C’est Fifa.com qui raconte l’histoire. Quelle histoire ? Celle d’un jeune Américain devenu footballeur professionnel en Afghanistan, une ancienne république soviétique aujourd’hui considérée comme l’une des destinations les plus dangereuses au monde.
Il s’appelle Nick Pugliese. Employé dans une grande entreprise de télécommunications à Kaboul, Nick devait choisir son emploi et son talent : celui de footballeur. « Le cœur a dit oui tout de suite mais la tête, elle, a eu besoin d’un peu plus temps« , raconte l’Américain de 25 ans originaire de Rochester, dans l’état de New York. « La perspective de passer professionnel était très attirante, mais je me demandais si je n’étais pas en train de faire une grosse erreur. » Au final, il n’a pas pu résister. « Une telle occasion risquait de ne jamais se représenter« , observe Pugliese.
300 dollars par mois au Ferozi FC
L’aregent ? Ce n’est pas le problème de Nick. Ainsi s’est-il engagé au Ferozi FC, un club de Premier League de Kaboul. Ce premier contrat lui a permis de toucher 300 dollars par mois, mais l’essentiel était bien évidemment ailleurs. « Mon travail de bureau était intéressant, mais nous étions confinés dans un bunker« , précise-t-il, visiblement déçu de vivre loin de la capitale et de ses habitants. Pugliese l’avoue bien volontiers, s’il a choisi de partir à Kaboul après avoir passé un diplôme de philosophie et de sciences politiques dans une grande université du Massachusetts, c’est aussi et surtout pour avoir l’occasion de se confronter à une autre culture.
Une intégration difficile et risquée
L’histoire de Nick Pugliese serait peut-être passée inaperçue si elle ne s’était pas déroulée dans un pays appelé Afghanistan. En fait, son passé de milieu de terrain défensif s’est révélé précieux dans cette entreprise. « Je me levais, je mangeais et je dormais sur place. Il y avait une cour, une cuisine et une salle de sport. Nous bénéficiions d’un certain confort, mais il n’était pas question de sortir« , explique-t-il lorsqu’on l’interroge sur les conditions de vie des travailleurs étrangers à Kaboul. Il faut dire que, depuis trois décennies, le pays n’a pas eu beaucoup de répit. Les forces internationales sont présentes en Afghanistan depuis 13 ans.
« Nous ne pouvions visiter que certains sites et un couvre-feu avait été mis en place. On ne pouvait ni se promener, ni se rendre sur le marché« , regrette Pugliese, avant d’ajouter : « On ne pouvait même pas jouer au football« . Avec le concours de quelques collègues, Pugliese a tout de même réussi à s’adonner à sa passion. « Techniquement, il y avait un peu de tout. Mais au moins, ça me donnait l’occasion de jouer. »
Il n’a pas tardé à repérer un jeune Afghan qui se distinguait au milieu de ses coéquipiers. Les deux se sont rapidement trouvés, comme tous les bons joueurs. Le jeune homme occupait un poste relativement modeste au sein de l’entreprise, mais il évoluait parallèlement au sein du Ferozi FC. Contacté pour un essai, Pugliese a été invité à devenir le premier Américain à accéder au statut de footballeur professionnel en Afghanistan. Malheureusement, les installations du club se situaient au-delà du périmètre de sécurité. Ses supérieurs lui ont alors posé un ultimatum : c’était l’entreprise ou le football.
Pugliese fait son choix
Ses supérieurs lui intiment l’ordre de choisir entre son emploi et sa passion. Il ne manquait plus que ça ! Pour toute réponse, Nick se libère de ses obligations. Il se retrouvé livre à lui-même dans une ville où les attentats sont monnaie courante. Informée, sa mère le traite de fou. Mais en l’espace d’une journée, la vie du jeune homme avait changé du tout au tout. Sa relation avec Kaboul et l’Afghanistan a soudain pris un tour beaucoup plus intime grâce au football.
Commence alors une intégration extraordinaire. Nick apprend le dari (langue locale), va vivre dans les locaux du club en compagnie de ses coéquipiers, dont certains portaient les couleurs de l’équipe nationale. Il passait ses journées dans un parc, à pratiquer le futsal avec de parfaits inconnus. « Ça les faisait beaucoup rire. Je parlais comme un idiot, mais le fait de regarder des matches de Liga ou de Premier League ensemble nous a permis de bâtir une vraie relation« , raconte Pugliese, qui a fini par faire partie des habitués du parc, où les autres visiteurs l’ont accepté, au sens le plus profond du terme.
Les exploits sous le maillot de Ferozi se font vite remarquer. Ses qualités n’ont pas tardé à éclipser sa nationalité. Sous son impulsion, Ferozi a remporté la Coupe de Kaboul au stade Ghazi, là même où les Talibans organisaient leurs tristement célèbres exécutions publiques.
Il conclut que le football brise les barrières et unit les peuples
Grâce au football, Nick Pugliese est un homme en Afghanistan, monde qui lui serait fermé sans le cuir rond. Il en conclut : « J’étais loin de ma famille et je n’avais personne pour me soutenir. Mes coéquipiers et les entraîneurs ont comblé ce vide. Cette ville est devenu mon second foyer » « C’est un sport qui rassemble des individus issus d’horizons très divers, des gens qui n’auraient sans doute pas eu l’occasion de se croiser autrement. Le football gomme les différences sociales, ethniques… Mon histoire constitue un exemple particulièrement frappant« , poursuit l’ancien expatrié, de retour à New York.
Même s’il affirme qu’il ne retournera pas en Afghanistan, Nick Pugliese travaille actuellement sur un documentaire consacré au football de rue ce pays.