La Chronique de Yves de Fréau : Le football de la RDC, sous hibernation



La saison en cours sur le continent est loin de sourire au football de la République Démocratique du Congo (RDC). Son équipe nationale, les Léopards, éliminée de la CAN 2022 et ses clubs, l’AS Vita et le Tout-Puissant Mazembe, sortis lors de la phase de groupes de la Ligue des champions. Une situation, invivable et par-dessus-tout insoutenable pour ces fières populations congolaises ! La nostalgie du glorieux passé, devient alors une cruelle maladie, qui s’étend sur cette grande superficie congolaise de 2,345 millions km².

D’abord, il eut cette rencontre de ce fameux mois de mars, de la 5e journée des éliminatoires de la CAN Cameroun 2022, à l’issue de laquelle, les Léopards de la RDC, s’inclinent 0-3 devant les Panthères du Gabon, et qui les voit éliminés. Ensuite, et cette fois au mois d’avril 2021, ce sont les deux clubs congolais, l’AS Vita Club et le Tout-Puissant Mazembe, qui s’arrêtent bien avant la fin de la phase de groupes en Ligue des champions africaine. Seulement, et pour quitter la compétition avec honneur, c’est par des succès que l’une et l’autre ont achevé cette phase. Même s’ils étaient effacés du tableau depuis la 5e journée…

L’orgueil et la fierté congolais, tout en incitant le TP Mazembe de Lubumbashi, à triompher chez lui (2-1) d’Al Hilal Omdurman du Soudan, le 9 avril 2021, ont aussi fait relever la tête à l’AS V Club devant El Merreikh (3-1), au Stade des Martyrs de Kinshasa. Des victoires pour l’honneur évidemment, mais qui sont venues renforcer quelques certitudes qui font croire que la RDC, est tombée mais ne restera pas longtemps étendue au sol. Etant donné surtout que là-bas, on est en pleine recherche déjà des recettes pour endiguer le mal.En premier, un appel à candidature lancé par la Fédération Congolaise de Football Association (FECOFA), en vue de trouver un sélectionneur chevronné aux Léopards, et en second, une réaction de l’expérimenté Florent Ibengue, pour diagnostiquer le mal soudain du football congolais. Et quand le second volet du travail vient d’un coach de club, qui a été aussi sélectionneur de ce pays, l’ordonnance prescrite ne pouvait être que salvatrice.

Un problème de capacités financières au niveau des clubs congolais vis-à-vis des autres…

Pour ce technicien rompu à la tache et bien connu du continent, la période difficile que traversent les clubs congolais, est due en partie, à leurs capacités financières en ces temps de crise sanitaire : « Vous voyez maintenant que le football va avec de l’argent. Je pense qu’en ce moment, les équipes tanzaniennes ont plus d’argent que les équipes congolaises. Elles peuvent donc se permettre d’avoir de meilleurs joueurs que nos joueurs à Kinshasa ». Un club congolais (AS Vita), rappelons-le, venait de s’incliner sur un lourd score (1-4), à Der-Es-Salam devant son homologue tanzanien, au même moment qu’un autre (TP Mazembe), représentant lui-aussi du pays d’Antoine Félix Tsisékédi, vivait la même désillusion (0-2), aux détriments d’un représentant algérien, Belouizdad, dans la même compétition. Un constat de départ des meilleurs éléments, animant les championnats congolais en tant qu’autochtones, est alors si évident qu’on ne pouvait se permettre de banaliser cette analyse. Et lorsque les clubs sont mis en échec, le rejaillissement sur l’équipe nationale n’est qu’épatant !

Du coup les Léopards de la RDC, casés dans une modeste poule des éliminatoires de la CAN, constituée de trois autres adversaires, aussi innocents qu’inoffensifs à l’instar du Gabon, de la Gambie et de l’Angola, n’en ont pas pu s’extirper. Se faisant humiliés lors  de l’avant dernière journée des éliminatoires de la CAN 2022, (0-3), par leurs jeunes frères gabonais, les Panthères, et chose de surcroit inédite, offrant leur première qualification pour la phase finale aux Scorpions de la Gambie, qui n’en reviennent toujours pas…  Et qui refusent de réaliser qu’en leur faveur, le soleil a véritablement disparu du ciel du football congolais. Ô, qu’ils sont loin et pourtant si proches, ces temps de gloire lointains et si récents à la fois, de ce Zaïre ou de ce Congo-là, qui rendaient si fiers, les hommes, femmes et enfants de cette gigantesque Nation de football !

En clair, il suffit de ressasser toutes ces choses, pour se dire que ce Congo, ne tardera pas à se relever. Il n’est qu’en période d’hibernation et saura très vite se tenir debout. Car aucun pays ne peut remporter deux trophées continentaux (1968 et 1974), et se distinguer par plusieurs sacres au niveau des clubs (6 en Coupe des champions), puis, classer ses deux principales formations, parmi les 20 meilleures du continent au cours du 20e siècle, et se permettre au final de disjoncter définitivement. Surtout, et tant qu’il ne s’agit que d’un problème plus d’argent que d’organisation, comme le clame le bien aimé Florent Ibengue : « Pour le moment, nous avons ce problème, nous avons moins d’argent que la Tanzanie et d’autres équipes en Afrique, donc nos équipes souffrent pour obtenir de bons résultats à cause de cela ». Tout va sans doute rentrer dans quelques années dans l’ordre, et l’Afrique retrouvera la brillance du cher Congo, dont le football ne s’est éclipsé -on le pense- que le temps d’une saison, en temps de Covid-19.

 

 

 


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