Interview exclusive avec Pathé Ismaël Ciss « Je reste concentré en club, après si l’équipe nationale vient ça serait le fruit de mon travail en club »

L'équipe de la rédaction d'Africa Top Sports




Il fait partie des révélations africaines de la Liga cette saison. Pathé Ismaël Ciss, est devenu l’une des pièces maîtresses de Rayo Vallecano. Formé à l’académie Diambars, le frère de l’international Saliou Ciss a découvert le monde professionnel en Fuenlabrada au Portugal. Dans cet entretien accordé à Africa Top Sports, le jeune milieu de terrain de l’équipe madrilène de Rayo Vallecano, nous retrace son parcours, dévoile ses ambitions avec son club, non sans oublier de parler de l’équipe nationale du Sénégal où il rêve de jouer un jour.

 

Africa Top Sports : Qui est Pathé Ciss ?

Pathé Ciss : Je me présente, c’est Pathé Ismaël Ciss. Je suis un joueur évoluant au Rayo Vallecano club de la Liga en Espagne. Je suis né le 16 mars 1994 à Dakar.

ATS – Avez vous joué dans le championnat sénégalais ?

PIC- Oui j’ai joué dans le championnat sénégalais. J’ai évolué à l’académie Diambars.

ATS – Pouvez-vous nous expliquer votre premier challenge professionnel au Portugal?

PIC- Mon premier challenge au Portugal je peux dire que je l’ai réussi parce que quand je partais là-bas ce n’était pas pour rester. J’avais des objectifs qui étaient au dessus du championnat portugais. Ma première année là-bas les premiers jours étaient difficiles. Je pense que c’était normal, j’étais dans un pays que je ne connaissais pas et je ne parlais pas la langue. Mais heureusement j’étais parti avec deux amis(Alhasane Sylla et Nestor Mendy) que je salue de passage. On s’entraidait bien, malgré le problème de la langue suis resté attentif et concentré sur le terrain jusqu’au jour où on m’a donné ma chance de jouer. Je l’ai saisi après je ne suis plus ressorti de l’équipe. C’est après cette année, qu’on m’avait prêté à Famalicão un club qui jouait la montée en première division. En arrivant là-bas je m’étais déjà fait un nom du coup suis arrivé et l’entraîneur m’a mis direct dans son onze. Cette année on a réussi à faire monter l’équipe après 25 ans. Moi j’ai été élu meilleur milieu de terrain du championnat et je faisais partie des 11 meilleurs joueurs du championnat. Après il  y avait des clubs qui me voulaient au Portugal mais comme je l’ai dit tantôt j’avais des objectifs au dessus du championnat portugais et j’ai préféré quitter.

ATS – Comment s’est passé le choix de Rayo Vallecano?

PIC- Pour le Rayo, je m’attendais même pas à ce qu’ils s’intéressent à moi parce que j’avais d’autres équipes plus huppées qui me voulaient. Durant la pré-saison, mon agent m’a fait part de l’intérêt du Rayo, je lui ai dit d’accord un de plus. Je suis resté avec le Fuenlabrada pour la préparation jusqu’au jour où l’agent me dit le Rayo est prêt pour payer le transfert je lui ai répondu vas-y on y va avec eux parce que je ne pouvais plus attendre les autres équipes. C’est comme ça que j’ai pris la décision de signer au Rayo Vallecano .

ATS – Qu’est ce que cela vous fait d’être parmi les hommes clé de cette équipe?

PIC- Je peux dire que chacun d’entre nous se sent comme un élément clé parce qu’à chaque fois que l’entraîneur fait appel à toi c’est qu’il sait ce que tu peux apporter à l’équipe. Ici la chance que l’on a tous, c’est qu’on est tous venu de la deuxième division pour jouer en première division. Et on se connaissait avant. Cela a facilité l’intégration et pendant les entraînements, on se donne tous pour être à notre meilleur niveau. Tout cela aussi fait que chacun de nous est devenu un élément clé de l’équipe .

ATS – En signant à Rayo avez-vous pensé réaliser une telle saison ?

PIC- Moi, pour dire vrai je ne suis pas content de la saison que suis en train de faire parce que je me connais, je connais mes qualités et je joue dans le championnat que j’adore le plus. La Liga est un championnat où tu joues au football, tu prends du plaisir et tu le fais avec passion donc avec tout ça je pense que je peux faire plus et beaucoup même. Mais aussi pour une première saison dans le premier, ou le deuxième plus grand championnat du monde, si je devais me noter, je me donnerai une note acceptable. (rires)

ATS – Vous jouez avec Radamel Falcao quelles sont vos relations ?

