’écran télé.
Botha est initialement un fan des clubs sud-africains d’Orlando Pirates et du Bloemfontein Celtic. De là, il s’est fait un nom dans le pays. Grâce à son engagement incroyable et retentissant, il s’est bâti, avec Maman Joy, une solide réputation de Superfans de football.
Botha et Maman Joy sont maintenant soutenus par le Ministère des sports des arts de la culture sud-africain, qui voit en eux un impact positif sur le sport en général. D’ailleurs, ils ont été envoyés à la dernière Coupe du monde de rugby de cette année en France où ils ont encouragé les athlètes sud-africains.
Maman Joy, à elle seule, a participé à trois Coupes du monde de disciplines sportives différentes. Elle est allée à la Coupe du Monde de cricket féminin, à la Coupe du monde masculin au Qatar et à la Coupe du monde féminine de football.
Crédit photo à la Une : Christophe ARCHAMBAULT / AFP.
