Eliminatoires Coupe du Monde 2026 : « Les Comores vont déjouer les pronostics », Saïd Ali Saïd Athouman

Eliminatoires Coupe du Monde 202 : "Les Comores vont déjouer les pronostics", Saïd Ali Saïd Athouman


Le président de la Fédération de Football des Comores, Saïd Ali Saïd Athouman, révèle les ambitions de son pays, après les deux victoires remarquables des Cœlacanthes dans les éliminatoires de la Coupe du Monde 2026 contre le Centrafrique et le Ghana, dans une interview exclusive pour Africa Top Sports.

 

Saïd Ali Saïd Athouman, qui est aussi le vice-président de la COSAFA, nous raconte comment son pays réussi à se forger une réputation de « tueur de géants », jouant les troubles fêtes contre les grandes nations du continent.

 

ATS : Ces dernières années, l’Afrique a été sublimée par l’émergence du football comorien, notamment lors de la CAN2021. Quelle a été la stratégie derrière ces résultats ?

Saïd Ali Saïd Athouman : les Comores sont un État insulaire de moins d’un million d’habitants, qui aiment le football, que ce soient ceux qui y habitent ou ceux de la diaspora. C’est un sport qui est facteur d’unité et capable de donner davantage de visibilité aux Comores. C’est à partir de ce constat que les responsables de la Fédération dirigée à l’époque par Salim Tour, qui ont décidé de conjuguer leurs efforts avec le gouvernement pour développer le football comorien. Nous avons adhéré à la FIFA en 2005, mais la sélection a pris un tournant en 2014 avec l’arrivée de Coach Amir Abdou. Étant conscient du travail à accomplir pour se hisser au plus haut niveau, le comité exécutif lui a donné le temps de travailler dans la sérénité sans lui demander des résultats dans l’immédiat. La stratégie s’était de prendre le temps de progresser en s’appuyant sur les Comoriens de la diaspora.

 

ATS : Quelle place occupe la formation des jeunes dans cette politique sportive des Comores ?

Saïd Ali Saïd Athouman : le problème auquel nous sommes confrontés d’une manière générale, à l’image de nombreux pays africains, c’est le manque de moyens et de partenaires financiers. Les compétitions de catégories jeunes sont financées à cent pour cent par la Fédération et notre projet phare et la construction de la nouvelle académie au standard international pour permettre aux jeunes d’être formé dans les meilleures conditions. Parallèlement, nous avons mis en place une politique de formation des cadres techniques susceptibles de détecter les jeunes talents en contribuant ainsi au développement du football local. L’une des difficultés, bien que la FIFA nous accompagne en termes de financement de nos activités, c’est de mobiliser des fonds pour mettre en place des infrastructures adéquates permettant aux pratiquants du football d’évoluer dans les meilleures conditions.

 

ATS : Le football féminin est sur une trajectoire incroyable sur le continent et les Comores sont toujours très attendues comme d’autres pays d’ailleurs. Où en est le football féminin des Comores ?

Saïd Ali Saïd Athouman : nous avons déjà depuis quelques années un championnat qui est régulier, mais il faut inciter les jeunes filles à pratiquer dès leurs jeunes âges, car nous avons constaté qu’elles commencent tardivement. Il nous faudrait travailler en étroite collaboration avec les écoles primaires et continuer de sensibiliser les Comoriens pour que les filles considèrent le football comme un sport accessible à tout le monde, y compris les jeunes filles. L’autre problème, c’est le manque d’infrastructures dédiées au football féminin. Les stades existants sont occupés le plus souvent par les hommes. En plus, on a ce problème des vestiaires inexistants pour les filles, car il faut aussi tenir compte de cette réalité du football féminin qui demande des conditions d’hygiènes plus adaptées.

 

ATS : Vous venez d’entamer les éliminatoires de la Coupe du Monde par deux victoires à domicile contre la Centrafrique (4-2) et le Ghana (1-0). Quelles sont vos impressions ?