PIC- Avec Radamel on a de très bonnes relations, il ne se prend pas comme une star, il est humble, ouvert et accessible. Moi souvent on prend la douche ensemble et il me parle beaucoup. Il me dit toujours tu es technique, tu gagnes presque tous tes duels, tu as le physique, la taille qu’il faut pour arriver au sommet, continue à bien t’entraîner. Recevoir ces genres de conseils venant de la part d’une icône du foot mondial, telle que Falcao, me donne plus envie de bien faire et de me fixer encore d’autres défis.

ATS – Qu’est ce que cela vous fait de jouer aux côtés d’un si grand joueur?

PIC- Avant tout je dis que c’est un régal de le voir chaque jour dans notre équipe. Tout joueur rêve, ou rêvait de jouer avec lui dans la même équipe. Avec Radamel j’apprends de jour en jour de son professionnalisme. Il fait tout à la perfection. Avant l’entraînement, durant l’entraînement et après l’entraînement, il s’occupe trop bien de son corps(sa santé). Jouer avec des joueurs comme lui, me motive et j’en profite pour apprendre.

ATS – Quelles sont vos relations avec les sénégalais de la Liga?

PIC- Les Sénégalais qui sont ici je pense qu’ils sont 5 ou 6 et moi 7. Pour dire vrai j’entretiens de très bonnes relations avec Amadou Loum Ndiaye. C’est avec lui que je parle le plus souvent. On se connaissait avant, au Portugal, et parfois on se rencontrait sur le terrain aussi. Il  y a Amath Ndiaye lui aussi, même si on ne se parle pas beaucoup, on garde de bonnes relations. Lui et moi habitions ensemble à la Médina (un quartier  de Dakar). Quand on a joué contre eux (ndlr avec l’équipe d’Amath Ndiaye), on s’était vu. Il y a Youssouf Sabaly, lui aussi je ne le connaissais pas avant. Mais on s’est rencontré et échangé après notre match en championnat et en demi-finale de la coupe du Roi. Après le reste on ne se connaît pas trop bien, ou on n’a pas encore eu l’occasion de se voir.

ATS – Rayo réalise une belle saison depuis son retour en liga quel est votre secret ?

PIC- On ne pensait pas à réaliser une telle saison, mais avec le travail, la confiance et surtout l’humilité qu’on a, nous sommes parvenus à réaliser un parcours honorable. On est une équipe outsider et on doit se donner chacun à 200% pour pouvoir égaler les équipes en haut du tableau comme le (Real, Barça, Atlético, Seville, Betis etc…). Notre seul secret c’est le travail.

ATS – Quels sont vos objectifs (Rayo) pour cette saison et la saison prochaine ?

PIC- Le Rayo n’a pas l’habitude de jouer les compétitions européennes ou de jouer pour gagner le championnat. On est monté cette année et l’objectif était de se maintenir dans l’élite. Je pense que ça sera le même pour l’année prochaine. Après comme toutes autres équipes on peut se permettre de rêver mieux.

ATS – Quelles sont vos ambitions personnelles?

PIC- Comme ambition personnelle, je peux dire rester encore plus d’années dans l’élite du football, Je souhaite jouer pour de grands clubs, gagner des trophées, me faire un nom dans le football en tant que Africain.

ATS – Avec vos belles performances pensez-vous que l’heure de l’équipe nationale a sonné ?

PIC- (Rires). Pour l’équipe nationale vraiment je ne sais pas. Après tout ça dépend de l’entraîneur s’il me connaît ou s’il me suit. Je ne sais pas comment ça marche, quels sont les critères requis pour être sélectionné. Moi je reste concentré en club et faire le travail qu’il faut pour jouer ici . Après si l’équipe nationale vient ça serait le fruit de mon travail en club.

ATS – Vous évoluez à quel poste?

PIC- Moi de base je suis un 8 relayeur. Avant de signer au Portugal c’était à ce poste que je jouais. Une fois là-bas, j’ai commencé à jouer comme numéro 6. Maintenant ici, au Rayo je joue les deux parfois l’entraîneur me fait jouer comme 6 parfois comme 8.

ATS – La forte concurrence ne vous fait-elle pas peur

PIC- La concurrence en équipe nationale tout comme en club ne pourrait me déstabiliser. Je dirai non, parce que je connais mes qualités et j’ai la base.

ATS – Est-ce que vous parlez souvent de l’équipe nationale avec votre frère Saliou Ciss ?

PIC- Avec Saliou non, on ne parle presque jamais de l’équipe de nationale. Mais quand il a un match je l’écris pour lui souhaiter bonne chance. J’en profite pour lui rappeler le plus souvent comment sont les supporters sénégalais et comment je pense qu’il doit jouer chaque match en sélection.

ATS – Qu’est ce que cela vous fait de le voir être l’une des pièces maîtresses de l’équipe nationale alors qu’avant la Can il était toujours critiqué?

PIC- Les critiques ont les vit partout en club tout comme en équipe nationale. En plus de ça tous ceux qui entourent le foot sont des ingrats, les présidents, entraîneurs, supporters, joueurs, le football même il est ingrat. Quand tu joues bien c’est toi le meilleur et quand tu joues mal c’est toi le plus nul. Tu n’auras plus le soutien de personne, mais après c’est à toi le joueur d’être fort mentalement et savoir ce qui t’as emmené jusqu’à ce niveau. Quand tu arrives à un certain stade, il faut savoir se faire des auto-critiques et bien te préparer pour relever les prochains défis. Saliou, sur tous ces points il a été exceptionnel et je pense que c’est pourquoi il a réussi à réaliser ce qu’il fait maintenant. Il le mérite vraiment.

ATS –  Avez-vous joué dans l’une des sélections du Sénégal ?

PIC- Oui j’ai joué avec l’équipe nationale U23 lors des qualifications des Jeux Africains contre le Mali avant de signer au Portugal.

ATS – Êtes-vous entré un jour en contact avec Aliou Cissé ?

PIC- Non, je ne suis jamais entré en contact avec le coach Aliou Cissé .

ATS – Pensez vous à la coupe du monde Qatar 2022?

PIC- La Coupe du monde 2022 pour dire vrai non. Je suis plus concentré sur la fin de la saison et le début de la saison prochaine. Après on verra les résultats que donneront la coupe du monde.

ATS – Comment avez-vous vécu le sacre du Sénégal à la Can?

PIC- Ah ! je l’ai vécu avec beaucoup d’émotions vraiment. J’étais trop content pour eux. A part Saliou qui est mon frère de sang, j’ai des amis en sélection comme Bamba Dieng, Pape Matar Sarr, des frères amis comme Loum Ndiaye, Gana Gueye, Joseph Lopy etc… Ils le méritaient vraiment, et le Sénégal en tant que Nation, les Sénégalais aussi le méritaient. Au passage je renouvelle mes félicitations à tous.

ATS – Quelles sont les chances des équipes africaines qualifiées au mondial?

PIC- Après tout c’est le football tout peut se passer. Il faut juste bien saisir les chances qui se présenteront pour chaque match. Il faut aussi travailler beaucoup pour pouvoir espérer un bon résultat.

ATS – Le Sénégal peut-il créer la surprise au mondial?

PIC- Bien sûr ! Pourquoi pas, on n’est plus une petite nation de foot. Avec l’équipe qu’on a, presque tous nos joueurs jouent dans les plus grands championnats et les plus grandes équipes européennes. On a l’un des meilleurs joueurs du monde actuellement en l’occurrence Sadio Mané. Une fois au Qatar il faut juste avoir le courage, l’envie, la rage de gagner. Il faut aussi savoir que la coupe du monde n’est pas n’importe quelle compétition. Il faut qu’on joue sans complexe face aux autres équipes, même s’ils ont des joueurs de classe mondiale. On doit mettre toutes les chances de notre côté et surtout savoir profiter des opportunités pour marquer des points.

ATS – Pour vous les pays africains iront jusqu’à quel niveau de la compétition ?

PIC- Je ne sais pas pour les autres équipes, mais le Sénégal peut aller loin. Je pense que si tout le monde se mobilise derrière l’équipe, les joueurs sauront ce qu’ils doivent faire. Je pense qu’on peut atteindre les demi-finales. Une fois à ce stade, ça sera autre chose.

ATS – Quel est votre club de rêve ?

PIC- Mon club de rêve est Manchester City

ATS – Votre dernier mot?

PIC- Je remercie tous les Sénégalais qui me suivent de partout et qui m’encouragent aussi.

 


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