Saïd Ali Saïd Athouman : c’est une grosse satisfaction, cependant, nous restons lucides. Nous savons que les grands favoris de ce groupe sont le Mali et le Ghana, mais nous mettrons tout en œuvre pour rester dans cette dynamique. Je salue le travail effectué par le nouveau coach, Stefano Cusin et son staff, mais aussi tous les joueurs qui ont su se relancer après notre élimination lors des éliminatoires de la CAN2023. Une mention spéciale pour les nouveaux joueurs qui ont su s’intégrer en si peu de temps et dans un période mouvementé de notre histoire.

 

ATS : Au-delà des résultats actuels, quels sont les autres projets ou perspectives de la Fédération ?

Saïd Ali Saïd Athouman : un de nos défis, est de développer le football comorien en ayant des joueurs locaux bien formés capables de rejoindre les meilleures équipes africaines ou européennes et ainsi pouvoir intégrer l’équipe nationale qui est actuellement composée majoritairement de joueurs expatriés. C’est pour cela que nous mettons un accent particulier sur la formation de tous les acteurs du football, plus particulièrement les cadres techniques et les joueurs, et la construction d’infrastructures aux normes requises. Une des missions du coach Stefano est de contribuer à cette politique du développement du football local en consacrant une partie de son temps aux formations des cadres techniques et des joueurs locaux en mettant en place des stages et des programmes de formations adaptés.

 

ATS : Vous avez traversé la pire crise que la Fédération ait connu, notamment la fronde des ‘’cadres’’. Comment vous vous êtes en sortit ?

Saïd Ali Saïd Athouman : c’étaient beaucoup plus des malentendus et des incompréhensions, mais tout est rentré rapidement dans l’ordre. Il s’agit tout simplement que chacun reste à sa place et joue le rôle qui lui est dévolu. En ce qui me concerne, je ne fais jamais d’ingérence dans le fonctionnement direct de la sélection s’agissant du choix du coach. Et, je demande en retour qu’il n’y ait pas d’ingérence dans les prérogatives du comité exécutif.

 

ATS : Que pensez-vous de la communication de la Fédération ?

Saïd Ali Saïd Athouman : elle s’est beaucoup améliorée depuis l’arrivée d’un nouveau chargé de communication, mais il faut se donner comme objectif de toujours faire mieux sachant que le football est devenu une vitrine et une fierté pour les Comoriens.

 

ATS : Contre le Ghana, un incident malheureux en dehors du terrain (Mort d’un jeune homme qui a reçu une balle) est venu ternir la victoire. Que ce que vous pouvez dire par rapport à cette situation ?

Saïd Ali Saïd Athouman : c’est déplorable et ce genre d’évènement ne devrait pas arriver dans un match de football. Le football est défini comme un phénomène social et un pont qui unit la société dans toute sa diversité. Nous tenons à ce sujet à présenter nos condoléances à la famille du disparu et dire que nous nous tenons à leur côté dans ces moments difficiles. Nous espérons que la justice fera son travail et que justice lui sera rendue.

 

ATS : Comment voyez-vous l’avenir des Cœlacanthes dans ces éliminatoires de la Coupe du Monde ?

Saïd Ali Saïd Athouman : comme je l’ai dit, nous restons lucides, car il y a des favoris, mais nous prendrons un malin plaisir à jouer les troubles fêtes et à déjouer les pronostics.

 

ATS : Un mot pour Stefano Cusin, le sélectionneur des Verts ?

Saïd Ali Saïd Athouman : sur le plan humain, c’est une personne attentive et qui est toujours à l’écoute de ses interlocuteurs. En tant que coach, il a une expérience certaine et avérée, il a su donner du poids et de l’envergure aux choix et aux décisions du comité exécutif quant à sa nomination comme nouveau sélectionneur de l’équipe nationale.


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